PRISE EN CHARGE DE L'AGÉNÉSIE DENTAIRE
M. le président. La parole
est à M. Marc Bernier, pour exposer sa question, n° 713, relative à la
prise en charge de l'agénésie dentaire.
M. Marc
Bernier. Madame la secrétaire d'Etat aux personnes handicapées,
plusieurs de mes collègues députés ont eu l'occasion d'interpeller le
prédécesseur du ministre de la santé, notamment par le biais de questions
écrites, sur les difficultés rencontrées par les personnes atteintes d'agénésie
dentaire.
Sensibilisé par ce
sujet, en tant que chirurgien-dentiste, permettez-moi donc d'y revenir en me
faisant le porte-parole de ces personnes qui ne connaissent pas le simple
plaisir de croquer une pomme ou un sandwich.
Les conséquences, tant physiques que
physiologiques, de cette maladie congénitale orpheline, qui empêche la formation
des dents, sont faciles à imaginer.
La seule thérapie qui permette de
pallier les conséquences évidentes de ce handicap, qui touche entre 6 et
8 % de la population, consiste en la pose d'implants dentaires, dont le
coût se situe entre 2 300 et 2 500 euros par dent.
Hélas, pendant longtemps, la
sécurité sociale a refusé, de façon un peu étonnante, de prendre en charge les
soins inhérents à cette maladie, estimant qu'il s'agissait de simples soins de
confort. Dès lors, les familles ont été contraintes de renoncer à faire soigner
leur enfant, étant dans l'impossibilité financière d'engager des dépenses d'une
telle importance.
Nous pouvons
nous interroger sur le bien-fondé de l'absence de prise en charge de cette
pathologie, même si elle est onéreuse, et comprendre le désarroi des victimes de
cette maladie orpheline.
Aussi
les parents d'enfants atteints par l'agénésie dentaire ont-ils été soulagés par
l'adoption de l'article 34 de la loi de financement de la sécurité sociale
pour 2004, qui subordonne la prise en charge ou le remboursement d'un acte à son
inscription à une liste arrêtée par le ministère de la santé.
A ma connaissance, seule la
dysphasie ectodermique anhydrotique, qui est la forme la plus sévère de
l'agénésie, est susceptible d'être inscrite par les services du ministère de la
santé au catalogue des maladies reconnues.
De toute évidence, une telle
situation est injuste pour les malades atteints de la forme « légère » de
l'agénésie qui, bien qu'il leur manque entre dix et vingt dents, en ont encore
trop pour avoir droit à une prise en charge par l'assurance maladie.
Dès lors, ne pensez-vous pas qu'il
serait important, au regard du principe de l'égalité des malades dans la prise
en charge des traitements, d'intégrer les multiples variantes de l'agénésie
dentaire dans la liste des maladies reconnues et qu'une prise en charge à
100 % de ce handicap congénital offrirait aux personnes atteintes la
possibilité de retrouver, dans des conditions équitables de remboursement des
soins, une physiologie normale, ainsi qu'une esthétique décente ?
M. le
président. La parole est à Mme la secrétaire d'Etat aux personnes
handicapées.
Mme Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées.
Monsieur le député, la dysplasie ectodermique anhydrotique est une maladie
génétique orpheline effectivement hétérogène. Elle touche en majorité les
hommes. Cinq gènes différents peuvent provoquer une dysplasie anhydrotique. Elle
touche les organes dérivés de la peau : dents, ongles, cheveux et glandes
sudoripares, ce qui peut entraîner des fièvres inexpliquées chez l'enfant. En
effet, l'absence de sudation ne permet pas à ces enfants de se refroidir
normalement. L'atteinte oculaire est fréquente avec kératite sévère.
Chaque famille est porteuse d'une
mutation particulière ; deux frères peuvent être atteints à des degrés divers,
en particulier pour le nombre de dents manquantes. L'absence de dents est un
handicap pouvant entraîner une malnutrition sévère. Différents traitements sont
possibles comme des implants chirurgicaux précoces ou l'établissement de
prothèses dentaires autorisant ces enfants à s'alimenter dans de bonnes
conditions. Le diagnostic prénatal a été publié et est donc possible.
Il paraît légitime que cette maladie
rare orpheline soit prise en charge quel que soit le degré de l'atteinte
dentaire, à condition que le diagnostic soit certifié par un centre de référence
pour les maladies rares.
A la
suite d'une saisine de la Caisse nationale de l'assurance maladie des
travailleurs salariés sur l'implantologie, l'ANAES a émis des recommandations
sur la pose d'implants dans cette affection.
Les conclusions du conseil
scientifique de l'ANAES viennent d'être rendues. L'une des médications retenues
est l'édentement total ou partiel. Ce terme est employé au sens large et
comprend donc l'agénésie dentaire congénitale. La mise en forme finale de ces
conclusions est en cours d'élaboration.
M. le président. La parole
est à M. Marc Bernier.
M. Marc Bernier. Je vous
remercie, madame la secrétaire d'Etat, de ces propos rassurants.
Il faut se mettre à la place des
familles qui découvrent, le plus souvent quand les dents de lait tombent, qu'il
n'y a pas de dents de remplacement. Je ne veux pas faire un cours de physiologie
mais, pour que la digestion se fasse, il faut qu'il y ait mastication et
imprégnation de salive, ce qui permet une prédigestion. Un enfant qui n'a pas de
dents pour mastiquer va souffrir notamment de dénutrition, avec tout ce qui peut
s'ensuivre.
Je suis donc heureux
des renseignements que vous venez de nous donner et du fait que l'ANAES puisse
apporter des solutions le plus rapidement possible pour réconforter toutes ces
familles.