Texte de la REPONSE :
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L'honorable parlementaire a bien voulu appeler l'attention de la ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie sur les mesures qu'elle entend mettre en place afin de renforcer l'enseignement du français dans les universités étrangères. À l'heure où nombreuses sont les exigences qui militent pour l'enseignement d'un français utile en adéquation avec les attentes du monde du travail, qu'il s'agisse de l'administration publique ou des affaires, il convient également de ne pas oublier que le français est, dans bien des cas, associé à la diffusion de notre culture. Ce sont ces deux aspects - langue de culture et langue de communication internationale - qu'il faut prendre en considération pour favoriser le développement de son enseignement et de son apprentissage dans les universités étrangères. À cet impératif s'ajoute la nécessaire identification d'un dispositif de coopération de nature incitative qui puisse s'appliquer à ces universités dans le cadre de leur autonomie. Les approches qui ont été mises en oeuvre reposent sur une double ambition : 1. Une ambition francophone : la contribution accordée par ce ministère à l'Agence universitaire de la francophonie (AUF) vise à encourager la constitution de réseaux d'universités étrangères mues par une volonté de développer des enseignements et des recherches en et sur la langue française. Un pays ne doit pas être nécessairement membre de l'Organisation internationale de la francophonie pour que l'un de ses établissements universitaire adhère à l'AUF. L'adhésion est une démarche volontaire relevant d'un établissement dès lors qu'il dispose en son sein d'un département de langues (littérature, traduction professionnelle, français langue étrangère) et ou de français de spécialité dans des facultés de sciences, de sciences économiques, d'administration, etc. L'AUF met des ressources à la disposition des départements de français de ces établissements, qu'ils soient membres de l'Agence ou non : l'abonnement gratuit à la liste de diffusion Framonde pour les départements universitaires de français qui les met en relation avec la communauté mondiale des enseignants universitaires de français ; le bulletin « Le français à l'université » en version électronique ou papier. Les enseignants-chercheurs en langue et en littérature francophone de ces établissements ont également accès à plusieurs réseaux de chercheurs sur les cultures, identités et dynamiques sociales, sur l'étude du français en francophonie, sur la lexicologie, la terminologie, la traduction, sur les littératures d'enfance, sur les littératures francophones d'Afrique subsaharienne et de l'océan Indien, etc. Loin d'être un bailleur de fonds, l'AUF est une association mondiale d'établissements qui finance des programmes pour ses établissements adhérents (recherche, appui à la mise en place de filières de formation interuniversitaires, développement de structures et de formations à distance). 2. Une ambition française et européenne : pour les départements d'études françaises des universités étrangères : les dispositifs de coopérations bilatérales sont mobilisés pour accompagner et, lorsque le contexte s'y prête, initier des dynamiques de nature à développer l'enseignement du français dans les universités étrangères. Sont ici en première ligne les services de coopération et d'action culturelle qui aident nos partenaires au montage d'accords de coopération impliquant des universités françaises. Nos agents, en charge à l'étranger du développement de la coopération avec les universités étrangères, utilisent pleinement les possibilités qu'offrent le programme Socrates (action Erasmus, élargie aujourd'hui dans le cadre d'Erasmus Mundus) et le programme commun de recherche et développement. La mobilité des étudiants mais aussi et surtout la mobilité des professeurs sont assurées aujourd'hui par ces programmes qui allient souplesse et simplicité. Ce soutien prend plusieurs formes : aide aux colloques, à la publication, aux missions et invitations, octroi de bourses courtes, soutien documentaire, mise à disposition de lecteurs ou bien encore, offre de séjours scientifiques de haut niveau. Le ministère des affaires étrangères organise également des séminaires destinés à sensibiliser nos partenaires universitaires aux nouveaux enjeux de l'enseignement de la langue française. Ainsi la sous-direction du français a-t-elle organisé à Sèvres, du 23 au 25 novembre 2005, un séminaire intitulé « Les voies de la francophonie » en collaboration avec la délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), l'Agence universitaire de la francophonie (AUF) et le Centre international d'études pédagogiques (CIEP). Il a réuni vingt-six responsables de départements universitaires d'études françaises et francophones venus de vingt-cinq pays. Ce séminaire visait à alimenter la réflexion sur la présence d'une dimension francophone plus large dans les départements d'études françaises et sur les conséquences de cette évolution pour les contenus enseignés et le renouvellement des cursus dans ces filières. De même, un colloque centré sur les industries de la langue et le développement de l'ingénierie linguistique et de la linguistique informatique en langue française devrait être organisé en 2007 à l'initiative de la direction de la coopération culturelle et du développement. Ce colloque sensibilisera nos partenaires à la dimension stratégique de ce secteur pour les encourager à élaborer des cursus pluridisciplinaires de nature à répondre à ces attentes. Pour les filières francophones de l'enseignement supérieur : avec près de cent soixante-sept « filières francophones d'enseignement supérieur » dans le monde (essentiellement en Europe centrale et orientale, ainsi qu'en Asie du Sud-Est et au Proche et Moyen-Orient), la France dispose d'un réseau inégalé. Onze mille étudiants poursuivaient un cursus spécifique dans ces filières en 2005. Par filières, il faut entendre des formations supérieures menant, en principe, à une co-diplômation, implantées au sein d'une institution locale et dont les enseignements sont dispensés intégralement ou partiellement en français dans des pays où il n'est pas la langue dominante pour l'enseignement supérieur. En coopération étroite avec l'AUF, ces filières se concentrent essentiellement autour de quelques disciplines académiques : le droit, la gestion et l'économie, les sciences de l'ingénieur, domaines dans lesquels l'excellence française est internationalement reconnue. Cette formule se situe au point de rencontre de nos objectifs de coopération et des attentes des étudiants étrangers, en particulier ceux issus des lycées français, des classes bilingues ou « à français renforcé ». En effet, ces étudiants souhaitent enrichir leur formation nationale par un enseignement en français (la diffusion de notre langue dans l'enseignement supérieur mondial, largement dominé par l'anglais, constitue plus que jamais un défi à relever) et « à la française » par la promotion de nos idées, de nos valeurs, et de notre ingénierie pédagogique. L'élaboration d'une « charte de qualité » est actuellement en cours avec le ministère de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche afin de donner un cadre plus précis et plus visible à ce type de coopération, la conformité des cursus dispensés au sein des filières devant répondre à l'ensemble des exigences requises dans le cadre du « système européen de l'enseignement supérieur » (LMD, ECTS, co-diplômations, co-tutelles de thèse). Ces départements où l'on enseigne le français ou ces filières francophones sont le fer de lance de la promotion de notre langue chez nos partenaires : ils forment les intellectuels de demain, qu'il s'agisse des meilleurs spécialistes de notre littérature, des didacticiens et linguistes, des traducteurs et interprètes qualifiés. Ils forment aussi les professionnels dont ont besoin nos entreprises implantées à l'étranger. En ce sens, les départements de français et les filières francophones servent nos objectifs de rayonnement et de solidarité.
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