AVENIR DU COMMISSARIAT
DE POLICE D'ISSOIRE
M. le président. La
parole est à M. Jean-Paul Bacquet, pour exposer sa question, n° 8,
relative à l'avenir du commissariat de police d'Issoire.
M. Jean-Paul Bacquet.
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur, qui, je le sais, est
actuellement à Luxembourg. Il me l'a du reste fait préalablement savoir, et je
tiens à l'en remercier d'autant plus vivement de ce geste élégant que nous en
avons rarement coutume. Qui plus est, je suis persuadé qu'il vous a donné,
monsieur le ministre délégué aux libertés locales, tous les éléments pour
répondre d'une façon satisfaisante - en tout cas je l'espère. (Sourires.)
Les projets de redéploiement des
forces de police et de gendarmerie suscitent de la part de la population et de
nombreux élus des secteurs ruraux et péri-ruraux une légitime émotion. C'est le
cas pour la fermeture annoncée au commissariat d'Issoire, mais aussi de celui de
Thiers dans la circonscription de mon collègue Chassaigne.
La loi de 1995, votée par le groupe
parlementaire dont vous faisiez partie, avait prévu la fermeture des
commissariats des villes de moins de 20 000 habitants. En 1998, grâce à une
forte mobilisation issoirienne, maire compris, mais également à une action
conjointe à l'Assemblée nationale des parlementaires de la majorité de l'époque
dont je faisais partie, nous avons obtenu que le ministre de l'intérieur
revienne sur sa décision en prenant en considération la spécificité de la ville
d'Issoire.
En 2000, une mission
de l'inspection générale diligentée à la demande de M. Vaillant a pu se
rendre compte sur place, le 14 janvier 2002, de l'exiguïté des locaux
du commissariat de police d'Issoire.
Son rapport, que j'ai ici, en
atteste : non seulement il dénonçait une situation qui ne fera que s'empirer
avec l'arrivée des effectifs supplémentaires, mais il proposait plusieurs
solutions, tant géographiques qu'économiques, de nature à remédier à cette
situation incompatible avec l'efficacité opérationnelle. Tous ces éléments ne
pouvaient que confirmer l'information du 22 novembre 1999, donnée par
le préfet de région de l'époque, à savoir que la fermeture du commissariat de
police d'Issoire n'était pas envisagée.
On peut dès lors s'étonner de voir
aujourd'hui le processus de fermeture reprendre corps, sans aucune concertation
ni information préalable.
Si,
dans le cadre du redéploiement des forces de police et de gendarmerie, il paraît
évident de tenir compte de l'évolution de la population du taux de délinquance
de la situation géographique, il me paraît tout aussi important de ne pas
s'arrêter au seule critère de la population des villes concernées, d'adapter le
maillage territorial aux besoins réels des populations et de prendre en
considération les conséquences économiques et humaines des transferts
envisagés.
Vous comprendrez,
monsieur le ministre, que je défende aujourd'hui la même position que celle que
j'avais défendue face au ministre de l'intérieur de l'époque, alors que
j'appartenais à sa majorité. Rappelons que le maire d'Issoire, lequel appartient
à votre propre mouvement politique, avait lui-même été en 1998 à la pointe de la
contestation ; et raison de plus pour prendre ma requête en considération, sauf
à le voir déjugé, et qui plus est par son propre camp. Du reste, hier encore,
les élus au conseil municipal d'Issoire se sont de nouveau mobilisés pour leur
commissariat et ont voté à l'unanimité une motion exigeant son maintien. Autant
dire, monsieur le ministre, que j'espère beaucoup de votre réponse.
M. le président. La
parole est à M. le ministre délégué aux libertés locales.
M. Patrick Devedjian, ministre délégué aux libertés locales.
Monsieur le député, je me dois d'abord de saluer votre constance, constance
transcendante qui plus est, puisque, quelle que soit la majorité, vous maintenez
le même point de vue...
Je
tiens, pour commencer, à vous rassurer. La loi a prévu un renforcement
considérable des effectifs ; encore ce renforcement doit-il s'accompagner d'un
redéploiement rationnel et équilibré - c'est ce point précis, et je le
comprends, qui vous inquiète.
Ainsi que vous le savez, les
conditions de ce redéploiement ont été déterminées par la circulaire du
26 septembre dernier, laquelle prévoit une procédure totalement
déconcentrée, établie sur la base de propositions au niveau local. Autrement
dit, contrairement à ce que vous laissez entendre, il ne peut pas ne pas y avoir
de concertation. Sans concertation, il ne se passera rien. Le travail doit
commencer au niveau local. Le but, c'est d'améliorer l'efficacité opérationnelle
entre la police et la gendarmerie, non de faire des économies de bouts de
chandelle ; il s'agit de répondre au besoin de sécurité de la population. Il
n'existe aujourd'hui aucun schéma préétabli global de redéploiement ; il n'y a
que des situations locales, examinées une à une dans le cadre d'expertises
locales.
Pour en revenir au cas
de votre ville, aucune décision n'a été prise. Ainsi que vous l'avez vous-même
souligné, aucune concertation locale n'a eu lieu, aucune expertise locale n'est
achevée à ce jour. Le Gouvernement n'est donc pas en état de prendre une
décision pour ce qui concerne Issoire. Toute décision serait du reste prématurée
: c'est localement que les choses se décideront. J'espère vous avoir rassuré,
monsieur Bacquet.
M. le président. La
parole est à M. Jean-Paul Bacquet.
M. Jean-Paul Bacquet.
Monsieur le ministre, votre réponse me fait chaud au coeur. Je vous en remercie
et je ne manquerai pas d'en faire état sur le terrain. Je retiens les éléments
principaux de votre intervention : aucune décision n'a été prise actuellement et
toute décision serait prématurée si elle était prise sans concertation. Sans
concertation, avez-vous dit, il ne se passera rien. Croyez, monsieur le ministre
délégué, que nous serons sur le terrain des observateurs vigilants : nous ferons
en sorte que ce que vous avez dit ce matin soit respecté. Améliorer la sécurité,
n'est-ce pas votre seul but ? C'est exactement ce que nous pensons : nous
voulons plus de sécurité pour la ville d'Issoire et nous pensons que la
fermeture de son commissariat aurait à cet égard des conséquences extrêmement
graves. J'ai appris que M. le ministre de l'intérieur avait convoqué les
préfets du Cantal, de la Lozère, de l'Ardèche et du Gers, départements très
ruraux, au motif que les résultats en termes de sécurité n'y étaient pas bons.
Cela augure de ce que pourraient devenir les zones rurales si les forces de
police les désertaient. Quoi qu'il en soit, monsieur le ministre délégué, je
vous remercie des propos que vous avez tenus et je veillerai très attentivement
à ce qu'ils soient respectés sur le terrain.