Texte de la QUESTION :
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Des chercheurs français ont démontré dans un récent numéro du fameux « New England Journal of Medicine » qu'ils seraient parvenus à restaurer chez quatre-vingts patients leur capacité à fabriquer de l'insuline en seulement six jours de traitement, et l'expérience durerait depuis dix mois. L'équipe de l'INSERM considérée se serait intéressée aux diabétiques atteints d'un diabète de type 1, c'est-à-dire ceux dont le système immunitaire se dérègle et s'attaque aux cellules du pancréas chargées de produire l'insuline. Ils seraient environ 200 000 en France à ne plus pouvoir contrôler naturellement leur taux de sucre dans le sang. Jusqu'à présent une seule solution efficace pour les aider à rétablir l'équilibre : des piqûres d'insuline synthétique. Un traitement à vie, et qui ne guérit pas la maladie. Les médecins français auraient donc testé une autre stratégie. Au lieu de compenser le manque d'insuline des diabétiques, ils auraient cherché à empêcher la destruction des cellules du pancréas en bloquant les cellules tueuses du système immunitaire. Après avoir mis au point les molécules capables de neutraliser les tueuses, ils les auraient injectées six jours d'affilée à leurs patients. Dans 75 % des cas, la maladie se serait stabilisée, et leur système immunitaire a cessé de tuer leurs cellules pancréatiques. Enfin, peu d'effets secondaires pour l'instant auraient été constatés. Cette nouvelle stratégie thérapeutique ouvre de nouvelles perspectives pour ce type d'affection chronique, et pourrait même permettre de pouvoir traiter à terme d'autres maladies autocomme la sclérose en plaque ou le psoriasis. Compte tenu de ces perspectives, Mme Chantal Robin-Rodrigo demande à M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche de lui faire le point sur ce dossier, et de lui indiquer s'il entend faire en sorte que les malades puissent rapidement bénéficier de cette avancée thérapeutique. - Question transmise à M. le ministre de la santé et des solidarités.
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Texte de la REPONSE :
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Le coût global annuel des soins donnés aux patients diabétiques est estimé en France, à 4,9 milliards d'euros. La mise en évidence des facteurs de risque, génétiques ou liés à l'environnement nutritionnel, la compréhension des mécanismes cellulaires impliqués, la définition de cibles thérapeutiques, les soins apportés aux malades sont donc autant de priorités pour faire face à cette pathologie dont la gravité s'accroît avec la longévité. De multiples recherches sont menées en France et en collaboration avec d'autres pays européens, tant dans le domaine clinique que dans celui des sciences fondamentales. Ainsi, chaque année, sont financés, dans le cadre des programmes hospitaliers de recherche clinique, des projets ayant trait au diabète, le plus souvent en lien avec des unités de recherche fondamentales du CNRS et de l'INSERM. S'agissant plus particulièrement de cet institut, a été créé en 2004, un programme national de recherche sur le diabète dont les objectifs sont, d'une part, de développer la recherche dans le domaine du diabète en favorisant la mise en place de réseaux et, d'autre part, d'aider au transfert de l'innovation issue de la recherche fondamentale vers l'application médicale. Les six grands axes thématiques explorés pour les années 2004-2005 sont la cellule bêta et la sécrétion insulinique, la signalisation et les mécanismes d'action de l'insuline, les aspects moléculaires et génétiques du métabolisme, les complications du diabète, l'épidémiologie et la prise en charge, la pharmacologie. De ce fait, le rendu des résultats dans des grandes revues scientifiques internationales est indispensable pour faire état des progrès de la connaissance et lier les travaux entre eux : restauration fonctionnelle des cellules bêta des îlots langerhansiens, identification des ligands des récepteurs cellulaires, constitution de bibliothèque de peptides-mères, lutte contre 1'apoptose précoce, conséquence de la surexpression génique sur les cytokines... Toutefois, ces progrès ne constituent pas, pour autant, des traitements curatifs du diabète, déclinables en pratique clinique quotidienne. Il ne s'agit que de recherches préliminaires, destinées à orienter les explorations pharmacologiques ultérieures. Plusieurs années d'investigations, tant au sein des équipes de chercheurs en sciences fondamentales qu'au niveau des grandes firmes pharmaceutiques, sont nécessaires pour la mise au point de thérapeutiques sûres applicables à grande échelle.
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