FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 90187  de  Mme   Robin-Rodrigo Chantal ( Socialiste - Hautes-Pyrénées ) QE
Ministère interrogé :  affaires européennes
Ministère attributaire :  affaires européennes
Question publiée au JO le :  28/03/2006  page :  3213
Réponse publiée au JO le :  01/08/2006  page :  8006
Rubrique :  politique extérieure
Tête d'analyse :  Roumanie
Analyse :  minorité hongroise. revendications
Texte de la QUESTION : Des milliers de Sicules, Hongrois de souche vivant en Roumanie, se sont rassemblés dernièrement en Transylvanie pour célébrer la fête nationale hongroise et revendiquer plus d'autonomie. A Odorheiu Secuiesc dans le centre du pays, ville de 38 000 habitants, dont presque tous sont de souche magyare, environ 10 000 personnes se sont réunies à cet effet. Des figures de premier plan comme le vice-Premier ministre roumain Béla Marko, qui dirige le parti de la minorité magyare, ont participé aux cérémonies commémorant le soulèvement hongrois contre l'Autriche, le 15 mars 1848. Les Hongrois de souche de Roumanie sont de moins en moins nombreux. Leur population est passée de 1,6 million en 1992 à 1,4 million en 2002, de nombreux jeunes Roumains magyarophones choisissant d'émigrer en Hongrie. Toutefois, des représentants de la communauté magyare ont présenté un manifeste prônant une autonomie territoriale pour leur région similaire à celle de l'Écosse ou de la Catalogne. Pour appuyer sa demande, le Conseil sicule a même déclaré que « la Roumanie veut rejoindre l'Union européenne, et l'autonomie d'une communauté est considérée au sein de cette dernière comme un droit collectif. L'instance a assuré que les Magyars de Roumanie n'utiliseraient que des moyens démocratiques et légaux pour leur cause, et a exclu la proclamation d'une république séparatiste mais la méfiance est visiblement de mise en Roumanie à ce sujet. Sur ce point, le président roumain, Traian Basescu, a souhaité une bonne fête à ses compatriotes Sicules tout en leur rappelant leur appartenance à la nation roumaine. Mais ce dialogue de sourds peut potentiellement venir parasiter un peu plus dans les temps à venir l'intégration de la Roumanie à l'Union européenne, ainsi que les relations avec la Hongrie, pays membre. En conséquence, Mme  Chantal Robin-Rodrigo demande donc à Mme la ministre déléguée aux affaires européennes de lui indiquer son sentiment et ses intentions au sujet de ce dossier.
Texte de la REPONSE : Si les célébrations du 15 mars dernier par la minorité magyare ont donné lieu à des surenchères nationalistes de part et d'autre, force est de constater que le Président de la Roumanie, qui s'est brièvement rendu à Odorheiu Secuiesc à cette occasion, a su désamorcer la tension entre les deux parties. Le Président a plaidé, d'une part, pour une augmentation de la décentralisation, sans remettre en cause le statut unitaire de la Roumanie et a demandé expressément, d'autre part, au parti de la grande Roumanie (PRM du nationaliste Vadim Tudor) de ne pas appeler à une contre-manifestation le même jour dans la capitale. Par ailleurs, la volonté des gouvernements roumain et hongrois d'améliorer leurs relations bilatérales a connu un point d'orgue avec la séance commune des deux gouvernements à Bucarest le 20 octobre dernier. Bien que les difficultés de l'adoption de la loi sur les minorités, préparée par I'UDMR, le parti de la minorité hongroise membre de la coalition au pouvoir, compliquent un peu plus la tâche des autorités roumaines dans leur désir de clore certains contentieux bilatéraux, cette participation à la coalition assure toutefois à la minorité hongroise de Roumanie, qui vote quasi exclusivement en faveur de ce parti, une écoute constructive de la part du gouvernement sur des sujets importants tels que, par exemple, la question d'une université publique assurant des enseignements uniquement en langue hongroise. La Roumanie a également adopté à ce jour deux des instruments du Conseil de l'Europe sur les minorités : la convention cadre pour la protection des minorités nationales en 1995 et la charte européenne de l'autonomie locale en 1998. Elle a entamé également les procédures de ratification du troisième instrument, la charte des langues régionales et minoritaires, garantissant un peu plus la pérennité et l'utilisation de la langue hongroise sur le territoire roumain. Il apparaît par conséquent très important dans ce contexte que les autorités légitimes politiques roumaines et magyarophones de Roumanie poursuivent leur dialogue constructif. C'est par la preuve de leur maturité politique que les autorités roumaines peuvent parvenir à faire évoluer positivement la question d'une plus grande autonomie culturelle pour les principales minorités vivant en Roumanie.
SOC 12 REP_PUB Midi-Pyrénées O