FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 886  de  M.   Goldberg Pierre ( Député-e-s Communistes et Républicains - Allier ) QOSD
Ministère interrogé :  santé
Ministère attributaire :  santé
Question publiée au JO le :  05/10/2004  page :  7656
Réponse publiée au JO le :  06/10/2004  page :  7453
Rubrique :  établissements de santé
Tête d'analyse :  hôpitaux
Analyse :  fonctionnement. effectifs de personnel. Montluçon
Texte de la QUESTION : M. Pierre Goldberg appelle l'attention de M. le ministre de la santé et de la protection sociale sur la première tranche de la modernisation du centre hospitalier général de Montluçon. Hélas, terminée depuis longtemps, cette belle et utile réalisation ne fonctionne pas par manque de moyens humains, donc de postes d'agents hospitaliers. Une technologie ultra-moderne capable de déceler la maladie, capable d'y faire face, bref, capable de venir soutenir toutes celles et tous ceux qui sont atteints dans leur santé est aujourd'hui stérile car ne fonctionnant pas en l'absence de moyens humains, donc de postes d'agents hospitaliers. L'excellent travail, réalisé par les administrateurs, la direction, les médecins, les infirmiers et aides-soignants, le personnel technique et administratif, les représentants du personnel et les organisations syndicales, prévoyait au minimum l'attribution de plus de 120 postes, sans lesquel ce nouvel outil ne fonctionnerait qu'au rabais. Le Gouvernement n'a t'il pas les moyens financiers de faire face aux 127 postes absolument indispensables à notre hôpital et tout spécialement pour l'ouverture de la première tranche ? Fort de cette réalité incontestable, il lui demande instamment de prendre une décision dans les meilleurs délais, mais surtout et encore plus de prendre une décision qui permette un fonctionnement efficace et entier de la première tranche de modernisation de notre hôpital public, première tranche aujourd'hui, scandaleusement inutilisée.
Texte de la REPONSE :

FONCTIONNEMENT DU CENTRE HOSPITALIER
DE MONTLUÇON

M. le président. La parole est à M. Pierre Goldberg, pour exposer sa question, n° 886, relative au fonctionnement du centre hospitalier de Montluçon.
M. Pierre Goldberg. Le fait que deux questions concernent l'hôpital public n'est pas bon signe. Par ailleurs, je constate que le ministre de la santé est absent.
Ma question a été appuyée, dans ses grandes lignes, par près de cinq cents personnes rassemblées hier, par mes soins, à Montluçon. Quand on veut tuer son chien, on l'accuse d'avoir la rage, dit l'adage populaire, dont je me demande s'il ne s'applique pas aux hôpitaux publics.
Pourquoi suis-je aussi sévère ? Dans la région de Montluçon - 180 000 utilisateurs potentiels -, a été réalisée avec le soutien de l'État et de tous les partenaires concernés une première tranche de modernisation de haut niveau, comprenant des technologies médicales nouvelles, qui fait la fierté de tous. La communauté hospitalière - médecins, infirmières, aides-soignants - a décidé, en accord avec les syndicats - et je les ai appuyés en tant que président du conseil d'administration - qu'environ cent vingt postes étaient nécessaires pour la faire fonctionner. Or, le maire UMP de Montluçon, qui avait voté cette délibération du CA, l'a reniée et a demandé une commission d'enquête. Que dit celle-ci ? Non seulement vous n'aurez pas ces cent vingt postes, mais vous en avez cent quatorze de trop !
Pour justifier cette proposition injustifiable, le ministre de la santé, appuyé par le maire de Montluçon, avance les arguments suivants.
On nous dit qu'il y aurait trop de postes dans l'hôpital. Or 600 repos compensateurs n'ont pu être pris et, cet été encore, de nombreux services ont dû fermer, faute de personnels.
Aucun poste n'est prévu pour la nouvelle tranche, qui serait trop coûteuse, parce qu'on aurait vu trop grand. Or j'ai fait étudier tous les ratios nationaux rapportés à cette première tranche. Et je puis vous fournir, document à l'appui, la preuve que nous sommes en dessous de ces ratios nationaux.
Créer 120 postes serait trop onéreux, nous dit-on encore. Mais qui ne sait lire aujourd'hui Les Échos, Le Monde ou L'Humanité, ou les autres journaux ? On y apprend que, financièrement parlant, l'industrie et les grands groupes financiers d'assurance sont florissants. Par exemple Axa, qui va sans doute se réjouir des problèmes que vous créez à la sécurité sociale, a enregistré 600 % d'augmentation en 2003 ! Michelin, 101 % ! Peugeot, 31 % ! Renault, 21% ! Et ces résultats assurent à l'État 5 à 7 milliards de rentrées fiscales supplémentaires. Une partie infinitésimale suffirait donc pour financer ces postes.
J'appelle donc le Gouvernement à prendre les décisions suivantes :
- ouvrir sans retard de nouveaux services dans notre hôpital, ce qui contribuerait à relancer son activité. Je signale cependant que, contrairement à ce que l'on nous a dit, cette dernière n'a pas baissé. Le nombre des séjours est à peu près stable, le nombre des personnes accueillies pour une journée a augmenté de 4 %, celui des personnes accueillies au service des urgences, souvent des personnes modestes, est de 30 000 par an.
- assurer un fonctionnement efficace et complet de la première tranche de modernisation de notre hôpital. Personne n'a dit que la demande de 127 postes par la communauté hospitalière, et je le dis en prenant mes responsabilités, n'était pas négociable. Discutons !
- abandonner clairement l'idée de supprimer éventuellement 114 postes.
De telles décisions doivent être prises rapidement. Elles répondent aux besoins de fonctionnement de notre hôpital, aux attentes du personnel et de ses représentants, comme à celles des 180 000 usagers potentiels que sont les habitants de la région de Montluçon. Cette dernière, enfin, a besoin de s'équiper et la position gouvernementale y est très largement combattue. D'ailleurs, lors de la réunion d'hier soir, étaient présents des élus UDF comme UMP, qui déploraient une telle situation.
Il faut ouvrir cette première tranche sans attendre le résultat de la commission mise en place par le maire de Montluçon avec l'appui du ministre de la santé, cette commission complètement illégale qui méprise le conseil d'administration, le comité technique d'établissement et la commission médicale d'établissement. Sinon, le très fort mécontentement qui s'est exprimé largement hier au soir ne pourra qu'aller croissant.
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État aux personnes handicapées.
Mme Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'État aux personnes handicapées. Monsieur le député Goldberg, vous venez de nous brosser un vaste tableau de la situation de l'hôpital de Montluçon, telle que vous l'appréhendez.
II y a quelques mois, le président du conseil d'administration de l'hôpital, M. Daniel Dugléry, et le sénateur Gérard Dériot sont venus faire part à Philippe Douste-Blazy de leur extrême préoccupation face aux difficultés que rencontrait l'établissement.
Le ministre de la santé et de la protection sociale, au vu des éléments qui lui étaient fournis, a aussitôt demandé à ses services de conduire rapidement une véritable mission d'appui au sein de l'établissement.
Cette mission, composée de professionnels de terrain indépendants, s'est rendue sur place à partir de mai dernier. Elle avait pour objectifs d'examiner l'adéquation des nouveaux aménagements architecturaux de la première phase de la restructuration au regard de plusieurs paramètres : les organisations du travail, l'effectivité de la mise en oeuvre des préconisations de l'IGAS concernant les effectifs, ainsi que l'identification des axes du projet médical permettant de consolider et d'améliorer l'activité de l'établissement.
Une analyse précise des effectifs a également été réalisée en vue de l'ouverture de cette première phase.
L'ensemble de ce travail, adossé strictement aux documents remis par le centre hospitalier et au rapport de l'IGAS, est communiqué aujourd'hui même au conseil d'administration de l'établissement. Cela me permet de vous en livrer quelques éléments.
Au plan architectural, la première phase de la restructuration est largement surdimensionnée au regard des besoins. Les surfaces ont été multipliées jusqu'à 2,1 fois pour certains services, le tiers des nouvelles surfaces étant dédié aux halls et circulations. Simultanément, le centre hospitalier a affiché une baisse continue d'activité de plus de 12% depuis 1999 et un allongement de sa durée moyenne de séjour. De plus, pendant cette même période, on a noté une progression très importante des effectifs, de plus de 18%.
Vous comprendrez que la demande d'augmentation des effectifs de 40 % pour les services concernés, alors que l'activité est en baisse, n'est pas directement compréhensible.
Le document remis aujourd'hui comporte onze préconisations. J'en retiendrai trois.
Premièrement, la confirmation de l'établissement dans son rôle d'établissement " pivot ". C'est un bon établissement, qui remplit sa fonction. Il s'agit de le conforter et de l'aider à se développer. La construction du pôle gérontologique sur le seul site de Courtais et la fusion des sites Jean Billaud et Chatelard pour la psychiatrie sur le site Paul Carnot y contribueront.
Deuxièmement, la nécessaire réécriture du projet médical et d'établissement avec la mise en place d'une gouvernance adaptée à l'établissement, et menant à reprofiler la phase 2. Ce projet médical devra s'appuyer sur une synergie entre les secteurs public et privé, nécessaire et incontournable, notamment pour la maternité et l'IRM.
Troisièmement, l'octroi d'effectifs supplémentaires, à adapter au calendrier du projet d'établissement. La mission, indépendante je le rappelle, estime ce besoin à 3,7 postes d'infirmiers pour le plateau de chirurgie ambulatoire, 2,5 postes de sages-femmes, un cadre, 2 secrétaires médicaux et un technicien biomédical.
Ces préconisations doivent faire l'objet, à partir d'aujourd'hui, de discussions et de concertation au sein de l'établissement. Un comité stratégique et de développement rassemblant les différents acteurs concernés sera constitué, conduisant l'ensemble des professionnels à se déterminer dans un projet d'avenir confirmant dans son rôle cet établissement, important pour sa région.
Soyez assuré, monsieur le député, que les difficultés du centre hospitalier de Montluçon font l'objet de toute l'attention requise, et que le ministre de la santé et de la protection sociale veillera, avec le président du conseil d'administration et tous les élus et professionnels concernés, à aider cet établissement dans son développement.
M. le président. La parole est à M. Pierre Goldberg.
M. Pierre Goldberg. Madame la secrétaire d'État, la mission qui s'est rendue sur place est restée en tout et pour tout, selon les deux syndicats, CGT et FO, deux jours. Pour ma part, j'ai parlé de cinq jours. C'est en tout cas hors de proportion avec l'année de travail accomplie par les médecins, les infirmières, de la direction et des syndicats, qui concluent à la nécessité de créer 127 postes. Et ce n'est pas sérieux.
Vous avez utilisé l'expression " largement surdimensionnée ". Or, selon les ratios nationaux, pour un établissement comparable à celui de Montluçon, on admet 108 mètres carrés par lit ; il y en a 83 !
Vous n'êtes pas revenue sur la question des coûts. Selon les ratios nationaux, il est de 160 000 euros par mètre carré ; il est à Montluçon de 130 000 !
Vous avez parlé d'établissement " pivot ", et je vous en remercie. Mais vous préconisez la création de 9,5 postes ! Madame, le feu est aux poudres...
Enfin, vous évoquez des discussions et une concertation au sein de l'établissement. A l'heure où je vous parle, se tient à la sous-préfecture une réunion, avec le président du conseil d'administration et quelques élus " triés ", on ne sait comment, parmi les représentants du personnel. Or ni la commission médicale de l'établissement, ni le comité technique d'établissement n'en ont été informés ; c'est pourquoi je me suis permis de dire qu'une telle commission était illégale.
Quoi qu'il en soit, il faut bien des discussions et une concertation. Mais vite, au sein de l'établissement, et pour aboutir à un résultat plus sérieux, plus responsable. Actuellement, la tension est énorme.
Madame la secrétaire d'État, votre intervention relevait du bon sens. Mais ces locaux, qui sont terminés depuis le mois de mars, ne sont pas ouverts ! Dans la ville, l'impression que donnent ceux qui ont en charge les affaires du pays est catastrophique !

CR 12 REP_PUB Auvergne O