CONSÉQUENCES DU PROJET
DE TRAITEMENT DES DÉCHETS
À DENAIN
DANS LE NORD
M. le président. La
parole est à M. Patrick Roy, pour exposer sa question, n° 654, relative aux
conséquences du projet de traitement des déchets à Denain dans le Nord.
M. Patrick Roy.
Permettez-moi, d'abord, de vous féliciter, monsieur le ministre de
l'écologie et du développement durable, pour votre nomination au Gouvernement et
de vous souhaiter, même si je suis un député déterminé de l'opposition, plein
succès dans ce ministère si important pour l'avenir de tous et, en particulier,
de nos enfants.
J'appelle
aujourd'hui votre attention sur les inquiétudes - que je partage
pleinement - des habitants d'un quartier de la ville de Denain, dans le
Nord.
Le bien nommé quartier de
la Bellevue doit en effet faire face à une pléthore de projets susceptibles de
porter préjudice au bien-être de ses habitants et de remettre en cause, de
manière irréversible, l'équilibre environnement de ce site. En effet, en
quelques mois, les Denaisiens ont été abasourdis par l'annonce de l'installation
d'une déchetterie dans ce quartier, de l'exploitation d'un centre de tri et
d'enfouissement de déchets et de la délocalisation, sans création d'emplois,
d'une usine de traitement thermique. Les habitants représentant près de
800 familles s'organisent en comités et les élus locaux se mobilisent.
Si le projet de déchetterie est,
pour l'instant, gelé, d'autres angoisses demeurent.
Premièrement, si le projet
d'exploitation d'un centre de tri et d'enfouissement de déchets sur le site que
nous appelons la carrière Air liquide devait aboutir, il générerait d'une
manière certaine une intense pollution d'activité - rotations de camions,
bruit, poussière - une dévaluation du patrimoine mobilier et, à terme, la
disparition totale de ce remarquable site écologique. Contrairement à des
travaux d'investissement où les riverains souffrent de nuisances pour, au final,
avoir mieux, les habitants du quartier de la Bellevue vont souffrir des années
durant pour, finalement, voir disparaître complètement un magnifique site.
Les services de l'Etat ont engagé
des études dont les préconisations et les conclusions sont destinées à nous
rassurer. D'aucuns pensent, au contraire, qu'elles n'ont d'autre but que de nous
endormir. Force est en tout cas de constater que les préoccupations écologiques
ne pèsent pas face aux intérêts économiques. Le détail des analyses effectuées
n'est pas porté à notre connaissance, les carottages du projet sur le site n'ont
apparemment pas eu lieu et l'évaluation objective de toutes les conséquences sur
la vie quotidienne des habitants est occultée.
Le second sujet très sensible est
la délocalisation d'une usine de traitement thermique. Les arguments avancés par
les riverains rassemblés en comités méritent d'être écoutés : leurs inquiétudes
sur les pollutions atmosphériques et la santé sont légitimes. Ils en appellent,
là aussi, à la raison et à la sagesse.
Je vous demande d'intervenir,
monsieur le ministre, afin de faire prévaloir aujourd'hui le principe de
précaution au nom de la santé des enfants du quartier et du bien-être des
familles, d'autant que des solutions alternatives pourraient être avancées par
les comités d'habitants et étudiées par les services compétents. Je vous demande
donc de geler ces dossiers le temps d'étudier ces propositions, d'autant que
votre arrivée toute récente à la tête de ce ministère vous permet - c'est
l'espoir que nous mettons en vous - d'avoir un oeil neuf et objectif. Par
le gel de ces dossiers, je vous demande de défendre la vocation naturelle du
site de la Bellevue à Denain et de prendre en compte durablement les
préoccupations légitimes de ses habitants.
M. le président. La
parole est à M. le ministre de l'écologie et du développement durable.
M. Serge Lepeltier, ministre de l'écologie et du développement
durable. Monsieur le député, vous m'avez signalé l'inquiétude des habitants
d'un quartier de la ville de Denain concernés par un grand nombre
d'installations à proximité : déchetterie, centre de tri et d'enfouissement,
traitement thermique des métaux.
Un industriel a effectivement été
autorisé à exploiter un centre de tri et de stockage de déchets du bâtiment et
des travaux publics afin de combler une ancienne carrière utilisée comme dépôt
de lait de chaux. Par ailleurs, plus récemment, un projet de traitement
thermique de métaux a également été autorisé.
Pour ce qui est de la création
d'une déchetterie, aucun dossier de demande d'autorisation n'a, pour l'instant,
été déposé auprès du préfet.
Plus précisément, le site de
stockage de déchets du bâtiment et des travaux publics n'a été autorisé qu'après
différentes études, que vous avez évoquées.
Les autorisations ayant été
délivrées, il n'est possible de suspendre l'exploitation qu'en cas d'infraction
et si l'exploitant, mis en demeure d'y remédier, ne réagit pas. Ces conditions
ne sont pas remplies aujourd'hui. Il n'est donc pas envisageable de procéder au
gel que vous demandez.
J'ai bien
noté, cependant, votre inquiétude et celle des riverains de ces installations.
Je demanderai au préfet de faire preuve de vigilance quant aux impacts que
pourraient avoir ces projets et de m'en rendre compte éventuellement.
M. le président. La
parole est à M. Patrick Roy.
M. Patrick Roy. Les
arrêtés ont, certes, été promulgués, mais les habitants, constitués en comités
très sérieux, sont inquiets, pour des raisons fortes. Leurs arguments
techniques, qui reposent sur leurs propres études et analyses, me semblent
parfaitement recevables.
Je
comprends qu'il ne vous soit pas possible de connaître dès votre arrivée au
ministère tous les dossiers en cours, mais je vous demande d'accorder à celui-ci
la plus grande attention. Les arguments avancés méritent d'être entendus, pour
que l'on puisse trouver une réponse équilibrée et rassurer pleinement tous les
habitants du quartier. Nous comptons sur vous pour que ce dossier continue
d'être suivi de très près au plus haut niveau.