DÉPISTAGE DU CANCER DE LA PROSTATE
M. le président. La parole
est à M. Jean-Marie Geveaux, pour exposer sa question, n° 717,
relative au dépistage du cancer de la prostate.
M. Jean-Marie Geveaux.
Madame la secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, avec plus 40
000 nouveaux cas par an, le cancer de la prostate représente le premier cas
de cancer de l'homme. Alors qu'il concerne essentiellement des sujets âgés, il
se situe au deuxième rang des causes de décès par cancer chez l'homme après
celui du poumon.
Aujourd'hui, une
augmentation très importante des nouveaux cas de cancer prostatique a été
relevée dans les pays occidentaux. C'est pourquoi, conformément aux voeux de
M. le Président de la République, il est urgent de se mobiliser pour
développer la prévention systématique de ce cancer.
Son évolution lente et le souci de
ne pas détecter de petits cancers non évolutifs qui ne nécessiteraient pas de
traitement agressif conduisent à ne pas recommander actuellement en France de
dépistage systématique. Pourtant, l'utilisation de marqueurs sanguins comme
l'antigène prostatique spécifique, appelé communément PSA, permet de repérer des
cancers à un stade plus précoce où le traitement curatif est possible et surtout
efficace. C'est pourquoi la société française d'urologie recommande cet examen
biologique à partir de cinquante ans chez tous les hommes et à partir de
quarante-cinq ans chez ceux qui ont un facteur de risque particulier.
Le PSA apporte un premier indice
fiable dans la prévention du cancer. Complété par un examen clinique urologique,
si nécessaire, il est l'outil principal du suivi de ce cancer. Répétés chaque
année, ces examens permettraient une meilleure prise en charge en dépistant ce
cancer à un stade précoce, avant l'apparition de symptômes.
Dans certains pays d'Amérique du
Nord, où le dosage du marqueur prostatique PSA à visée diagnostique est très
diffusé, la mortalité imputable à ce cancer a régressé. A titre d'exemple,
elle aurait ainsi diminué de 23 % au Québec par rapport au début des
années 90.
Compte tenu de
l'ensemble de ces éléments, je souhaiterais savoir si, dans le cadre du plan
cancer, le ministre de la santé entend mettre en place un dépistage précoce du
cancer de la prostate par un dosage systématique du PSA lors des bilans
périodiques de santé et suivre ainsi les recommandations actuelles des
associations professionnelles médicales dans cette spécialité.
M. le
président. La parole est à Mme la secrétaire d'Etat aux personnes
handicapées.
Mme Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées.
Monsieur le député, vous appelez mon attention sur la mise en oeuvre d'un
dépistage systématique du cancer de la prostate, le plus fréquent des cancers
masculins. L'incidence et la mortalité de ce cancer, qui touche les hommes de
plus de cinquante ans, semblent stables. C'est pourquoi de nombreuses études ont
été réalisées pour préciser l'intérêt éventuel d'un dépistage systématique.
Des recommandations ont été établies
au plan international concernant le dépistage organisé des cancers, notamment
par le groupe d'experts pour la prévention des cancers de l'Union européenne en
1999.
Ces recommandations
insistent sur le fait que le dépistage ne doit être proposé que s'il a montré
son efficacité sur la baisse de la mortalité spécifique. Le rapport de ce groupe
d'experts concluait, pour le cancer de la prostate, qu'aussi longtemps qu'un
bénéfice sur la mortalité du cancer de la prostate, ou sur la qualité de vie,
n'avait pas été démontré par les études randomisées, le dépistage du cancer de
la prostate ne devait pas être recommandé comme politique de santé publique.
Au même moment, en 1998, l'ANAES a
établi un rapport sur l'opportunité du dépistage systématique de ce cancer par
le dosage de l'antigène spécifique de la prostate, le PSA.
Aucune des études analysées par
cette agence n'a fait la preuve d'un bénéfice du dépistage organisé, par rapport
à l'absence de dépistage, en termes de mortalité spécifique par cancer de la
prostate. En outre, les traitements classiques que sont la prostatectomie et la
radiothérapie sont source de complications lourdes et souvent très
invalidantes.
Aussi l'ANAES
a-t-elle conclu que les connaissances actuelles ne permettaient pas de
recommander un dépistage de masse du cancer de la prostate et qu'il semblait
indispensable de conduire une réflexion complémentaire sur l'information du
patient et sur l'opportunité d'un dépistage individuel par la bonne prescription
du dosage du PSA.
A la demande de
mon prédécesseur, un nouveau groupe d'experts s'est réuni récemment et a conclu
qu'aucune donnée nouvelle disponible ne permettait de reconsidérer la position
prise en 1998 et qu'il n'y avait pas d'argument récent en faveur d'un dépistage
organisé eu égard aux effets secondaires des thérapeutiques actuelles qui
n'incitent pas à préconiser un traitement des tumeurs non décelables
cliniquement. D'ailleurs, les recommandations européennes pour le dépistage des
cancers de mai 2003 ne retiennent pas le cancer de la prostate.
Des études sur l'impact d'un
dépistage organisé sur la mortalité par cancer de la prostate sont en cours,
notamment aux USA et en Europe, avec sept pays, dont la France. Les résultats
n'en seront connus qu'en 2009. En France, une analyse intermédiaire sera faite
en 2004. L'opportunité du dépistage du cancer de la prostate sera donc
reconsidérée à la lumière des résultats de ces études.
M. le
président. La parole est à M. Jean-Marie Geveaux.
M.
Jean-Marie Geveaux. Madame la secrétaire d'Etat, j'espère que ces
études évolueront vers un dépistage systématique, comme aux Etats-Unis par
exemple, où l'on a constaté une diminution très sensible du nombre des cancers
et des décès.
J'ajoute que, lors
d'un examen, un urologue recommande d'abord une analyse sanguine afin de
vérifier le taux de PSA. On pourrait donc inclure cette analyse dans les bilans
de contrôle ce qui éviterait qu'elle soit demandée lors d'un examen chez un
spécialiste.
Certes, nous sommes
conscients qu'il est indispensable de surveiller les dépenses de l'assurance
maladie, mais nous ne pouvons éviter une politique de prévention.