DEBAT :
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RÉFORME DES IUFM ET DES UNIVERSITÉS M. le président. La parole est à M. Pascal
Deguilhem, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche. M. Pascal Deguilhem. Ma question s'adresse à Mme la
ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Vous venez
d'établir, madame la ministre, un record peu glorieux, celui du ministre qui
aura provoqué le conflit le plus long dans l'université depuis quarante ans !
(Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR. - Exclamations sur
les bancs du groupe UMP.) Plus de cinquante établissements sont encore
aujourd'hui mobilisés contre vos réformes et le mouvement, malheureusement, ne
semble pas faiblir, alors même que la question des examens se pose avec
acuité. Les réponses que vous nous avez faites la semaine dernière, lors de
la séance de questions, sur la situation dans l'enseignement supérieur n'ont
fait que confirmer la ligne qui est la vôtre : passer en force en rejetant les
torts sur le monde universitaire qui n'aurait pas compris le sens de vos
réformes. M. Jean-Michel Fourgous. C'est pourtant vrai
! M. Pascal Deguilhem. Cette crise et ses prolongements,
dont vous aurez à assumer l'entière responsabilité, résultent bien de votre
obstination à conduire sans concertation une réforme inadaptée de la gouvernance
des universités, à organiser une concurrence malsaine entre les établissements
et entre les territoires dans le cadre d'une autonomie sous contrôle. Madame
la ministre, votre ambition de faire de l'université l'acteur central d'une
politique de recherche et de formation avec des établissements responsables et
libres est noble, généreuse et louable. Votre méthode et les réformes engagées
le sont moins. Les moyens qui y sont consacrés sont loin d'être à la hauteur de
cette ambition, quand ils ne la contredisent pas. Sur la question des moyens,
comment ferez-vous croire aujourd'hui que vous ne supprimez pas de postes dans
l'université ? Comment pouvez-vous affirmer que la réforme du statut des
universitaires que vous voulez imposer n'est pas porteuse d'inégalités en termes
de rémunérations et d'obligations de service ? Comment pouvez-vous affirmer,
avec M. Darcos, que, demain, les enseignants seront mieux préparés à enseigner,
alors même que vous supprimez une année de formation professionnelle dans les
IUFM. Jusqu'à quand allez-vous refuser le dialogue que réclame le monde
universitaire ? (Applaudissements sur les bancs du groupe
SRC.) M. Daniel Paul. Très bien ! M. le
président. La parole est à Mme Valérie Pécresse, ministre de
l'enseignement supérieur et de la recherche. Mme Valérie
Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Monsieur le député, vous me parlez de mouvements inédits dans l'université,
mais la réforme est, elle aussi, inédite dans l'université !
(Applaudissements sur les bancs du groupe UMP. - Exclamations sur les bancs
du groupe SRC.) Cela fait vingt ans que l'on parlait de cette réforme de
l'autonomie. Nous l'avons faite. Il y a aujourd'hui vingt universités autonomes
en France et nous allons continuer. (Nouveaux applaudissements sur les bancs
du groupe UMP.) Vous me parlez d'université, monsieur Deguilhem ; pour ma
part, je vais vous parler du silence assourdissant de la gauche ! (Vives
exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Aujourd'hui, il y a, à
l'université, des violences condamnables. Des présidents d'université se sont
fait agresser à Brest, à Toulouse et à Perpignan. Or il y a un silence
assourdissant de ce côté de l'hémicycle ! (Nouvelles exclamations sur les
bancs des groupes SRC et GDR.) Je souhaite que tous ceux qui sont attachés à
l'université française et à son rayonnement, qui veulent, comme moi, et vous
l'avez dit, mettre l'université au coeur de notre système d'enseignement et de
recherche et veulent en faire un véritable acteur de formation, que tous ceux,
enfin, qui aiment l'université condamnent ces violences. C'est parce qu'elles
sont contraires aux valeurs de l'université et à l'intérêt de nos étudiants que
je vous invite à les condamner. (Exclamations sur les bancs du groupe
SRC.) Plusieurs députés du groupe socialiste, radical, citoyen et
divers gauche. Répondez à la question ! Mme Valérie
Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur. Les moyens
dédiés à l'université dont vous avez parlé, monsieur Deguilhem, sont inédits.
Nous allons consacrer 1,8 milliard supplémentaire à l'université et à la
recherche, 730 millions d'euros dans le cadre du plan de relance. Le ministère
de l'enseignement supérieur et de la recherche est le deuxième ministère
bénéficiaire du plan de relance. Si, en 2007, nous dépensions 7 500 euros pour
un étudiant, nous en dépenserons 8 500 en 2009. M. Frédéric
Cuvillier. Et les suppressions de postes ? Mme Valérie
Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur. Les moyens sont
là et ils se verront très vite. (Applaudissements sur les bancs du groupe
UMP.)
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