CONSÉQUENCES
POUR
LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
DE LA RÉFORME DU CODE
DES MARCHÉS PUBLICS
M. le président.
La parole est à M. Stéphane Demilly, pour exposer sa
question, n° 659, relative aux conséquences pour les collectivités territoriales
de la réforme du code des marchés publics.
M. Stéphane Demilly.
Monsieur le ministre délégué aux petites et moyennes entreprises, c'est
en tant que député, mais aussi en tant que maire d'une petite ville picarde
depuis quinze ans, que je souhaite évoquer la question de certaines
conséquences, pour les collectivités locales et territoriales, du nouveau code
des marchés publics, entré en vigueur le 10 janvier 2004.
Les nouvelles dispositions
permettent aux acheteurs publics d'acheter vite et mieux en toute responsabilité
pour les procédures dépassant 90 000 euros, tout en respectant la liberté
d'accès à la commande publique. C'est une bonne chose.
Toutefois, pour les commandes de
faible montant, qui correspondent au fonctionnement quotidien des collectivités,
obligation est désormais faite de procéder au préalable à « une publicité
suffisante permettant une concurrence effective », ce qui pose dans la pratique
de réels problèmes d'organisation, notamment dans les petites et les moyennes
communes.
Même si des exceptions
sont prévues pour les marchés dits « de très faible montant », dont la
définition varie d'ailleurs selon la taille de la collectivité, force est de
constater que les structures à mettre en place pour respecter strictement cette
nouvelle obligation auront une incidence non négligeable en termes de coût,
parfois même supérieure à l'avantage retiré d'une mise en concurrence. Je pense
en particulier aux frais de personnel, de publication et de traçabilité de toute
commande depuis le premier euro, notamment dans les petites communes où le
maire n'est souvent assisté que d'un ou d'une secrétaire de mairie, parfois à
temps partiel.
Par ailleurs, des
fournisseurs risquent de ne plus répondre pour les petits marchés, du fait de la
lourdeur administrative des procédures, sans parler de la difficulté à répondre
dans l'urgence à certaines interventions si des procédures administratives
préalables sont nécessaires.
C'est pourquoi, monsieur le
ministre, afin de rectifier certains inconvénients d'une réforme par ailleurs
fort louable, je souhaiterais savoir s'il est envisageable, pour les commandes
de faible montant, de donner aux acheteurs publics un cadre légal offrant
davantage de simplicité et surtout de réactivité.
M. le
président. La parole est à M. le ministre délégué aux petites et
moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat, aux professions libérales et à
la consommation.
M. Christian Jacob, ministre délégué aux petites et moyennes
entreprises, au commerce, à l'artisanat, aux professions libérales et à la
consommation. Monsieur le député, je vous prie de bien vouloir excuser
M. Nicolas Sarkozy, qui m'a chargé de vous livrer les éléments de réponse
suivants.
L'article 1er du
nouveau code des marchés publics, entré en vigueur le 10 janvier 2004,
repose sur un principe de publicité préalable et de mise en concurrence pour
tous les marchés, conformément aux exigences communautaires. Il a également
introduit le concept de procédure adaptée pour les marchés inférieurs à 90 000
euros. Ce concept laisse à chaque acheteur une grande liberté d'appréciation
dans le choix de ses procédures et de sa publicité, dès lors qu'il pourra
justifier à tout moment de la qualité de son achat et de la transparence de son
choix.
Le but de la nouvelle
réglementation et de trouver une juste mesure entre l'efficacité de l'achat, qui
suppose un minimum de mise en concurrence et l'équilibre économique général de
l'opération.
Il ne faut
certainement pas que l'investissement consacré à la mise en concurrence
constitue un élément excessif de surcoût, comme vous l'avez évoqué à l'instant.
C'est pourquoi le mode de publicité retenu doit être adapté au secteur concerné,
à l'objet du marché et au montant de celui-ci.
Lorsque la publication d'une
annonce détaillée dans la presse écrite apparaît trop coûteuse au regard du
montant de l'achat, il existe d'autres solutions. On peut, par exemple,
envisager une communication sommaire dans la presse, renvoyant, pour les
détails, au site Internet de l'acheteur ; ou utiliser le bulletin municipal ; ou
encore prévoir un affichage en mairie.
Pour les achats d'un faible
montant, l'obligation de publicité n'implique pas forcément publication. Dans ce
cas, la mise en concurrence avérée de plusieurs prestataires ou fournisseurs
constitue en elle-même un élément de publicité suffisant. Une demande de
quelques devis à des fournisseurs préalablement repérés doit rester le bon
réflexe.
Pour les achats d'un
montant très peu significatif, pour lesquels une mise en concurrence deviendrait
un élément d'alourdissement inutile, le plus élémentaire bon sens doit conduire
l'acheteur à privilégier la solution la plus simple en s'adressant directement
au fournisseur de son choix.
La
réforme du code des marchés publics n'a pas pour but d'alourdir de manière
inconsidérée la tâche des acheteurs publics, notamment dans les petites
collectivités, mais de renforcer l'efficacité de la commande publique tout en
garantissant l'égalité d'accès à ces marchés à toutes nos entreprises.
Pour les marchés inférieurs à 90
000 euros, la recherche de solutions adaptées au contexte local est préférable à
une réglementation trop précise et forcément réductrice. C'est en ce sens qu'a
été conçu le nouveau code.
Par
ailleurs, le développement des plates-formes d'achat par Internet constituera à
l'avenir une excellence solution. L'obligation faite à chaque acheteur de
pouvoir recevoir des offres dématérialisées à partir du 1er janvier 2005 devrait
inciter les collectivités publiques à utiliser les solutions qu'offrent dès à
présent ces nouvelles technologies.
Tels sont, monsieur le député, les
éléments que je souhaitais porter à votre connaissance tout en restant, bien
entendu, à votre entière disposition.
M. le président. La parole
est à M. Stéphane Demilly.
M. Stéphane Demilly. Je ne
suis pas un théoricien, mais un praticien de la vie municipale. Et il se trouve
qu'il y a quelques jours, j'ai été confronté au problème suivant : une porte
d'école a été vandalisée durant le week-end. Si nous respectons à la lettre la
procédure qui est aujourd'hui imposée, cette porte ne pourra pas être remplacée
dès le lundi, comme ce serait souhaitable, mais seulement en fin de semaine.
M.
Alain Néri. Très juste !