RÉNOVATION DU QUARTIER DE LA PAILLADE
À MONTPELLIER
Mme la présidente. La
parole est à M. Jacques Domergue, pour exposer sa question n° 643,
relative à la rénovation du quartier de La Paillade à Montpellier.
M. Jacques Domergue.
Ma question s'adresse à M. le ministre délégué à la ville et à la
rénovation urbaine. Elle concerne les opérations de rénovation urbaine dans la
ville de Montpellier, notamment dans le quartier de La Paillade, dont je suis
l'élu.
Monsieur le ministre, la
loi d'orientation et de programmation pour la ville du 1er août 2003,
très attendue par nos concitoyens, est une loi ambitieuse qui vise à réduire les
inégalités économiques, sociales et territoriales qui touchent les quelque six
millions d'habitants vivant dans les quartiers devenus prioritaires dans le
cadre de la politique de la ville.
Elle comprend, à cet effet, un
important volet national de rénovation urbaine programmé de 2004
à 2008, donnant de nouvelles responsabilités aux maires face à la
dégradation d'immeubles d'habitation ou de copropriété et consacrant la création
de l'ANRU - Agence nationale de rénovation urbaine -, véritable guichet unique
destiné à financer les opérations de démolition, de reconstruction et de
réhabilitation des quartiers en difficulté des zones urbaines sensibles.
Vous avez ainsi débloqué des moyens
budgétaires considérables, puisque l'ANRU va bénéficier d'un budget de
6 milliards d'euros sur cinq ans.
Dans notre région, le
Languedoc-Roussillon, des travaux de rénovation sont prévus ou ont été réalisés
dans des quartiers sensibles tels que le Haut-Vernet à Perpignan, La Devèze à
Béziers, Moncalm à Avignon ou le Val de Gourd, à Nîmes, mais rien à La Paillade.
Or les récents événements tragiques qui s'y sont produits - saccages d'écoles,
incendies de lieux de culte - montrent à quel point ce quartier est fragile et
sensible.
Monsieur le ministre,
ma question est simple : pourquoi aucune demande de crédits spécifique
n'a-t-elle encore été présentée par le maire de Montpellier ? On a l'impression
d'assister à la ghettoïsation programmée de ce quartier, avec prise en otage des
personnes qui y vivent dans la plus grande précarité.
Mme la
présidente. La parole est à M. le ministre délégué à la ville et à
la rénovation urbaine.
M. Jean-Louis Borloo, ministre délégué à la ville et à la rénovation
urbaine. Monsieur le député, il n'a malheureusement échappé à personne que,
depuis quelque temps, le quartier de La Paillade souffre à nouveau. Ce n'est pas
le retour à la dénomination de « La Mosson » qui pourra changer cette
réalité.
Pourtant, le
gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a décidé de « mettre le paquet » pour
casser les ghettos, ce qui nécessite à la fois de l'urbain et de l'humain, de
soutenir les populations, de stimuler l'activité économique par la création de
zones franches. Il souhaite tendre la main à nos concitoyens, leur rendre le
respect qui leur est dû en leur offrant un habitat digne d'un pays moderne.
Partout en France, ce changement de
rythme - il a sans doute été multiplié par vingt ou trente - a été perçu. De
nombreuses villes, y compris de taille moyenne, ont monté des dossiers globaux
de rénovation urbaine de très grande qualité, d'ailleurs. L'agence nationale de
rénovation urbaine, que vous évoquiez, n'a guère eu besoin de prêcher la bonne
parole, car la mobilisation est nationale.
Malheureusement, quelques villes,
dont certaines grandes, puissantes, dotées de services d'ingénierie conséquents,
qui travaillent, probablement, ne prennent pas part à ce mouvement. Non pas
qu'elles ne fassent rien, mais on n'a pas le sentiment qu'elles aient perçu le
changement de braquet. C'est le cas de La Paillade ou La Mosson - comme on
voudra -, où seules des demandes ponctuelles, 5,4 millions d'euros
en 2004, ont été formulées. Or la rénovation urbaine, la reconquête de nos
quartiers supposent la transparence et la solidarité de tous les partenaires.
Il n'y a pas de place pour les
fiefs. Rien ne se fera si la ville, le département, l'agglomération, la région,
les différents bailleurs sociaux ne se concertent pas, sans arrière-pensées.
De plus, l'intervention de l'Etat
et de l'agence doivent être accompagnées par un effort accru des services de la
ville, notamment en ce qui concerne les services publics, les travailleurs
sociaux, le soutien à la scolarisation et la lutte contre la déscolarisation.
Monsieur le député, vous pouvez
dire à la mairie de Montpellier et à ses partenaires que nous sommes à leurs
côtés. Nous attendons qu'ils viennent nous présenter le programme global que
nous soutiendrons, comme nous l'avons fait pour les autres villes et quartiers
que vous avez cités tout à l'heure.
Un peu de coordination entre nous
est nécessaire, je crois. Le quartier de La Paillade - j'ai du mal à l'appeler
autrement, ne m'en veuillez pas - est très attachant et je sais que vous y êtes
particulièrement attaché. S'il est un peu excentré, il doit être au centre des
préoccupations du député que vous êtes et du maire de Montpellier.
Mme la
présidente. La parole est à M. Jacques Domergue.
M.
Jacques Domergue. Monsieur le ministre, j'espère que votre message sera
entendu. Pour ma part, j'ai du mal à me faire entendre. Il est certain qu'un
député sans exécutif a peu de moyens. Je déplore que les habitants de ce
quartier soient pris en otage et soient victimes de ce que vous appeliez la
création de fiefs. Le quartier de La Paillade est en train de se ghettoïser peu
à peu, de manière apparemment voulue.