FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 97985  de  Mme   Robin-Rodrigo Chantal ( Socialiste - Hautes-Pyrénées ) QE
Ministère interrogé :  coopération, développement et francophonie
Ministère attributaire :  coopération, développement et francophonie
Question publiée au JO le :  27/06/2006  page :  6708
Réponse publiée au JO le :  31/10/2006  page :  11296
Rubrique :  politique extérieure
Tête d'analyse :  pays du Sahel
Analyse :  aide agricole
Texte de la QUESTION : L'épuisement des sols est une menace pour l'agriculture en Afrique subsaharienne. Il est donc impératif pour les pays africains de trouver des solutions pour lutter contre ce phénomène. Des solutions existent. Comme le prouvent les expérimentations réalisées au Burkina Faso par le centre régional Aghrymet au Niger, une institution spécialisée du Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS). Cette rencontre, initiée par le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) et animée par le Centre international pour le développement des fertilisants (IFDC), une ONG américaine, s'est penchée sur les moyens de parvenir à l'avènement d'une révolution verte sur le continent. En s'appuyant sur les résultats alarmants d'une étude réalisée par l'IFDC, les docteurs Julio Henao et Carlos A Baanante, respectivement biométricien et économiste à l'IFDC, ont en effet officiellement publié leur dernière étude sur la dégradation des sols en Afrique subsaharienne. Ce sont plus de 80 % des surfaces arables qui sont concernées dans cette région du monde. Selon les résultats de ce rapport, qui brasse des informations collectées sur une période de trente ans, l'Afrique subsaharienne perdrait par an entre 30 et 60 kilogrammes, voire plus pour certains pays, d'azote, de potassium et de phosphore (NPK), des nutriments essentiels pour la fertilité des sols. Les causes : la pression démographique, la faible utilisation de semences améliorées et d'engrais organiques et inorganiques, la faible productivité agricole et l'érosion des sols. Pour remédier à cette situation, les auteurs proposent notamment un plus grand investissement dans les semences améliorées et l'augmentation de l'utilisation d'engrais. Des pratiques qui font appel aux bourses, souvent vides, des agriculteurs africains qui doivent payer deux à trois fois le prix moyen d'un fertilisant sur le marché international. Cependant, des solutions, comme le microdosage (soit utiliser très peu d'engrais pour un résultat optimal), existent. En conséquence, Mme Chantal Robin-Rodrigo demande désormais à Mme la ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie de lui indiquer quelles mesures elle compte prendre pour aider les pays du Sahel.
Texte de la REPONSE : La question renvoie à la conférence sur les engrais tenue en juin 2006 à Abuja et organisée par le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) et le Centre international pour le développement des fertilisants. La dégradation de la fertilité des terres en Afrique ne se limite pas au Sahel. Elle touche de façon variable tous les pays en raison de la nature des systèmes de production agricole, pour la plupart basés sur des jachères naturelles de plus en plus courtes en raison de la poussée démographique en milieu rural. Les travaux de la conférence insistent sur la nécessité de développer le marché des engrais en Afrique et leur production sur le continent. La Coopération française, qui partage cette option, travaille depuis de nombreuses années sur le problème de la fertilité des sols, en suivant des voies complémentaires. Elle appuie le développement de systèmes de crédit rural décentralisé permettant aux producteurs d'acheter des intrants agricoles dont les engrais. Elle soutient également fortement les filières cotonnières, présentes en Afrique soudano-sahélienne, qui proposent dans la plupart des cas aux producteurs agricoles des crédits pour l'acquisition d'engrais pour le coton et les productions vivrières. La fertilité des zones cotonnières a pu ainsi être maintenue sur le long terme. La Coopération française a également appuyé le développement de grands périmètres irrigués, fixant les parcelles et dont la fertilité est maintenue grâce aux engrais chimiques obtenus à crédit et à la gestion des limons (delta du fleuve Sénégal, Office du Niger, mangroves de Guinée). Par ailleurs, diverses innovations permettant de produire de façon plus durable sont développées en Afrique subsaharienne par des projets sur financement français : semis sous couverture végétale (qui a stabilisé la fertilité de millions d'hectares au Brésil), densification des parcs arborés, aménagements anti-érosifs, meilleure intégration entre agriculture et élevage, permettant de rationaliser l'utilisation de la fumure organique produite. Un groupe de travail sur les techniques de semis sous couverture végétale se réunit régulièrement pour faire le point des actions françaises. Il associe le Ministère des affaires étrangères, l'Agence française de développement, le Centre international de recherche agronomique pour le développement et le Fonds français pour l'environnement mondial. Les travaux du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) en matière d'agriculture de conservation se distinguent tout particulièrement au sein de la recherche agronomique mondiale. En 2006, cinq projets de l'Agence française de développement (AFD) intégrant la problématique de la fertilité des sols au sens large ont été lancés ou sont en instruction (Nord Cameroun, Ghana, Guinée, Madagascar, Mali).
SOC 12 REP_PUB Midi-Pyrénées O