Texte de la QUESTION :
|
Des chercheurs américains ont annoncé dernièrement avoir découvert que la substance qui donne leur piquant aux piments rouges avait la propriété de faire se « suicider » une majorité des cellules cancéreuses de la prostate. Selon une étude de l'institut de cancérologie de l'hôpital Cedars-Sinaï et de l'Université de Californie à Los Angeles, l'injection de capsaïcine, alcaloïde présent dans les piments forts, dans des cellules prostatiques cancéreuses conduit à leur apoptose, soit leur destruction par fragmentation. Quelque 80 % des cellules cancéreuses humaines de la prostate portées par des souris de laboratoire ont ainsi été détruites après avoir reçu cette substance. Ainsi, la capsaïcine a eu un profond effet anti proliférant sur les cultures de cellules humaines de cancer de la prostate selon cette étude publiée dans la revue Cancer Research. Pour les quelque 680 000 hommes atteints chaque année d'un cancer de la prostate dans le monde, et en France notamment, cette nouvelle est des plus importantes. En conséquence, Mme Chantal Robin-Rodrigo demande désormais à M. le ministre de la santé et des solidarités de lui indiquer son sentiment à ce sujet.
|
Texte de la REPONSE :
|
La capsaïcine, composé actif du poivre rouge, est utilisée depuis longtemps dans l'alimentation et comme médicament pour certaines neuropathies douloureuses telles que l'arthrite rhumatoïde, les maux de tête, les rhinites.... Ce composé pourrait avoir une action anti-cancéreuse car il diminue la croissance de certaines cellules tumorales de leucémies et de carcinomes hépatiques. L'étude de Mr. A. Mori et ses collaborateurs, publiée dans Cancer Research en mars de cette année, confirme l'activité anti prolifératice de cette substance sur des cellules du cancer de la prostate. Elle induit la mort non seulement des cellules cancéreuses sensibles aux androgènes, car exprimant le récepteur aux androgènes (RA), mais aussi de celles n'exprimant pas ce récepteur. De plus, in vivo, dans des modèles de souris porteuses de tumeurs, le traitement oral par la capsaïcine entraîne une diminution du volume de la tumeur. Les auteurs de cette étude soulignent la bonne tolérance des souris au traitement sans effets secondaires apparents puisqu'ils n'observent pas de perte de poids des souris traitées ni de modification du pelage. À l'heure actuelle, les patients atteints de cancer de la prostate, localement avancé ou métastatique, sont traités par chimiothérapie couplée ou non à un traitement hormonal. Cependant, dans environ 5 % des cas, les patients seront résistants d'emblée à ces thérapies hormonales. Dans les cancers évolutifs, cette résistance apparaîtra au cours du traitement. Ainsi, compte tenu de l'efficacité de la capsaïcine sur les cellules n'exprimant pas le RA, on peut imaginer que cette substance serait efficace aussi chez les patients résistants. Cependant, même si ces expériences in vitro et réalisées sur la souris sont très convaincantes, il faut désormais le confirmer chez l'homme. Et si l'efficacité thérapeutique de la capsaïcine dans le cancer de la prostate était démontrée, son utilisation en routine ne devrait pas se faire avant quatre ou cinq ans, délai nécessaire aux essais cliniques à conduire chez l'homme pour permettre à la molécule d'être autorisée et mise sur le marché.
|