Texte de la QUESTION :
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Et si l'on se chauffait aux céréales ? Innovatrice tout en étant un peu iconoclaste, cette hypothèse est devenue réalité. Fini les corvées de bois, quelques pelletées de blé ou de maïs peuvent suffire à chauffer la maison. Venue des États-Unis et du Canada, cette technique a été importée en France il y a une dizaine d'années. Les poêles spécifiques à ce mode de chauffage sont équipés d'un système de ventilation qui permet de renvoyer de l'air chaud dans l'ensemble de l'habitation. Conçus à l'origine pour fonctionner avec des granulés de bois (mélange de sciure et de résine), certains ont été adaptés pour brûler des céréales. Leurs prix varient de 2 500 à 3 500 euros. Moins chers que le fioul ou les bûches, les granulés de bois et les céréales se révèlent très compétitifs quand le prix du pétrole s'affole. En outre, le blé et le maïs, déjà peu onéreux pour cause de surplus agricoles, sont affectés d'un taux de TVA de 5,5 %, quand celui des combustibles est de 19,6 %. Selon l'Institut technique européen du bois énergie (ITEBE), en 2004, pour chauffer 120 mètres carrés, il en coûtait entre 449 et 660 euros par an avec des granulés, contre 845 euros avec du fioul, 900 avec du bois et 1 260 avec de l'électricité. Les promoteurs du chauffage aux céréales estiment que son prix de revient est proche de celui des granulés de bois. Trois à quatre seaux de blé par jour suffiraient pour chauffer une maison. D'autres atouts sont mis en avant. Les appareils sont faciles à installer : l'absence de suie évite de construire un conduit de fumée, un trou dans le toit suffit pour l'arrivée d'air. les céréales ne sont pas encombrantes à stocker ; les vieux congélateurs font l'affaire et constituent un barrage à l'invasion éventuelle de souris. Restent les déchets : la croûte d'amidon produite par les céréales est certes moins importante en quantité que les cendres de bois, mais il est cependant nécessaire de retirer ces plaques une à deux fois par jour, selon l'importance de la chauffe. Malgré son intérêt manifeste, ce mode de chauffage reste confidentiel en France. L'ITEBE y estime à 10 000 le nombre d'installations de ce type. Deux fabricants français tentent de s'imposer face à la concurrence italienne, suédoise, canadienne et américaine. La plupart de leurs clients se trouvent dans les zones céréalières : Champagne-Ardenne, Bretagne et nord de la France. Car, quand il s'agit du chauffage aux céréales, les agriculteurs se servent directement dans leur grenier. En revanche, difficile de savoir s'ils commercialisent leur blé comme combustible, car de telles pratiques ne semblent pas compatibles avec les règles de la politique agricole commune (PAC). Or cet élément semble particulièrement bloquant pour un développement à destination du grand public d'une telle solution alternative et écologiquement responsable de chauffage. Compte tenu de ces multiples constats, Mme Chantal Robin-Rodrigo demande à Mme la ministre de l'écologie et du développement durable de lui indiquer les mesures urgentes que le Gouvernement entend prendre au bénéfice de ce dossier.
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