FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 78354  de  M.   Hage Georges ( Député-e-s Communistes et Républicains - Nord ) QE
Ministère interrogé :  défense
Ministère attributaire :  défense
Question publiée au JO le :  22/11/2005  page :  10710
Réponse publiée au JO le :  24/01/2006  page :  708
Rubrique :  défense
Tête d'analyse :  terrains militaires
Analyse :  tournage de films historiques. refus. conséquences
Texte de la QUESTION : Le film Joyeux Noël vient de sortir sur les écrans français. Il retrace un épisode assez peu connu de la Première Guerre mondiale en évoquant la fraternisation de soldats français, allemands et britanniques au soir de Noël 1914 et donnant ainsi à voir cette lueur d'humanité dons une nuit de barbarie, qui débutait seulement. M.  Georges Hage attire l'attention de Mme la ministre de la défense sur le refus qu'a opposé la hiérarchie militaire à la mise à disposition d'un terrain propriété de l'armée sur le territoire national pour le tournage de ce film. Le réalisateur et son équipe avaient repéré l'endroit, qui leur semblait approprié, et déposé les demandes correspondantes. La nature du sujet traité semblait, en effet, désigner à l'évidence un espace militaire comme le plus adéquat. La réponse négative, qui leur a été signifiée, est choquante. Se peut-il qu'au sein de notre armée, certains en soient restés, à l'égard de ces soldats de 1914, à la même appréciation que celle portée alors par l'état-major et le pouvoir politique responsables de l'effroyable boucherie, qui devait s'ensuivre et dont attestent tous nos monuments aux morts. En définitive, le film a du être tourné en Roumanie, ce qui en est revenu à priver nos professionnels du cinéma et nos intermittents du spectacle du travail dont ils sont tant demandeurs. Il souhaiterait qu'elle l'éclaire sur ce choix très contestable arrêté par son ministère et ses représentants.
Texte de la REPONSE : Dans le cadre du projet de tournage du film Joyeux Noël, la société Nord-Ouest Production a saisi le ministère de la défense d'une demande de soutien, le 21 novembre 2002, à laquelle la ministre a répondu positivement, le 4 décembre 2002, en orientant la production vers la délégation à l'information et à la communication de la défense (DICOD). Deux réunions de travail entre la production et la DICOD se sont tenues au mois de janvier 2003. À l'issue de ces rencontres, le ministère de la défense a répondu favorablement aux demandes de la production portant sur la recherche d'un lieu de tournage (sur une emprise militaire située dans un endroit sauvage et isolé pour une durée de trois à cinq mois), sur un soutien logistique (pour l'organisation du terrain, l'hébergement et la nourriture de l'équipe de tournage), et sur un conseil technique et historique. Le ministère de la défense a toutefois refusé, conformément à la réglementation en vigueur, de mettre des militaires à disposition de la production pour faire de la figuration dans le film. Suite aux visites, en l'espace de trois mois, de treize camps de l'armée de terre implantés sur l'ensemble du territoire national, la production a porté son choix sur le camp de la Braconne (Charente), d'une superficie de 380 hectares, situé près d'Angoulême, au milieu d'une forêt domaniale gérée par l'office national des forêts (ONF). La production, qui envisageait d'utiliser environ neuf hectares de l'emprise, a exprimé le souhait, par courrier en date du 9 juillet 2003, de déboiser partiellement le site et de mettre en place les décors dès le 6 octobre 2003 afin que le film puisse sortir en salles le 11 novembre 2004. L'ONF a fait part de son opposition au plan de déboisement envisagé pour l'aménagement du site. Par ailleurs, un audit de pollution réalisé en juin 2003 a conclu que le terrain, ancien réceptacle de tir d'artillerie, prévu pour la reconstitution du décor de tranchées du film, nécessitait des opérations de dépollution, non seulement en surface mais également en profondeur. Ces travaux s'étant révélés incontournables, lourds et coûteux, le général commandant la région terre Sud-Ouest a finalement informé la production, le 27 octobre 2003, que leur mise en oeuvre ne permettait pas de respecter les délais envisagés, particulièrement contraints. En dépit de tous les efforts menés par le ministère de la défense et de sa volonté de contribuer à la réalisation du film, c'est donc essentiellement en raison des contraintes liées à la protection de l'environnement, à la sécurité et au calendrier de travail de la production qu'il n'a pas été possible de poursuivre cette coopération avec la société de production. Pour autant, les relations entre le ministère et la société de production se sont toujours déroulées dans un excellent climat, celle-ci ayant à cet égard remercié l'armée de terre pour sa disponibilité et la qualité de son accueil à l'occasion de chacune de ses visites. En tout état de cause, les difficultés rencontrées sur ce projet ne remettent pas en cause la coopération active du ministère de la défense avec les producteurs de cinéma sur les sujets contribuant au devoir de mémoire. Le ministère de la défense, et en particulier l'armée de terre, étudie en moyenne quarante projets par an, auxquels une réponse favorable est apportée dans la très grande majorité des cas. Le ministère a ainsi soutenu différentes productions d'oeuvres cinématographiques ou de télévision traitant de la Première Guerre mondiale, comme le court-métrage Le puits, tourné sur le terrain militaire d'Épernay (Marne), ou la fiction la Tranchée des espoirs, tournée au camp de Beynes (Yvelines). Dans cette même logique, Un long dimanche de fiançailles a été en partie réalisé sur le terrain de Montmorillon (Vienne) et la Chambre des officiers à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris. Enfin, s'agissant de la thématique abordée dans le film Joyeux Noël, aucun conseil de guerre n'a été convoqué suite aux fraternisations entre les soldats français et allemands. La fraternisation ne constitue pas un sujet tabou au sein des armées. Son évocation permet de rappeler que la haine n'était pas générale parmi les armées engagées et que l'homme est resté au centre de ce conflit collectif malgré l'apparition de moyens de combat nouveaux qui étendaient très fortement les distances sur l'espace de bataille. La publication mensuelle de l'armée de Terre Terre Information Magazine a d'ailleurs ouvert ses colonnes au réalisateur du film Joyeux Noël dans son numéro de décembre 2005, répondant à une demande accordée de longue date.
CR 12 REP_PUB Nord-Pas-de-Calais O