FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 825  de  M.   Soulier Frédéric ( Union pour un Mouvement Populaire - Corrèze ) QOSD
Ministère interrogé :  économie
Ministère attributaire :  économie
Question publiée au JO le :  08/06/2004  page :  4141
Réponse publiée au JO le :  09/06/2004  page :  4552
Rubrique :  mort
Tête d'analyse :  pompes funèbres
Analyse :  contrats obsèques. réglementation
Texte de la QUESTION : M. Frédéric Soulier appelle l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur la nécessité de rendre transparentes les propositions de prestations funéraires fournies actuellement par l'ensemble des intervenants du marché, dans le cadre des contrats de prévoyance obsèques, et ce pour garantir la défense des consommateurs et le libre choix, particulièrement pour les personnes âgées. Le marché du service funéraire s'élève à environ 1,5 milliard d'euros. 45 % des décès sont traités par des entreprises privées indépendantes, 25 % par le groupement OGF (PFG, GNEPF, Roblot et Henri de Borniol, réseau Dignité), 17 % par le service public, et 10 % par des franchisés. Ce type de question intéresse donc le plus grand nombre. Aujourd'hui 15 % des décès sont couverts par des « contrats obsèques ». Dans une décennie ces contrats représenteront 60 % (estimations professionnelles). La profession du funéraire stipule que seul un opérateur professionnellement habilité peut créer, présenter et vendre un service funéraire. Aujourd'hui une offre pléthorique de contrat de « prévoyance obsèques » aux contours très flous existe et est proposée par les différents acteurs économiques comme les assureurs, les banques, et les mutuelles, en rapport avec une interprétation de la réglementation. La loi du funéraire 93.23 du 8 janvier 1993 réglemente les contrats d'obsèques par un cadre très général et la circulaire interministérielle d'application du 10 novembre 1997 a tenté d'adapter ce cadre à la réalité économique du marché et cela de manière assez généraliste en vue de satisfaire l'ensemble des intervenants en confirmant l'existence d'un contrat alliant service et assurance vie, sans qu'il y ait la moindre obligation de finalité funéraire. La diffusion commerciale des contrats vie sous les labels les plus divers se référant au funéraire induit en erreur les assurés souscripteurs. La finalité mercantile de ce type de contrat doit être régulée et clarifiée aux niveaux du contenu comme au niveau des groupements d'entreprises funéraires. Clarification de la finalité des contrats dits « sans prestations » en premier lieu, pour que la libre désignation, par le souscripteur, de l'entreprise de pompes funèbres ou d'un groupement d'opérateurs funéraires clairement identifié permette un choix, de même que pour la faculté de désignation de l'ayant droit. Clarification du contenu des contrats dits « contrat en prestation » en second lieu, pour définir clairement l'ensemble des prestations, et ce de façon détaillée, auxquelles aura droit le souscripteur lors de son décès ainsi que la nomination de l'entreprise de pompes funèbres ou de tout mandataire dans le cadre de la loi du 15 novembre 1887 librement choisi. La transparence supprimera de fait le « package » fourre-tout anonyme, tel qu'il existe majoritairement aujourd'hui. Éliminer cette pratique de mutualisation qui fait croire que le surplus de l'un est attribué à l'autre pour faire croire que l'opérateur prend à sa charge le coût réel du service quel qu'en soit le montant. Dans les deux cas stipuler le nom de l'ayant droit en cas de plus-value, ce qui est un fait rarissime aujourd'hui. Au niveau des très nombreux contrats diffusés par les canaux autres que professionnels habilités comme les mutuelles et organismes financiers, faire que la liberté de choix de l'opérateur par l'assuré souscripteur soit une obligation afin de supprimer toute entente illicite et monopolistique, le délai de réflexion de sept jours restant obligatoire pour la validation contractuelle. Aussi il lui est demandé, pour clarifier et rendre transparentes les différentes pratiques qui prévalent aujourd'hui, s'il envisage l'évolution et la modification de la circulaire interministérielle d'application du 15 novembre 1997, permettant à la fois de réguler un marché libre concurrentiel au profit des consommateurs et d'éviter des pratiques et des abus de positions dominantes aboutissant à des monopoles.
Texte de la REPONSE :

RÉGLEMENTATION
DES CONTRATS DE PRÉVOYANCE OBSÈQUES

M. le président. La parole est à M. Frédéric Soulier, pour exposer sa question, n° 825, relative à la réglementation des contrats de prévoyance obsèques.
M. Frédéric Soulier. Monsieur le secrétaire d'État au budget et à la réforme budgétaire, je souhaiterais appeler l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur la nécessité de rendre transparentes les propositions de prestations funéraires fournies actuellement dans le cadre des contrats de prévoyance obsèques. Il y va de la défense des consommateurs et de leur libre choix, en particulier celui des personnes âgées.
Le marché du service funéraire s'élève à environ 1,5 milliard d'euros. Je précise que 45 % des décès sont traités par des entreprises privées indépendantes, 25 % par le groupement OGF - PFG, GNEPF, Roblot et Henri de Borniol, réseau Dignité -, 17 % par le service public, et 10 % par des franchisés. Aujourd'hui, 15 % des décès sont couverts par des " contrats obsèques ". Mais, d'après les estimations des professionnels, ils devraient être 60 % dans une décennie.
En principe, seul un opérateur professionnellement habilité peut créer, présenter et vendre un service funéraire. Pourtant, une offre pléthorique de contrats de " prévoyance obsèques " est désormais proposée par différents acteurs économiques, comme les banques et les mutuelles, en raison d'une interprétation de la réglementation. La loi du 8 janvier 1993 relative au domaine funéraire fixe un cadre très général aux contrats d'obsèques et la circulaire interministérielle d'application du 10 novembre 1997, qui tendait à adapter ce cadre à la réalité économique du marché, est elle aussi restée très générale pour satisfaire l'ensemble des intervenants. Elle a notamment confirmé l'existence d'un contrat alliant assurance-vie et service, mais sans qu'il y ait la moindre obligation de finalité funéraire.
La diffusion commerciale des contrats de ce type sous les labels les plus divers se référant au funéraire induit en erreur les assurés souscripteurs. C'est pourquoi elle doit être régulée. De même, une clarification s'impose : clarification de la finalité des contrats dits " sans prestation ", en premier lieu, pour que le souscripteur puisse librement désigner à la fois l'entreprise de pompes funèbres - ou un groupement d'opérateurs funéraires clairement identifié - et ses ayants droit ; clarification du contenu des contrats dits " contrat en prestation ", en second lieu, pour définir de façon détaillée l'ensemble des prestations auxquelles aura droit le souscripteur ainsi que l'entreprise de pompes funèbres ou son mandataire.
La transparence supprimera de fait le " package " fourre-tout anonyme, tel qu'il existe majoritairement aujourd'hui. Elle éliminera aussi une pratique de mutualisation qui fait croire que le surplus de l'un est attribué à l'autre et que l'opérateur prend à sa charge le coût réel du service, quel qu'en soit le montant. Obligation doit être faite aux très nombreux contrats diffusés par les canaux autres que les professionnels habilités, tels les mutuelles et les organismes financiers, de respecter la liberté de choix de l'opérateur par l'assuré souscripteur, afin de supprimer toute entente illicite et monopolistique, étant entendu que le délai de réflexion de sept jours sera maintenu.
Pour clarifier et rendre transparentes les différentes pratiques qui prévalent aujourd'hui, le Gouvernement envisage-t-il la modification de la circulaire interministérielle d'application du 15 novembre 1997, dans le but à la fois de réguler un marché libre et concurrentiel au profit des consommateurs, et d'éviter des pratiques et des abus de positions dominantes aboutissant à des monopoles ?
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État au budget et à la réforme budgétaire.
M. Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat au budget et à la réforme budgétaire. C'est à juste titre, monsieur le député, que vous avez appelé l'attention de Nicolas Sarkozy et la mienne sur les problèmes posés par le récent développement des contrats obsèques. Parce qu'il touche un domaine particulièrement sensible, celui de la préparation de la fin de la vie, ce sujet mérite toute notre attention.
Je rappelle que les personnes qui souhaitent préparer leurs obsèques se voient aujourd'hui offrir plusieurs types de contrat : soit un contrat dont la finalité sera de garantir le versement d'un capital au moment du décès du souscripteur - sans qu'il soit nécessaire que ce capital soit affecté à la réalisation des obsèques ; soit un contrat proposé par une entreprise de pompes funèbres sur la base d'un devis de prestations funéraires précis et dont la réalisation sera garantie par un contrat d'assurance ; soit, enfin, un contrat proposé par un organisme financier qui garantit le versement d'une somme forfaitaire qui permettra de faire réaliser les obsèques suivant un descriptif établi à l'avance par une entreprise de pompes funèbres, partenaire de l'organisme financier.
Le développement rapide et récent de nombreux contrats obsèques a, comme vous le soulignez, fait émerger plusieurs problèmes relatifs à la protection du consommateur et à la concurrence. La transparence des contrats et l'information de nos concitoyens ne sont actuellement pas facilitées. Ainsi, la dénomination de certains contrats laisse croire aux consommateurs qu'ils permettront d'organiser et de financer les obsèques alors que ce ne sont en fait que des contrats classiques d'assurance-vie. De même, les clauses financières des contrats ne sont pas toujours suffisamment précises. Elles n'indiquent pas clairement par exemple si un supplément financier pourra être exigé au moment des obsèques ou si le capital souscrit couvre l'intégralité des prestations funéraires. En outre, certains contrats interdisent toute modification des prestations funéraires alors que la vie du contrat peut être très longue. Enfin, la nature et la qualité des prestations ne sont pas toujours garanties.
À ces éléments d'incertitude s'ajoute le partenariat de plus en plus fréquent entre des entreprises de pompes funèbres importantes et plusieurs établissements financiers. Dans la mesure où les contrats proposés concernent une clientèle plus large, ce partenariat peut affecter la " fluidité " du marché et altérer les conditions de concurrence, notamment par une unification des conditions tarifaires et des prestations offertes.
Le Gouvernement mesure parfaitement les évolutions qui se dessinent sur ce marché et qui sont de nature à en modifier profondément le fonctionnement. Nous devons en effet remédier à ces difficultés. La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes du ministère des finances a engagé une concertation et une réflexion avec l'ensemble des parties concernées par ces contrats. Cette démarche a permis de recenser les difficultés soulevées par ces contrats, que je viens de vous exposer. Le ministère de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales anime pour sa part, en concertation avec le ministère des finances, un groupe de travail créé par le Conseil national des opérations funéraires. Dans ce cadre, le ministère de l'intérieur a proposé que le Conseil de la concurrence puisse être saisi pour avis sur les contrats obsèques et leur impact sur le fonctionnement du marché.
Les réflexions engagées ont mis en évidence la nécessité de clarifier les différentes possibilités offertes aux consommateurs pour préparer leurs obsèques. Il convient désormais d'agir dans la concertation avec toutes les parties concernées, en recourant, si nécessaire, aux modifications législatives et réglementaires. Ce travail de concertation est d'ores et déjà entamé et aboutira au cours des prochains mois. Je ne manquerai pas, monsieur le député, de vous en tenir informé.
M. le président. La parole est à M. Frédéric Soulier.
M. Frédéric Soulier. Monsieur le secrétaire d'État, pour organiser la fin de sa vie, il faut pouvoir anticiper. C'est pourquoi je vous remercie de votre réponse qui réaffirme la volonté de clarification qui anime le Gouvernement dans ce domaine, et je me réjouis de son intention d'agir en concertation avec la profession.

UMP 12 REP_PUB Limousin O