PERSPECTIVES DE L'A 24 ET DU CANAL SEINE -
NORD
M. le président. La parole
est à M. André Flajolet, pour exposer sa question, n° 69, relative aux
perspectives de l'A 24 et du canal Seine - Nord.
M. André Flajolet. Ma
question s'adresse à M. le ministre de l'équipement, des transports, du
logement, du tourisme et de la mer. Elle est justifiée par la saturation de l'A
1, l'axe Paris-Lille, qui, en raison de la congestion quasi permanente du trafic
sur l'autoroute elle-même et sur l'ensemble du réseau secondaire, présente des
risques majeurs de trois ordres : risques graves pour la sécurité des personnes
et des biens ; risques écologiques importants ; risques humains en termes de
stress et de perte de temps. Le matin, il faut plus de temps pour aller en
voiture de Béthune à Lille, 35 kilomètres, que pour aller en TGV de Béthune à
Paris, 200 kilomètres.
Si le
multimodal est insuffisant, il est évident pour tout oeil exercé à la lecture
d'une carte qu'il manque un couloir parallèle à l'A 1 reliant Amiens à la
Belgique : ce que l'on a appelé l'A 24. C'est une carte que M. de Robien connaît
parfaitement.
L'A 24 n'a pas été
inscrite au contrat de plan Etat-région Nord - Pas-de-Calais pour des raisons
relativement obscures. La vie économique et écologique exige en effet la
réalisation de ce lien entre le Bassin parisien et les pays nordiques, comme
elle exige la relance du projet de canal Seine - Nord au titre du multimodal.
Au-delà d'un formidable aménagement du territoire, ce serait un atout essentiel
de relance économique et une chance pour ces territoires marqués beaucoup plus
fortement qu'ailleurs par le chômage.
Le Nord de Paris a besoin de
respirer en étant mieux irrigué. On vient de le dire pour l'A 25, c'est encore
plus vrai pour l'A 24 : l'intérêt général l'exige et le devenir économique
l'impose ; la plupart des collectivités territoriales l'espèrent. Quelles sont
les intentions du Gouvernement en ce qui concerne la programmation de cette
artère indispensable et, éventuellement, les modalités de sa réalisation ?
M. le
président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat au tourisme.
M. Léon Bertrand, secrétaire d'Etat au tourisme. Monsieur le
député, il est clairement dans les intentions de M. Gilles de Robien de
faire progresser le dossier de la liaison autoroutière entre Amiens et la
Belgique, qui doit contribuer à améliorer la fluidité de l'axe multimodal
Paris-Lille-Europe du Nord. La Commission nationale du débat public sera
prochainement saisie de ce dossier, conformément à la loi du
27 février 2002 relative à la démocratie de proximité. Dans
l'hypothèse où la CNDP déciderait l'organisation d'un débat public, l'objectif
serait de l'engager dès l'automne 2003.
Le principe d'un aménagement
progressif de la liaison fluviale à grand gabarit Seine - Nord est inscrit dans
les schémas multimodaux de services collectifs de transport à l'horizon 2020,
approuvés par le décret du 18 avril 2002.
Le programme engagé consiste à
aménager, dans un premier temps, le canal Dunkerque-Escaut et les liaisons avec
la Belgique au nord, à moderniser la Seine entre Le Havre et Paris et à
aménager l'Oise au sud. Priorité a ainsi été donnée à la desserte fluviale des
ports maritimes du Havre, de Rouen et de Dunkerque et au développement des ports
intérieurs concernés, notamment celui de Paris. Près de 300 millions
d'euros sont d'ores et déjà mobilisés sur la période 2000-2006 pour les
programmes de modernisation des ouvrages de la Seine, de l'Oise et du bassin du
Nord - Pas-de-Calais.
En ce qui
concerne le nouveau canal à grand gabarit entre Noyon et le canal
Dunkerque-Escaut, une étape a été franchie dans l'élaboration du projet au
printemps 2002, avec le choix du fuseau le plus à l'ouest de l'aire d'étude,
passant près de Noyon et de Péronne, à proximité du canal du Nord. Ce choix va
permettre à Voies navigables de France de réaliser des études complémentaires
destinées à examiner la possibilité d'une desserte de Cambrai, ainsi qu'à
préciser le devenir de l'actuel canal du Nord et les sites d'implantation de
futures plates-formes multimodales.
Par ailleurs, le projet de nouveau
canal, d'un coût estimé à 2,6 milliards d'euros, est examiné dans le cadre
de l'audit sur les grands projets d'infrastructures de transport demandé par le
Gouvernement au conseil général des ponts et chaussées et à l'inspection
générale des finances, d'ici à la fin de l'année. Les conclusions de cet audit
et les résultats de l'étude prospective sur les transports engagée par la
Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale permettront
d'alimenter le débat parlementaire prévu en 2003 sur la politique que le
Gouvernement entend mener en matière de transports dans un cadre européen.
M. André Flajolet.
Merci, monsieur le secrétaire d'Etat.