DEBAT :
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DISPOSITIONS EUROPÉENNES SUR LES VINS ROSÉS M. le président. La parole est à Mme Josette
Pons, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire. Mme
Josette Pons. Monsieur le ministre de l'agriculture et de la pêche, je
souhaite vous interroger sur l'éventuelle autorisation européenne de coupage des
vins rouges et blancs en vue d'élaborer des vins rosés sans indication
géographique. En effet, si la levée de l'interdiction existante devait se
concrétiser, elle aurait de graves retombées sur l'économie viticole et agricole
de nos régions et entraînerait de ce fait des réactions très vives de la part
des vignerons de Provence - grande productrice de vins rosés de qualité -, en
particulier de ceux de ma région, le Var étant le numéro un mondial pour la
production de rosé. Les organisations viticoles ainsi que la chambre
d'agriculture sont unanimement défavorables à ce projet qui aboutirait à
l'anéantissement du travail accompli depuis des années par tous nos vignerons.
Je m'associe complètement au désaccord exprimé par l'ensemble de la profession,
pour des raisons évidentes à quiconque apprécie le bon vin ou possède quelques
notions de base en viticulture et oenologie, ce qui ne semble pas être le cas de
ceux qui ont demandé la levée de cette interdiction. Je rappelle que la
Provence, en particulier le Var, berceau du rosé avec ses AOC comme les
côtes-de-provence, le Bandol, les coteaux d'Aix et les coteaux varois, ainsi que
les vins de pays, possède un centre de recherche sur le vin rosé unique en
France et en Europe, à la pointe des connaissances et des expérimentations sur
ce type de vin. Il semble difficile d'organiser la visite des consommateurs
dans les caves ou dans les domaines en leur proposant la dégustation d'un vin
rosé issu de coupages entre rouges et blancs, alors que nous maîtrisons et
améliorons sans cesse la vinification du rosé. La mort annoncé de ce rosé qui
est un vin à part entière, issu d'une vinification spécifique, constituerait une
catastrophe économique pour tous nos producteurs. Monsieur le ministre, sûre
de votre soutien et de votre appui sans faille dans ce combat pour la qualité et
la réputation des vins français et européens, je vous remercie par avance, au
nom de la profession viticole - que vous avez rencontrée dans mon département il
y a quelques mois - de bien vouloir m'indiquer la position de la France sur ce
dossier et m'assurer de votre détermination. (Applaudissement sur plusieurs
bancs du groupe UMP.) M. le président. La parole est à
M. Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche. M.
Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche. Madame
la députée, vous pouvez rassurer les viticulteurs de Provence ; je suis tout à
fait déterminé à défendre et à accompagner les efforts de qualité que les
producteurs de vin sous appellation et sous indication géographique ont accompli
avec beaucoup de succès... M. Guy Geoffroy. Bravo
! M. Michel Barnier, ministre de l'agriculture. ...à
la fois pour satisfaire le marché national et pour exporter. Ces producteurs
craignent, et je les comprends, la confusion avec des produits sans appellation
issus de coupages ou de mélanges. Sur le segment des produits français issus
de coupages ou de mélanges, il est une autre concurrence que les producteurs
français craignent : celle des États-Unis ou de l'Australie, où l'on fabrique
ces vins avec beaucoup plus de souplesse et de facilité. C'est ce qui a donné
l'idée à la Commission européenne de favoriser la pratique de ces coupages et
mélanges. Pour être tout à fait franc, nous avions nous-mêmes demandé, dans le
plan de modernisation de la viticulture, plus de flexibilité pour donner
davantage de compétitivité à ces productions françaises sans appellation. Même
les instances européennes communautaires interprofessionnelles ont approuvé
cette proposition. Cependant, un vrai risque demeure, à la fois de confusion
pour les consommateurs et en termes d'efforts de qualité tels que vous les avez
rappelés. C'est la raison pour laquelle j'ai exprimé, il a quinze jours, des
réserves auprès de la Commission. Nous ne sommes soutenus pour le moment que par
un seul pays, la Hongrie. Je m'emploie actuellement à sensibiliser les autres
pays producteurs, et j'ai écrit cette semaine à la commissaire européenne, Mme
Fischer-Bohl, pour lui demander de trouver un compromis acceptable préservant
les efforts de qualité. Cela peut passer par des mesures vis-à-vis des
consommateurs en termes d'étiquetage. Je veillerai, en tout cas, au maintien de
la qualité. (Applaudissements sur les bancs du groupe
UMP.)
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