ÉQUIPEMENTS ET EFFECTIFS DES HÔPITAUX
ALSACIENS
M. le président. La
parole est à M. Armand Jung, pour exposer sa question, n° 6, relative
aux équipements et effectifs des hôpitaux alsaciens.
M. Armand Jung. Ma
question s'adresse à M. le ministre de la santé, de la famille et des
personnes handicapées.
Monsieur
le ministre, vous avez évoqué, à plusieurs reprises, la situation préoccupante
des hôpitaux français. Si la mise à niveau du patrimoine hospitalier et son
adaptation aux nouvelles technologies est nécessaire, il est également
indispensable que les établissements de santé puissent disposer d'équipes
médicales compétentes et motivées afin de répondre au mieux aux besoins des
malades qui s'adressent à eux. Or, la diminution du nombre d'internes qui se
destinent à la médecine spécialisée et de résidents qui se destinent à la
médecine générale, diminution observée au cours des dix dernières années, pose
aux hôpitaux, et en particulier aux centres hospitaliers universitaires, de
graves difficultés d'organisation.
Cette situation va encore
s'aggraver en raison, notamment, de la mise en oeuvre dans notre pays de
directives européennes relatives à l'organisation des gardes. Au-delà du
relèvement du numerus clausus décidé par le
précédent gouvernement, quelles mesures entendez-vous prendre pour remédier aux
difficultés auxquelles sont aujourd'hui confrontés les services publics
hospitaliers ? Par qui pensez-vous remplacer les internes et les résidents qui
manquent à ces établissements ? Envisagez-vous de modifier l'article 39 du
décret du 10 novembre 1999 fixant le statut des internes et des résidents
en médecine, afin de permettre aux étudiants en médecine de sixième année ayant
validé leurs examens écrits d'être désignés en tant que « faisant fonction
d'interne » ? Cette mesure simple permettrait de faire face à certaines
difficultés, en particulier pendant les périodes d'été.
Je voudrais citer le cas de
Strasbourg. L'important chantier de construction du nouvel hôpital civil vient
de démarrer et l'ouverture du plateau technique est prévue pour 2005. Quelles
mesures envisagez-vous pour doter ce nouvel établissement d'un nombre suffisant
d'internes et de résidents pour faire fonctionner cette structure ? Ce nouvel
hôpital devrait être pourvu de tous les équipements modernes indispensables à
son fonctionnement, notamment en matière d'imagerie. A l'heure actuelle, de
nombreux Strasbourgeois et Alsaciens sont obligés de faire appel à nos voisins
allemands du Bade Wurtenberg pour passer leurs examens d'IRM. Prévoyez-vous de
doter l'agglomération strasbourgeoise et l'Alsace des moyens adéquats dans le
domaine de l'imagerie médicale ?
Aujourd'hui même de nombreux
médecins hospitaliers strasbourgeois ont déposé un préavis de grève
administrative pour une durée indéterminée. Ils comptent protester contre «
l'attentisme ministériel face à la pénurie d'internes mettant en cause la
qualité des soins ». Ils rappellent notamment que, cette année, il n'y a que
trois nouveaux internes en ophtalmologie pour toute l'Alsace et que, pour une
IRM cérébrale, il faut désormais attendre de quatre à six mois. Votre réponse
est donc très attendue par les médecins hospitaliers.
M. le
président. La parole est à M. le ministre de la santé, de la famille et
des personnes handicapées.
M. le ministre de la santé, de la
famille et des personnes handicapées. Monsieur le député, je vous
remercie de votre mea-culpa. En effet, toutes les questions que vous m'avez
posées concernent des problèmes qui n'ont pas été réglés précédemment.
L'évolution du patrimoine
hospitalier et l'adaptation des hôpitaux aux nouvelles technologies sont
évidemment nécessaires et nous nous employons à dégager les moyens nécessaires.
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale en porte le témoignage et
j'espère donc que vous le voterez. De même, le plan Hôpital 2007 marque la
priorité accordée à la modernisation de l'hôpital. Des mesures sont inscrites
dans le PLFSS, et j'ose espérer que vous y serez sensible.
Vous avez raison, il faut que ces
établissements disposent d'équipes médicales compétentes et motivées. Vous
soulignez les difficultés d'organisation qu'engendre la diminution du nombre
d'internes et de résidents. Dans la région Alsace, leur nombre est passé, entre
mai 1998 et mai 2002, de 264 à 216 au CHU, soit moins 48, et de 210 à 177 hors
CHU, soit moins 33. Ces diminutions importantes, respectivement de 18 % et
de 15 %, sont toutefois à relativiser compte tenu de la création, sur la
même période, de plus de cinquante postes de praticiens hospitaliers et
d'assistants.
En effet, sans
méconnaître la réalité, je voudrais tout de même rappeler qu'internes et
résidents sont des professionnels en formation et que l'on n'a pas le droit de
demander des postes d'internes pour faire fonctionner les services. Les internes
sont là pour apprendre et leur nombre doit être calculé non pas en fonction des
besoins des services, mais en fonction de ceux de la population. Pour faire
fonctionner les services, il faut des praticiens ; c'est pourquoi nous avons
créé cinquante postes. Même si les internes apportent une contribution réelle et
efficace au fonctionnement des hôpitaux, il apparaîtrait aléatoire et
inapproprié de faire reposer sur eux l'essentiel de l'organisation du
fonctionnement médical de l'hôpital public.
Pour autant, il ne faut pas
négliger l'impact conjugué, sur la disponibilité des équipes médicales
hospitalières, des évolutions démographiques, de la réduction du temps de
travail, ainsi que de l'organisation des gardes avec obligation d'un repos de
sécurité. Monsieur le député, le relèvement du numerus
clausus a été entrepris par mon prédécesseur. Je l'approuve, je le poursuis
et je l'amplifie, mais ses effets ne se feront pas sentir avant quelques années.
En outre, l'augmentation du nombre des personnels titulaires est un objectif que
nous nous assignons : au-delà de l'annonce de création de postes de praticiens
hospitaliers, nous nous emploierons à assurer son financement, lequel n'a pas
été prévu précédemment. A cela s'ajoutera, pour les cinq années à venir, la
création d'emplois hospitalo-universitaires, notamment de titulaires - une
quarantaine -, dans le projet de budget pour 2003. A côté des créations
d'emplois, il faudra aussi savoir tirer parti de la réorganisation des
structures hospitalières, comme le demande l'ARH.
S'agissant des équipements lourds
d'imagerie médicale, les hôpitaux universitaires de Strasbourg disposent, à ce
jour, de quatre scanographes autorisés et de trois autorisations d'imagerie par
résonance nucléaire. Le schéma régional d'organisation sanitaire a été complété,
pour ces matières, par un arrêté qui a permis d'attribuer un appareil d'IRM
supplémentaire dans le secteur sanitaire numéro 2 de Strasbourg-Obernai.
Une dérogation sera possible, dans l'intérêt de santé publique, dès que les
appareils précités seront tous en fonctionnement et saturés.
Vous m'avez parlé de délais,
monsieur le député. Permettez-moi donc de vous dire que, d'après la dernière
enquête effectuée par la direction générale du service médical d'Alsace-Moselle
sur les demandes de soins programmées à l'étranger en 2001, 28 demandes sur
143 ont concerné des explorations par IRM pour l'ensemble des malades
d'Alsace-Lorraine. Ces chiffres sont à rapporter au nombre d'actes réalisés en
2001 avec les appareils installés en Alsace-Moselle. Dans les seuls
établissements de santé publics et privés, ce nombre s'est élevé à 30 099. Les
demandes d'examen à l'étranger, y compris pour convenance personnelle,
représentent donc moins de 0,1 % des actes réalisés.
Monsieur le député, nous sommes
comme vous attentifs au bon fonctionnement de nos hôpitaux. Il est vrai qu'ils
ont été passablement malmenés.