DEBAT :
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DÉSERTS MÉDICAUX ET LIBERTÉ D'INSTALLATION DES MÉDECINS M. le président. La parole est à Mme Michèle
Delaunay, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche. Mme Michèle Delaunay. C'est aujourd'hui, madame la
ministre de la santé, qu'il faut garantir l'égalité de tous les Français face
aux soins et à la santé, la première des égalités, condition de toutes les
autres : égalité entre les pauvres et les riches, égalité entre le coeur des
villes et les campagnes, égalité entre les beaux quartiers et les banlieues.
(Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.) C'est
aujourd'hui que les médecins manquent dans des territoires entiers et que ceux
qui s'y trouvent encore partent à la retraite, laissant depuis dix ans ces
territoires se vider de leurs services publics, refusant de voir la réalité
démographique. Il ne saurait donc être question de remettre une fois encore à
trois ans, comme vous nous le proposez, l'évaluation de mesures dont vous
connaissez déjà l'inefficacité Aujourd'hui, c'est à vous d'avoir le courage
politique d'instituer une régulation responsable des soins. (Applaudissements
sur quelques bancs du groupe SRC.) C'est à vous de dépasser les grandes
déclarations pour assurer concrètement que tout un chacun pourra bénéficier, à
proximité, du secours d'un médecin, de l'accueil d'un service d'urgences, et à
vous de définir précisément le délai maximum acceptable pour accéder aux
soins. C'est à vous de comprendre que la surpopulation médicale dans les
beaux quartiers est génératrice de mauvaise médecine, d'actes inutiles et
coûteux, à vous d'entendre notre proposition d'encadrer cette
surpopulation. M. le président. Veuillez poser votre
question, madame Delaunay ! Mme Michèle Delaunay. Non, ce
n'est pas pénaliser les jeunes médecins que de leur garantir une qualité de
revenus et d'exercice (Murmures sur les bancs du groupe UMP) au lieu de
vouloir installer des dispensaires. Aurez-vous, madame, ce courage ?
(Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du
groupe GDR.) M. le président. La parole est à Mme
Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports. Mme
Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé. Madame la
députée, ce que vous appelez " régulation responsable ", n'est ni plus ni moins
que de la coercition. (Vives protestations sur les bancs du groupe SRC.)
Ce que vous nous avez proposé, au cours de la discussion du projet de loi
sur la réforme de l'hôpital, c'est d'interdire aux jeunes médecins de
s'installer dans les zones surdenses, ou de les déconventionner. M.
Arnaud Montebourg. Et alors ? Mme Roselyne
Bachelot-Narquin, ministre de la santé. Je l'affirme clairement,
mesdames et messieurs les députés : ces mesures sont inefficaces et injustes.
(Protestations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) M.
Roland Muzeau. Vous ne pouvez pas le savoir, elles n'ont jamais été
appliquées ! Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de
la santé et des sports. Pensez-vous sérieusement qu'un médecin que nous
aurons empêché de s'installer dans le centre de Bordeaux ira exercer dans les
Landes ? C'est impossible, c'est inimaginable. (Rires et vives exclamations
sur les bancs des groupes SRC et GDR.) M. Henri
Emmanuelli. Fait personnel ! (Rires.) Mme Roselyne
Bachelot-Narquin, ministre de la santé. Monsieur Emmanuelli,
vous avez des zones de déserts médicaux dans les Landes ! Le Gouvernement a
choisi une autre voie, celle de la responsabilité, celle de la justice
intergénérationnelle avec une série de mesures destinées à assurer la formation
des jeunes sur la base d'un schéma régional d'organisation des soins, avec de
nouveaux modes d'exercices médicaux. Enfin, surtout, madame la députée, vous
avez adopté hier une mesure très importante avec la création de bourses pour les
jeunes médecins, à hauteur de 1 200 euros par mois. Les bénéficiaires prendront
l'engagement de s'installer dans une région sous-dense pendant autant d'années
qu'ils auront perçu cette bourse. Dois-je vous rappeler, mesdames et messieurs
les députés, que cette disposition a été adoptée à l'unanimité par l'Assemblée ?
(Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes UMP et NC.) C'est ce
type de mesures incitatives, de responsabilisation, qui apportera une vraie
solution aux déserts médicaux qui affectent toutes nos régions.
(Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes UMP et NC.)
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