mesures d'accompagnement des salariés
licenciés d'euromoteurs à carpiquet dans le calvados
Mme la présidente. La
parole est à M. Claude Leteurtre, pour exposer sa question, n° 679.
M.
Claude Leteurtre. Madame la présidente, madame la secrétaire d'Etat,
mes chers collègues, lors d'un comité d'entreprise tenu le
5 avril dernier, la société Euromoteurs a fait part de son intention
de fermer son site de Carpiquet, dans la banlieue de Caen, et de réduire les
effectifs dans son usine de Saint-Lô. Au total, 243 emplois sont concernés
: 171 à Caen et 72 à Saint-Lô.
Euromoteurs, ancienne filiale de
Moulinex créée en 1997, a été reprise par d'anciens cadres de la société en
septembre 2002, après la liquidation du groupe Moulinex et son rachat - pour ne
pas employer le terme de hold-up - par Seb. Spécialisée dans la fabrication de
moteurs électriques pour le petit électroménager, cette société était
indispensable au groupe Seb. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, puisque celui-ci,
malgré ses engagements fermes et répétés, a décidé de délocaliser cette
production en Chine.
Une partie
des effectifs d'Euromoteurs est constituée d'anciens salariés de Moulinex qui
ont accepté, au gré des restructurations du groupe puis au moment de sa
disparition, des mutations qui leur permettaient de conserver un emploi : 83
d'entre eux, par exemple, viennent de l'ancienne usine Moulinex de la ville de
Falaise, dont je suis le maire.
Lors de la liquidation du groupe
Moulinex, des mesures d'accompagnement très particulières avaient été établies
pour les employés licenciés. Par définition, ceux qui ont accepté leur mutation
à Euromoteurs en ont été exclus. Deux ans plus tard, ils risquent à nouveau
d'être victimes d'un licenciement.
Ma question est simple, madame la
secrétaire d'Etat : le Gouvernement entend-il faire appliquer aux anciens
salariés de Moulinex ayant accepté leur mutation à Carpiquet les mesures dont
ils auraient bénéficié naguère s'ils avaient refusé cette mutation, et donc
accepté le licenciement qui les frappe à présent ?
En d'autres termes, les sacrifices
qu'ils ont consentis pour garder leur emploi valaient-ils vraiment le coup ?
Mme la
présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'Etat à
l'intégration et à l'égalité des chances.
Mme Catherine Vautrin, secrétaire d'Etat à l'intégration et à l'égalité
des chances. Monsieur le député, vous avez appelé l'attention du
Gouvernement sur la situation de la société Euromoteurs.
Euromoteurs est issue de la reprise
par des cadres de la Compagnie générale des moteurs électriques (CGME) dans
laquelle Moulinex avait filialisé, en 2000, la fabrication de ses moteurs
électriques. Cette société avait, en septembre 2001, déposé son bilan au même
moment que Moulinex-Brandt.
Bénéficiant d'un contrat
d'approvisionnement avec SEB, Euromoteurs a pu maintenir 400 contrats de travail
répartis à part égale entre ses deux sites industriels de Carpiquet, dans le
Calvados, et de Saint-Lô, dans la Manche. Aujourd'hui, malheureusement, les
résultats attendus de la stratégie de diversification dans lesquelles
l'entreprise a cherché à s'inscrire restent insuffisants. La direction
d'Euromoteurs doit par conséquent engager un plan de restructuration, en raison
de la faiblesse de son plan de charge.
L'objectif de la procédure de
restructuration annoncée est d'ajuster l'effectif de production au plan de
charge de l'année 2005. Au total, ce projet engendrerait la suppression de 248
emplois dont 171 à Carpiquet. Je mesure parfaitement, monsieur le député,
l'émotion qui peut être la vôtre.
Conformément à la législation en
vigueur, les mesures d'accompagnement social des salariés susceptibles d'être
concernés par le plan de sauvegarde de l'emploi relèvent, en premier lieu, de la
responsabilité de l'entreprise. De ce point de vue, la situation d'Euromoteurs
n'est pas comparable à celle de Moulinex qui, à la suite de sa mise en
redressement judiciaire suivie d'une cession partielle à la société Seb, se
trouvait dans l'incapacité financière d'assumer ses responsabilités à l'égard de
ses salariés.
Compte tenu de la
situation difficile de la société Euromoteurs, le Gouvernement s'engage à
apporter son soutien à ses salariés par la mise en place de mesures spécifiques,
financées par le Fonds national de l'emploi.
Afin d'assister les personnes
licenciées dans leur recherche d'emploi et de favoriser leur reclassement,
l'Etat pourra participer au financement d'une cellule de reclassement.
De plus, pour faciliter la
réinsertion professionnelle des personnes touchées par le plan de sauvegarde de
l'emploi, une convention d'allocation temporaire dégressive sera signée entre
l'Etat et l'entreprise, de manière à assurer une compensation financière en cas
de baisse de salaire dans l'emploi de reclassement.
Il pourrait, par ailleurs, être
proposé aux salariés pour lesquels une formation est nécessaire pour déboucher
sur un projet professionnel de bénéficier d'un congé de conversion. Au cours de
cette période, le contrat de travail est suspendu et le salarié perçoit une
allocation égale à 65 % de son salaire brut antérieur. En application de la
législation en vigueur, l'allocation versée au bénéficiaire est en partie à la
charge de l'entreprise, la contribution du FNE ne pouvant excéder 50 % de
son montant. Si l'entreprise n'est pas en mesure d'assumer sa participation, il
est possible de chercher, notamment auprès des collectivités territoriales, les
financements complémentaires.
Enfin, à titre tout à fait
exceptionnel, il pourrait être envisagé de signer une convention d'allocation
spéciale du FNE qui permettrait aux quelques salariés qui remplissent les
conditions d'âge et dont il est avéré qu'ils connaîtraient de très grandes
difficultés de reclassement, de bénéficier d'une préretraite financée par le
FNE.
Vous constaterez, monsieur
le député, que le ministère de l'emploi, du travail et de la cohésion sociale
suit avec une attention toute particulière l'évolution de la situation
d'Euromoteurs.
Mme la présidente. La
parole est à M. Claude Leteurtre.
M. Claude Leteurtre. Je
tiens à vous remercier, madame la secrétaire d'Etat, car j'ai bien noté
l'importance de l'engagement de l'Etat. Néanmoins, les mesures préconisées ne
sont pas tout à fait à la hauteur de l'ancien plan Moulinex. Quant aux
collectivités locales, elles ont déjà beaucoup donné, notamment dans le cadre de
ce plan.
L'échec d'Euromoteurs
était prévisible, dans la mesure où les prix déterminés par SEB étaient
notoirement insuffisants. L'usine a survécu pendant trois ans grâce aux fonds
publics, notamment ceux des collectivités territoriales. Il serait donc légitime
de demander à Euromoteurs de faire au moins en sorte que l'argent versé par ces
dernières soit reversé aux salariés, qui ont bien travaillé et ne sont pas
responsables de ce qui se passe aujourd'hui.