AVENIR DE LA CLINIQUE VAUBAN À
LIVRY-GARGAN
EN SEINE-SAINT-DENIS
M. le président. La
parole est à M. Eric Raoult, pour exposer sa question, n° 89, relative
à l'avenir de la clinique Vauban à Livry-Gargan en Seine-Saint-Denis.
M. Eric Raoult. Ma
question s'adresse au ministre de la santé, mais elle concerne tout autant
M. le ministre délégué à la famille qui, juste hasard des choses, est
présent ce matin.
Monsieur le
ministre, la clinique Vauban est située dans la commune de Livry-Gargan, en
Seine-Saint-Denis. Créée en 1960, elle a été reprise en 1995 par un groupe
privé qui a hélas déposé son bilan, en juillet 2002, auprès du tribunal de
commerce de Bobigny. Le sort et le devenir de cette clinique se jouent dans les
prochains jours. Elle ne doit pas fermer ses portes pour au moins trois
raisons.
La première est que les
services de la clinique répondent à un besoin réel de la population de ce
département défavorisé. Chaque année, 1 400 enfants y naissent. Le service
maternité comprend trente lits et celui de chirurgie, quarante-huit. La présence
vingt-quatre heures sur vingt-quatre - c'est rare ! - et sept jours
sur sept - ça l'est encore plus - de médecins accoucheurs et
chirurgiens, en fait un des premiers centres de santé du secteur géographique de
l'arrondissement du Raincy. En outre, avec quinze cents interruptions
volontaires de grossesse réalisées par an, la clinique est le premier centre
d'intervention de tout le département de la Seine-Saint-Denis.
La deuxième raison est la grave
perturbation qu'entraînerait la fermeture de cette clinique pour l'accès au soin
dans ce secteur géographique. En effet, le nord-est du département comprend,
hormis la clinique Vauban, deux autres cliniques, l'une à Rosny-sous-Bois et
l'autre aux Pavillons-sous-Bois, dont les fermetures sont envisagées par les
services de la DDASS. Fermer simultanément ces trois établissements non
seulement serait perçu par les patients et la population concernés comme un
véritable drame, mais également entraînerait un engorgement des autres
structures existantes au niveau des hôpitaux et notamment de l'hôpital de
Montfermeil et de Bondy, qui, dans l'état actuel, seraient incapables d'assurer
leurs missions.
La troisième
raison, enfin, est que la fermeture de la clinique Vauban entraînerait la
disparition d'une centaine d'emplois. Sont en effet directement concernés
quatre-vingt-dix-sept postes fixes, quarante vacataires et trente-trois
médecins, dont treize gynécologues-obstétriciens et vingt chirurgiens de
diverses spécialités.
Le sort et
le devenir de la clinique Vauban se jouent dans les prochains jours. Le tribunal
de commerce de Bobigny doit se prononcer entre le 30 janvier et le
19 février sur son devenir par l'étude de repreneurs éventuels. Il est
nécessaire de trouver une solution afin d'éviter de la voir cesser son activité.
Cette solution passerait par un appui spécifique de l'agence régionale
hospitalière d'Ile-de-France, grâce à une attribution de lits de soins de suite
dans le cadre d'une véritable restructuration, notamment foncière, sur le
site.
Je sais, monsieur le
ministre délégué à la famille, que vous suivez avec une attention toute
particulière l'évolution de la maternité dans notre pays, qui est un dossier
d'actualité. Pouvez-vous rassurer les employés, les familles et les populations
concernées quant au sort de cette clinique ? Elle nécessite d'être maintenue à
la fois pour la qualité des soins dispensés, sa structure humaine et sa
proximité.
Ce dossier concerne
de nombreux médecins de cet arrondissement, parmi lesquels mon propre suppléant,
le docteur Ludovic Toro. Il concerne également l'ensemble des salariés, et tout
particulièrement le syndicat CGT de la clinique. Mais il ne m'a pas habilité à
parler en son nom. (Sourires.)
Ma question pourrait d'ailleurs
être posée par de nombreux élus de l'arrondissement du Raincy, notamment par les
maires de Clichy-sous-Bois, Vaujours, Coubron, Montfermeil et Les
Pavillons-sous-Bois, et, tout particulièrement - et vous comprendrez
l'union sacrée qui se forme autour de cette clinique, monsieur le
ministre - par mon prédécesseur sur ces bancs, M. Alain Calmat et son
premier adjoint, au titre de la ville de Livry-Gargan.
Les regards de nombreuses personnes
dans les tribunes se tournent vers vous, monsieur le ministre, attendant que
vous puissiez rassurer la population du secteur de Livry-Gargan et du Raincy.
M. le président. La
parole est à M. le ministre délégué à la famille.
M. Christian Jacob, ministre délégué à la famille. Monsieur le
député, je vais tout d'abord vous lire le message que Jean-François Mattei m'a
chargé de vous transmettre. Il comprend à la fois votre attachement à la
clinique que vous venez d'évoquer et les inquiétudes que vous avez à son sujet.
Il vous rappelle à ce sujet les engagements pris par l'agence régionale
d'hospitalisation.
L'ARH
d'Ile-de-France est intervenue une première fois afin d'élaborer avec le groupe
MEDIDEP une solution permettant la poursuite de l'activité de la clinique
Vauban. Cette solution consistait à transformer l'activité de court séjour en
soins de suite et à organiser le transfert de son activité obstétrique sur les
grandes cliniques des communes proches de Drancy, du Blanc-Mesnil et de
Tremblay-en-France. Elle n'a pas été acceptée par le tribunal de commerce, qui a
prolongé jusqu'au 30 juin 2003 le délai de fonctionnement de la
clinique, sous sa responsabilité. Il a également fixé au
30 janvier 2003 la limite pour le dépôt de nouvelles offres de reprise
et a prévu d'arrêter sa position fin février, comme vous venez de l'évoquer. Il
appartient aujourd'hui au mandataire désigné par le tribunal de commerce de
susciter les offres de nouveaux repreneurs ou d'améliorer le contenu de l'offre
actuelle.
Je vous informe que
l'ARH d'Ile-de-France a indiqué qu'elle était prête à revenir sur les décisions
prises en septembre 2002, pour faciliter des solutions permettant de maintenir
l'activité obstétrique sur le site, dès lors qu'elle présenterait toutes les
garanties de sécurité sanitaire. Elle a pris également contact avec les
responsables de la société MEDIDEP et ceux des cliniques environnantes de
manière à ce qu'une nouvelle offre soit présentée d'ici à la fin du mois de
janvier. Celle-ci devrait permettre la poursuite d'une activité obstétrique sur
le site, en complémentarité avec les établissements privés et commerciaux
voisins.
L'ARH s'est donc
impliquée depuis plusieurs mois dans cette affaire, mais il appartient au
tribunal de commerce de Bobigny d'apprécier le bien-fondé de cette offre.
Je suis conscient que ces
informations ne répondent pas totalement à votre question, mais elles témoignent
de la préoccupation du ministre de la santé sur ce sujet. Nous comprenons
l'attachement des élus de votre région à cette clinique.
M. le président. La
parole est à M. Eric Raoult.
M. Eric Raoult. Je
dirai que cette réponse est un bon début en ce début d'année car, pour la
première fois, un ministre de la santé et un gouvernement se penchent sur ce
dossier, qui ne date pas d'il y a simplement huit mois. La dégradation du
secteur de la maternité dans le département de la Seine-Saint-Denis est en effet
responsable de la situation actuelle. Je vous remercie donc, monsieur le
ministre, des premiers éléments de réponse que vous avez bien voulu me
communiquer.
Je remercie
également pour sa bonne volonté le directeur de l'agence hospitalière, qui fait
véritablement oeuvre de rassemblement en la matière, en conjuguant, vous l'avez
compris, les efforts des élus locaux, du syndicat et des médecins afin de
parvenir à une solution pour le règlement de ce qui est maintenant devenu
malheureusement un dossier d'actualité dans ces départements d'Ile-de-France :
celui de la maternité.
Mais je
tiens à souligner, monsieur le ministre, que, dans un département comme celui de
Seine-Saint-Denis où le nombre des interruptions volontaires de grossesses est
particulièrement élevé, un centre comme la clinique Vauban, qui assure tout à la
fois ces intervention et un très grand nombre d'accouchements, ne pourrait pas
être remplacé par une structure hospitalière. Il est difficile d'implanter des
maternités en zone rurale mais il l'est également en zone urbaine. Comme vous le
savez aussi, monsieur le ministre, le département de la Seine-Saint-Denis jouxte
celui de Seine-et-Marne et plus d'un tiers des patientes de cette clinique sont
issues de ce département que vous connaissez bien. Il ne s'agit pas d'une
menace, bien évidemment, mais d'un rappel. (Sourires.)