PRISE EN CHARGE DES PERSONNES ATTEINTES
DE POLYARTHRITE RHUMATOÏDE
M. le président. La
parole est à M. Jean-Claude Flory pour exposer sa question, n° 87, relative
à la prise en charge des personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde.
M. Jean-Claude Flory.
J'appelle l'attention de M. le ministre de la santé, de la famille et des
personnes handicapées sur la situation préoccupante des malades atteints de
polyarthrite rhumatoïde. Cette maladie touche quelque 250 000 personnes en
France, plus particulièrement les femmes. Un tiers environ de ces malades sont
en statut d'invalidité à des degrés divers.
La polyarthrite est une maladie
déformante, ankylosante voire destructrice. Elle lèse l'appareil locomoteur et
entraîne des atteintes articulaires qui rendent les actes de la vie courante
particulièrement difficiles, parfois impossibles. Elle se caractérise par une
évolution lente marquée par des poussées, des crises inflammatoires aigües, des
périodes d'accalmies et des rechutes qui laissent de graves séquelles,
elles-mêmes évolutives le plus souvent vers un handicap fonctionnel. Aussi, les
malades ont-ils recours fréquemment à la chirurgie préventive, réparatrice et
visant à rétablir une certaine capacité fonctionnelle.
Les traitements de fond préconisés
pour freiner l'évolution de la maladie, à savoir les corticoïdes et les
anti-inflammatoires non stéroïdiens exposent en outre à des effets secondaires
parfois graves et encore mal définis.
Il s'agit donc d'une maladie longue
et difficile à diagnostiquer qui se soigne mais ne se guérit pas. Son coût
social est élevé puisque, d'une manière générale, les personnes touchées doivent
quitter leur activité professionnelle dans les dix ans suivant le diagnostic. La
polyarthrite est ainsi, et on le comprend bien, très mal vécue par les personnes
qui en sont atteintes, compte tenu des douleurs quasi quotidiennes qu'elles
occasionnent et de sa progression possible vers la dépendance, difficultés
auxquelles s'ajoute l'incompréhension fréquente de l'entourage et la
méconnaissance générale de cette pathologie.
En effet, la polyarthrite
rhumatoïde est une affection encore mal connue du grand public qu'elle mobilise
peu. Les médias semblent ne pas appréhender les difficultés réelles qu'elle pose
et restent largement dépendants d'idées reçues et d'amalgames entre les
rhumatismes, réputés inoffensifs, les phénomènes d'usure liés au vieillissement
ou l'ostéoporose. Les recherches fondamentales et cliniques sur cette maladie ne
bénéficient pas en outre de crédits suffisants.
La polyarthrite rhumatoïde doit
être reconnue comme une priorité de santé publique et bénéficier de
l'attribution de moyens financiers spécifiques - dont il faut espérer une
répartition équitable entre les différentes structures hospitalières - afin
de garantir l'accessibilité de tous les malades à la palette des traitements
proposés, et notamment à ceux qui ont été récemment découverts.
En conséquence, je souhaite
connaître les mesures que le Gouvernement entend prendre afin de favoriser une
meilleure prise en charge des malades : traitements médicaux, organisation des
réseaux de soins, recherche - fondamentale et clinique - amélioration
des aspects socioprofessionnels liés à la maladie.
M. le président. La
parole est à M. le ministre délégué à la famille.
M. Christian Jacob, ministre délégué à la famille. Monsieur le
député, je vous prie d'excuser l'absence de Jean-François Mattei. Il aurait
souhaité vous répondre lui-même mais il est retenu au ministère.
Comme vous l'avez indiqué, la
polyarthrite rhumatoïde est le plus fréquent des rhumatismes inflammatoires
chroniques de l'adulte. Cette maladie sévère, douloureuse, éprouvante
physiquement et psychologiquement, mérite de la part du système de santé dans
son ensemble un effort bien particulier.
Plusieurs actions entreprises par
le Gouvernement contribuent à l'amélioration de sa prise en charge.
La première vise à faciliter
l'accès aux médicaments innovants, tels les anti-TFN, pour les patients dont la
maladie résiste aux traitements habituels. Les coûts de ces médicaments sont
particulièrement élevés - 9 000 euros par an et par patient -
mais ils apportent une amélioration spectaculaire de l'état des malades, malgré
des effets indésirables parfois importants.
Conscient de leur utilité, le
ministre de la santé a décidé d'accentuer en 2003 l'effort déjà engagé pour
financer la montée en charge de ces nouveaux produits à l'hôpital en y
consacrant une enveloppe de 200 millions d'euros supplémentaires. Cette
mesure sera accompagnée d'un dispositif de suivi des patients traités par les
anti-TFN.
Au-delà de l'effort
effectué par l'hôpital, la commercialisation de ces nouvelles molécules en ville
viendra renforcer les possibilités d'accès à ces traitements innovants et
permettra à un plus grand nombre de patients d'en bénéficier.
Jean-François Mattei souhaite
atteindre l'objectif de 10 000 patients traités en 2003, alors que nous
sommes aujourd'hui à peine à la moitié.
La seconde action vise à créer les
conditions favorables à une meilleure organisation de la réponse apportée aux
patients par le développement des réseaux de santé. Il est question, là, j'y
insiste, des réseaux de santé et non des réseaux de soins. Ils sont
particulièrement adaptés à la prise en charge des maladies chroniques
invalidantes car ils permettent d'assurer la continuité de cette prise en charge
entre les secteurs sanitaire et médico-social et, au sein même du secteur
sanitaire, entre la ville et l'hôpital.
C'est pourquoi Jean-François Mattei
a apporté une attention particulière à l'élaboration et à la publication -
intervenue il y a quelques semaines - des textes réglementaires qui
précisent l'organisation des réseaux de santé et leur permettent de disposer
d'un financement régional défini en commun par l'ARH et par l'URCAM. Il a
simultanément décidé d'en doubler le montant pour l'année 2003 : celui-ci
s'établira à hauteur de 46 millions d'euros.
C'est une avancée notable, au
bénéfice évident de tous les patients car, par-delà l'accroissement de l'arsenal
thérapeutique, la prise en charge globale par une équipe pluridisciplinaire
constitue actuellement la meilleure approche thérapeutique des rhumatismes
inflammatoires chroniques et, en particulier, de la polyarthrite rhumatoïde.
Tels sont les éléments que
souhaitait porter à votre connaissance Jean-François Mattei sur ce sujet.
J'espère, monsieur le député, qu'ils vous ont apporté une réponse
satisfaisante.
M. le président. La
parole est à M. Jean-Claude Flory.
M. Jean-Claude Flory.
Pour l'exercice 2002, 44 millions d'euros ont été affectés au
traitement de cette pathologie spécifique. Malheuresement, la répartition de ces
crédits opérée par les agences régionales d'hospitalisation au niveau de chacune
de nos grandes régions françaises n'a pas permis de couvrir partout la totalité
des soins. Pour certains malades, l'application de cette mesure prise au niveau
national a donc dû être différée.
Pour 2003, il faudra être
particulièrement attentif à la bonne répartition des crédits afin qu'ils
correspondent aux besoins de chaque région pour le traitement de cette
pathologie.