FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 879  de  M.   Bascou Jacques ( Socialiste - Aude ) QOSD
Ministère interrogé :  justice
Ministère attributaire :  justice
Question publiée au JO le :  05/10/2004  page :  7655
Réponse publiée au JO le :  06/10/2004  page :  7459
Rubrique :  justice
Tête d'analyse :  tribunaux
Analyse :  Narbonne. fonctionnement. effectifs de personnel
Texte de la QUESTION : M. Jacques Bascou appelle l'attention de M. le garde des sceaux, ministre de la justice, sur le manque criant de moyens et de personnel du tribunal de Narbonne au regard de l'augmentation permanente de sa charge de travail, du non-remplacement de magistrats du siège et de l'élargissement de ses attributions. Certes, sur le papier, on n'enregistre « aucune vacance de postes de magistrats » puisque l'effectif budgétaire, inchangé depuis des années, semble effectivement pourvu. Cependant le poste de juge d'application des peines, créé budgétairement, reste vacant et un poste de vice-président, apparaissant en sureffectif, est pour moitié mis à disposition de la principauté d'Andorre. Le manque d'effectifs, particulièrement sensible dans les petites juridictions, est aggravé par deux phénomènes liés à l'accroissement des affaires traitées par la place judiciaire de Narbonne. Ils tiennent, d'une part, à l'expansion permanente de la population du littoral méditerranéen et, d'autre part, à la situation de frontière maritime de Narbonne. Son tribunal doit ainsi traiter tout le contentieux des étrangers en situation irrégulière dans le département de l'Aude, le centre de rétention départemental de Port-la-Nouvelle étant de son ressort. D'autre part le tribunal a de nouvelles attributions. La plus grande partie du contentieux des mineurs a ainsi été transférée de Carcassonne à Narbonne sans véritable création d'un poste de juge pour enfants. Cette fonction a été assurée par la transformation d'un poste de magistrat du siège. On observe le même processus de transformation d'un poste existant en poste de juge des libertés et de la détention, avec des conséquences notamment sur l'organisation des audiences correctionnelles. Cette technique de glissement de poste masque de moins en moins le manque criant d'effectifs du tribunal de Narbonne dont tous les ratios d'affaires nouvelles par an et magistrat sont largement au-dessus des moyennes nationales. Au nom de l'égalité d'accès des justiciables à la justice il renouvelle sa demande pour que les effectifs du tribunal de Narbonne soient considérés à la hauteur de ses besoins réels dans le cadre de la localisation des emplois de magistrats prévue courant 2005. L'an prochain doit voir en effet l'ouverture de la nouvelle cité judiciaire de Narbonne. Il souhaiterait savoir si le Gouvernement a l'intention de faire en sorte que son ouverture puisse se faire avec le personnel nécessaire à une administration de la justice à la hauteur de ce bel équipement.
Texte de la REPONSE :

EFFECTIFS DU TRIBUNAL DE NARBONNE

M. le président. La parole est à M. Jacques Bascou, pour exposer sa question, n° 879, relative aux effectifs du tribunal de Narbonne.
M. Jacques Bascou. Madame la secrétaire d'État aux droits des victimes, je souhaitais appeler l'attention de M. le garde des sceaux, ministre de la justice, sur le manque criant de moyens et de personnel du tribunal de Narbonne au regard de l'augmentation permanente de sa charge de travail et de l'élargissement de ses attributions.
Sur le papier, il n'existe " aucune vacance de postes de magistrats " puisque l'effectif budgétaire, inchangé depuis des années, semble effectivement pourvu. En réalité, le poste de juge d'application des peines, créé budgétairement, reste vacant, et un poste de vice- président, apparaissant en sureffectif, est, pour moitié, mis à disposition de la principauté d'Andorre.
Ce manque d'effectifs est aggravé par deux phénomènes liés à l'accroissement des affaires traitées par la place judiciaire de Narbonne. Ils tiennent, d'une part, à l'augmentation constante de la population du littoral méditerranéen, à son vieillissement, à la présence de populations défavorisées et à la situation de frontière maritime de Narbonne. Le tribunal doit ainsi traiter le contentieux des étrangers en situation irrégulière dans tout le département ; le centre de rétention de Port-la-Nouvelle étant de son ressort. Ce dernier s'est vu affecter cinq fonctionnaires supplémentaires, ce qui, bien sûr, accroîtra l'activité.
D'autre part, le tribunal a de nouvelles attributions. La plus grande partie du contentieux des mineurs a ainsi été transférée de Carcassonne à Narbonne, sans création d'un poste de juge pour enfant. Cette fonction est assurée par la transformation d'un poste de magistrat du siège. On observe le même processus de transformation d'un poste existant en poste de juge des libertés et de la détention, avec des conséquences notamment sur l'organisation des audiences correctionnelles.
Cette technique de glissement de postes masque de moins en moins l'insuffisance des effectifs du tribunal de Narbonne, dont tous les ratios d'affaires nouvelles, par an et par magistrat, sont largement supérieurs aux moyennes nationales.
Au nom de l'égalité d'accès des justiciables à la justice, je me permets de renouveler ma demande pour que les effectifs du tribunal de Narbonne soient considérés à la hauteur de ses besoins réels dans le cadre de la localisation des emplois de magistrats prévue en 2005.
L'ouverture de la nouvelle cité judiciaire de Narbonne est prévue pour l'an prochain. Le Gouvernement a-t-il l'intention de faire en sorte que son ouverture puisse avoir lieu avec le personnel nécessaire à une administration de la justice à la hauteur de ce bel équipement ?
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État aux droits des victimes.
Mme Nicole Guedj, secrétaire d'État aux droits des victimes. Monsieur le député, je vous prie d'abord de bien vouloir excuser l'indisponibilité de M. le garde des sceaux, qui m'a demandé de répondre à votre question.
L'effectif budgétaire du tribunal de grande instance de Narbonne comprend sept magistrats du siège et trois magistrats du parquet.
Un poste de substitut est actuellement vacant, depuis le 1er septembre 2004, à suite de la nomination de ce magistrat en avancement au poste de vice-procureur de la République placé auprès du procureur général près la Cour d'appel de Montpellier. La Chancellerie étudie actuellement la possibilité de pourvoir cet emploi dès les prochains mouvements de magistrats.
Les charges de travail individuelles de ces neuf magistrats se situent dans la moyenne des 54 juridictions classées au " premier grade ", dont 29 disposent d'un tribunal pour enfants.
Ainsi, le nombre d'affaires nouvelles attribuées en 2003 à chaque magistrat du tribunal de grande instance de Narbonne est certes supérieur à la moyenne nationale des juridictions de même taille pour le traitement des contentieux civils et le juge d'instruction, mais, en revanche, il est inférieur à la moyenne nationale pour le juge des enfants et le juge de l'application des peines.
S'agissant des magistrats du parquet, le nombre d'affaires " poursuivables " est supérieur à la moyenne nationale, mais cette juridiction n'a pas d'établissement pénitentiaire dans son ressort et n'est pas le siège d'une cour d'assises.
Il ne m'est pas possible, dès à présent, de préciser dans quelle mesure cette juridiction bénéficiera, en 2005, de créations d'emplois de magistrats.
Dans le ressort de la cour d'appel de Montpellier, d'autres juridictions connaissent des charges de travail individuelles nettement plus importantes, notamment, le tribunal de grande instance de Montpellier.
Je peux cependant vous assurer que la situation du tribunal de grande instance de Narbonne fera l'objet d'une attention toute particulière lors de la préparation des prochaines localisations de postes.
M. le président. La parole est à M. Jacques Bascou.
M. Jacques Bascou. Je voudrais, madame la secrétaire d'État, si vous le permettez, contester quelques chiffres.
Le contentieux du juge aux affaires familiales a augmenté depuis cinq ans de 20 %. Le ratio moyen national du contentieux familial est de 222 affaires nouvelles. Le JAF de Narbonne a traité 359 affaires !
Au civil, le ratio national des affaires nouvelles par magistrat est de 168, contre 269 à Narbonne, soit un chiffre bien supérieur à celui de Montpellier.
Le tribunal d'instance ne dispose que d'un seul juge, contre trois dans des parquets qui traitent un volume équivalent d'affaires.
Au-delà de ces chiffres, je voudrais vous faire remarquer qu'il n'y a pas eu de création de poste de juge pour enfants, un juge du siège faisant office de juge pour enfants. Le solde se traduit donc par un juge en moins.
Pour que le tribunal de Narbonne puisse fonctionner, le poste vacant devrait d'abord être pourvu. J'ai pris acte de votre intention d'étudier la possibilité de pourvoir ce poste dès les prochains mouvements de magistrats. Ensuite, deux nouveaux postes devraient être budgétés : un pour le tribunal d'instance et l'autre pour le TGI.
La création de 100 postes de magistrats est annoncée dans le projet de budget pour 2005. Je compte donc sur vous pour que la situation du tribunal de Narbonne soit prise en considération.
SOC 12 REP_PUB Languedoc-Roussillon O