FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 74415  de  Mme   Levy Geneviève ( Union pour un Mouvement Populaire - Var ) QE
Ministère interrogé :  justice
Ministère attributaire :  justice
Question publiée au JO le :  27/09/2005  page :  8883
Réponse publiée au JO le :  17/10/2006  page :  10894
Rubrique :  justice
Tête d'analyse :  expertise
Analyse :  psychiatres et psychologues. dysfonctionnements. conséquences
Texte de la QUESTION : Mme Geneviève Levy attire l'attention de M. le garde des sceaux, ministre de la justice, sur le rôle des psychiatres et psychologues au sein du système judiciaire français. Psychiatres et psychologues ont souvent à se prononcer sur la dangerosité et donc la libération des détenus. Leurs avis pèsent lourdement lors des jugements, parfois plus que ceux des policiers et magistrats. Malheureusement, l'actualité vient régulièrement mettre en doute la valeur de ces analyses. Eu égard à la fréquence des erreurs de diagnostic, il convient de s'interroger sur le rôle les psychiatres et psychologues lors des procès. Aussi serait-elle heureuse de connaître sa position et ses intentions à ce sujet.
Texte de la REPONSE : Le garde des sceaux, ministre de la justice, indique à l'honorable parlementaire que la question de l'évaluation de la dangerosité constitue une priorité du Gouvernement à laquelle participe activement le ministère de la justice. Il y a lieu, tout d'abord, de préciser qu'en tout état de cause les magistrats apprécient souverainement les éléments relatifs à l'état de santé mentale d'un individu. L'avis rendu par les psychiatres et psychologues à la suite d'une expertise ordonnée par un magistrat participe de ces éléments qui emportent ou non la conviction du juge, mais en aucun cas ne le lie. La jurisprudence sur ce point est constante depuis un arrêt de la chambre criminelle de la Cour de cassation en date du 11 mars 1958 (Bull. Cour de cassation, chambre criminelle n° 238). Le 6 juillet 2005, la commission santé-justice, présidée par M. Jean-François Burgelin, remettait son rapport au garde des sceaux et au ministre de la santé. Ce rapport comporte de nombreuses préconisations tendant à mieux prévenir la récidive des auteurs d'infractions pénales atteints de troubles mentaux et relatives, entre autres, au renforcement du statut et de la formation initiale ou continue des experts psychiatres ou psychologues, notamment en matière de psychiatrie médico-légale ou de psycho-criminologie, à l'amélioration des expertises psychiatriques. Lors de la remise de ce rapport, il avait été souligné, par le garde des sceaux, la nécessité de mieux déceler les individus dangereux et de prévenir la récidive. La prévention de la récidive est l'un des objectifs de la loi n° 2005-1549 du 12 décembre 2005 relative au traitement de la récidive des infractions pénales. Tout en étendant son champ d'application à de nouvelles infractions, la loi améliore les conditions de mise en oeuvre du suivi sociojudiciaire. Elle fixe, par exemple, le principe selon lequel tout condamné pour une infraction pour laquelle le suivi sociojudiciaire est encouru doit être affecté, pour l'exécution de sa peine, dans un établissement pénitentiaire adapté permettant d'assurer un suivi médical et psychologique adapté. De plus, le 23 février 2006, le premier ministre, Dominique de Villepin, a chargé M. Jean-Paul Garraud, député de la Gironde, d'une mission parlementaire portant sur l'évaluation de la dangerosité des auteurs d'infractions pénales atteints de troubles mentaux ou présentant une dangerosité criminologique. Afin d'approfondir certaines préconisations faites par la commission santé-justice, les questions de la définition d'indicateurs de dangerosité, de la création d'équipes ressources interrégionales composées de magistrats, de psychiatres et de psychologues chargées d'évaluer la dangerosité d'individus auteurs d'infractions pénales devraient être étudiées. De même, les problématiques liées à l'amélioration de la qualité des expertises réalisées par les psychiatres ou psychologues ou à la création d'un centre de documentation psycho-criminologique devraient être soulevées. Enfin, par une circulaire du 2 mai 2005 relative à l'amélioration du traitement judiciaire des infractions de nature sexuelle, le garde des sceaux a diffusé une mission type d'expertise médico-psychologique pour l'examen des personnes se déclarant victime d'une infraction sexuelle. Cette mission a supprimé toute référence à la notion de crédibilité, en raison de l'ambiguïté sémantique.
UMP 12 REP_PUB Provence-Alpes-Côte-d'Azur O