FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 95877  de  M.   Morel-A-L'Huissier Pierre ( Union pour un Mouvement Populaire - Lozère ) QE
Ministère interrogé :  culture et communication
Ministère attributaire :  culture et communication
Question publiée au JO le :  06/06/2006  page :  5763
Réponse publiée au JO le :  08/08/2006  page :  8341
Rubrique :  culture
Tête d'analyse :  politique culturelle
Analyse :  jeunes. tarifs réduits
Texte de la QUESTION : M. Pierre Morel-A-L'Huissier attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur les opérations visant à rendre la culture accessible aux étudiants. Dans de nombreuses occurrences, les étudiants bénéficient de réductions pour se rendre au théâtre, au musée ou encore à l'opéra. Ces tarifs préférentiels restent néanmoins élevés pour la plupart des étudiants, qui doivent bien souvent se résoudre à supprimer les dépenses superflues, dont malheureusement font partie les dépenses culturelles. Des projets épars visant à créer des « chèques culture » au profit des jeunes ont certes émergé, mais il semblerait qu'aucune opération d'envergure nationale n'ait vu le jour. En conséquence, il le prie de lui indiquer son sentiment en la matière.
Texte de la REPONSE : L'accès des étudiants à la culture constitue un véritable enjeu de démocratisation culturelle : parce qu'ils ne sont plus les « héritiers » des années 1960, pour qui la fréquentation des institutions culturelles relevait d'un héritage familial, et parce qu'ils sont le public d'aujourd'hui et de demain, les étudiants doivent être considérés comme un public prioritaire de la part des pouvoirs publics et du réseau des institutions culturelles. Les politiques tarifaires mises en place dans les institutions culturelles sont une première réponse à cette préoccupation. Toutefois, force est de constater que cette politique tarifaire manque aujourd'hui d'homogénéité, voire de lisibilité. Un travail d'harmonisation nationale de la politique tarifaire des institutions culturelles pourrait donc contribuer au renforcement des conditions d'accès à la culture des étudiants. Une seconde réponse a consisté dans la mise en place de « cartes culture » dans les années 1990. Un état des lieux réalisé par le ministère de la culture et de la communication en 2003, via les DRAC, a permis de recenser 64 dispositifs de cette nature, initiés soit par les universités, soit par les collectivités territoriales. La mise en place de « chèques culture » par certaines collectivités territoriales est l'outil le plus récent pour atteindre cet objectif d'élargissement des publics, en particulier des publics jeunes. La généralisation d'un tel dispositif à l'échelon national, ainsi que l'envisage l'honorable parlementaire, suppose évidemment le financement le rendant possible, ce qui, dans le contexte budgétaire contraint, rend cette généralisation peu envisageable. De plus, une telle généralisation supposerait, au préalable, une évaluation de ces dispositifs. Les évaluations dont nous disposons, par exemple celle de la carte culture mise en place en Alsace depuis 1992, tendent à montrer que l'effet obtenu est moins un élargissement du public étudiant qu'une intensification des pratiques de fréquentation des étudiants et une diversification des institutions fréquentées, au point qu'un certain effet de concurrence est parfois ressenti par les institutions culturelles entre leurs propres dispositifs d'abonnement et ces dispositifs territoriaux. En outre, en matière de fréquentation d'institutions culturelles, les études de pratiques culturelles nous ont appris que l'obstacle est souvent moins financier que social et culturel. Des dispositifs tels que les cartes culture ou les chèques culture, qui facilitent l'accès à l'offre, à la fois parce qu'ils proposent une réduction tarifaire et une information sur l'offre culturelle territoriale, gagneraient certainement à être généralisés, ne serait-ce que pour répondre à une exigence d'égalité territoriale, mais la généralisation de l'éducation artistique de la maternelle à l'université et le développement de l'action culturelle en milieu universitaire constituent les meilleurs moyens de réduire l'obstacle social et culturel qui sépare les jeunes de la culture. Enfin, et plus globalement, la question du public jeune pose un véritable défi au ministère de la culture et de la communication : le public des institutions culturelles diminue et vieillit. Pour inverser cette évolution, il semble, que, au-delà de la seule politique tarifaire, il y ait une véritable réflexion à mener sur le renouvellement de l'offre culturelle des instituions culturelles, de manière qu'elle soit davantage en lien avec les pratiques culturelles des jeunes, en faisant une place plus grande aux pratiques amateurs et à la diversité culturelle.
UMP 12 REP_PUB Languedoc-Roussillon O