FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 65199  de  M.   Le Déaut Jean-Yves ( Socialiste - Meurthe-et-Moselle ) QE
Ministère interrogé :  fonction publique
Ministère attributaire :  fonction publique
Question publiée au JO le :  17/05/2005  page :  4930
Réponse publiée au JO le :  19/07/2005  page :  7159
Date de changement d'attribution :  02/06/2005
Rubrique :  retraites : fonctionnaires civils et militaires
Tête d'analyse :  âge de la retraite
Analyse :  parents ayant élevé trois enfants. retraite anticipée
Texte de la QUESTION : M. Jean-Yves Le Déaut appelle l'attention de M. le ministre de la fonction publique et de la réforme de l'État sur l'amendement adopté par le Sénat le 30 décembre dernier dans le débat sur la loi de finances rectificative pour 2004, concernant le départ en retraite des fonctionnaires parents de trois enfants. En effet, le droit à la liquidation de la pension de retraite avant soixante ans et après quinze ans de service est désormais lié à la « condition d'une interruption de l'activité pour chacun des enfants ». L'amendement adopté écarte de toute évidence les pères de famille qui ne peuvent pas, pour la plupart des cas, justifier d'un congé pour leurs enfants. Cependant, l'adoption de cet amendement risque de se traduire par une régression de situation pour de nombreuses femmes, car la nouvelle règle privera du droit mentionné au-dessus, et acquis en 1924, des milliers de mères qui ont eu leurs enfants alors qu'elles ne travaillaient pas ou pas encore. Les annonces étant publiquement faites sur le « maintien à 100 % des droits acquis par les mères », il lui demande de mieux préciser l'orientation qui sera donnée au futur décret, dont la parution est attendue par nos concitoyennes avec beaucoup d'espoir.
Texte de la REPONSE : Depuis 1924, le code des pensions civiles et militaires prévoyait qu'une femme fonctionnaire, mère de trois enfants, peut prendre sa retraite après quinze ans de service avec jouissance immédiate. Ce dispositif n'était pas conforme au droit européen applicable en matière d'égalité entre les hommes et les femmes. Il a suscité de nombreux recours devant les juges administratifs. Il n'était pas possible de continuer à demander aux tribunaux de dire le droit à la place du législateur. Lors de l'examen au Sénat du projet de loi de finances rectificative pour 2004, le sénateur Leclerc a déposé un amendement visant à rendre le droit français compatible avec les règles communautaires. Il a, en effet, proposé d'aménager le dispositif législatif de la façon suivante : le droit au départ anticipé sera désormais ouvert aux hommes fonctionnaires, pères de trois enfants, dans les mêmes conditions que pour les femmes. Pour pouvoir prétendre à ce droit, les hommes comme les femmes, devront avoir temporairement renoncé à leur activité professionnelle afin de s'occuper de leurs enfants au moment de leur naissance ou de leur adoption. La durée et les modalités de l'interruption d'activité nécessaire pour obtenir le bénéfice de la mesure seront fixées par décret. Le Sénat a adopté cet amendement à l'unanimité. Le Gouvernement a aussi soutenu cette initiative parlementaire pour deux raisons essentielles. D'abord, elle permet de mettre le code des pensions civiles et militaires de retraite en conformité avec le droit communautaire et de mettre ainsi fin aux nombreux contentieux qui encombrent aujourd'hui les juridictions administratives. Ensuite, le décret d'application de cet amendement permettra de construire un dispositif qui ne porte pas préjudice aux droits acquis des mères de famille. En effet, l'intention du Gouvernement est que le nouveau dispositif n'exclut pas les femmes pouvant prétendre aujourd'hui au départ anticipé. C'est ainsi, par exemple, que seront prises en compte les périodes d'interruption d'activité dans la fonction publique et en dehors de celle-ci. De même, afin de ne pas exclure les femmes ayant eu un ou plusieurs enfants avant le début de leur activité professionnelle, l'amendement du sénateur Leclerc prévoit d'assimiler à une interruption d'activité les périodes d'absence d'activité professionnelle, notamment les années d'études. Cette réforme, essentielle pour clarifier notre droit national conformément aux engagements que nous avons pris devant nos partenaires européens en matière d'égalité homme-femme, se fera ainsi sans remettre en cause les droits acquis. Le décret d'application, qui a été soumis à la concertation avec les organisations syndicales, a été publié le 11 mai 2005 (décret n° 2005-449 du 10 mai 2005).
SOC 12 REP_PUB Lorraine O