DEBAT :
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PROPOS D'UN RAPPEUR CONTRE LES FEMMES M. le président. La parole est à M. Guy
Geoffroy, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire. M.
Guy Geoffroy. Ma question, à laquelle j'associe Alain Gest, la
délégation aux droits des femmes et, s'ils le veulent bien, les membres de la
mission d'évaluation sur les violences faites aux femmes - dont je salue le
travail -, s'adresse à Mme la secrétaire d'État chargée de la
solidarité. L'opinion publique est pour le moins choquée par certains propos
d'un prétendu artiste, un rappeur dont je ne veux pas faire la publicité en
citant son nom. Bien que j'aie le texte entre les mains, je n'en citerai aucun
extrait car il ne le mérite pas. Il incite tout bonnement à la haine, à la
vengeance et même au meurtre à l'endroit des femmes, et ce alors que notre
société s'interroge sur ses principes fondamentaux, au premier rangs desquels
l'égalité et le respect. Ce texte est un affront à la République, un danger pour
la jeunesse et une incitation à la haine que nous ne pouvons pas accepter. Le
Gouvernement a déjà réagi par la voix de Mme la ministre de la culture et par la
vôtre, madame la secrétaire d'État ; je souhaite donc que, devant la
représentation nationale et les Français qui nous regardent, vous nous indiquiez
la position du Gouvernement sur cet affront fait aux générations et aux femmes.
Quelles décisions entendez-vous prendre suite à cette affaire ?
(Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC et sur plusieurs bancs
du groupe SRC.) Mme Valérie Létard, secrétaire d'État
chargée de la solidarité. Une chanson d'une rare violence envers les femmes
circule en effet librement, monsieur le député, sur l'Internet. Les paroles en
sont inadmissibles et constituent une véritable incitation à la haine, voire au
meurtre, à l'endroit des femmes. J'hésite à vous en citer des extraits tant
elles sont effrayantes (" Non ! " sur de nombreux bancs), et je ne le
ferai pas. M. Jean-Paul Bacquet. C'est déjà fait
! Mme Valérie Létard, secrétaire d'État. Je soutiens
évidemment les associations qui ont réagi, comme je l'ai moi-même fait.
Plusieurs personnalités politiques se sont également émues de ce que ce rappeur
puisse se produire prochainement dans un festival. À ce stade, il m'a semblé
que l'urgence était de retirer cette chanson de l'Internet. Dès vendredi, les
sites Youtube et Dailymotion ont été contactés, et l'accès à la
vidéo a été restreint pour les mineurs. Mais ce n'est pas suffisant : nous
souhaitons que la vidéo soit totalement retirée de la toile. À cette fin nous
avons contacté les hébergeurs, lesquels hésitent sur le caractère illicite du
contenu incriminé. M. Patrick Ollier. Il faut légiférer pour
l'interdire ! Mme Valérie Létard, secrétaire d'État.
C'est bien dommage, car rien n'empêche un comportement citoyen. Je passe
donc à l'étape suivante en demandant à la justice d'instruire cette affaire pour
envisager d'éventuelles poursuites. L'objectif est de réunir tous les éléments
afin de saisir le procureur de Paris dans les plus brefs délais, et de le faire
avec succès. (Applaudissements sur tous les bancs.) L'Internet est un
espace de liberté formidable ; cependant il n'est pas une zone de non-droit ;
c'est le message que le Gouvernement veut faire passer aujourd'hui. Il y va des
frontières entre la liberté d'expression, la liberté de création artistique et
le respect de nos lois républicaines. (Applaudissements sur tous les
bancs.)
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