Texte de la REPONSE :
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LUTTE CONTRE LES NUISANCES SONORES DU TRAFIC AUTOROUTIER À
STRASBOURG M. le président. La parole est à
M. Armand Jung, pour exposer sa question, n° 132, relative à la lutte contre les
nuisances sonores du trafic autoroutier à Strasbourg. M. Armand
Jung. Monsieur le secrétaire d'État chargé des transports, à l'instar
de plusieurs capitales régionales françaises, la ville de Strasbourg est
traversée du nord au sud par l'autoroute A 35 et par la voie express deux fois
deux voies de contournement sud. Ces axes, qui drainent chaque jour près de 200
000 véhicules, voitures et poids lourds, sont quotidiennement saturés.
L'engorgement provoque non seulement une pollution atmosphérique
particulièrement élevée dans l'agglomération strasbourgeoise, mais aussi une
importante pollution sonore dont se plaignent les riverains. Les habitants de
plusieurs quartiers importants de Strasbourg subissent en effet un bruit de fond
permanent, au détriment de leur qualité de vie et de leur santé. Pourtant,
les nuisances sonores ont fait l'objet de débats lors du récent Grenelle de
l'environnement, et l'article 1er de la Charte de l'environnement, adoptée par
le Parlement en février 2005 et adossée à notre constitution, consacre le "
droit de chacun de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de sa
santé ". Depuis plusieurs années, les services déconcentrés de l'État à
Strasbourg et les collectivités locales réfléchissent à des solutions efficaces
et innovantes pour combattre l'effet de ces nuisances. C'est ainsi qu'un mur
antibruit très coûteux a été mis en place à la hauteur de la commune d'Ostwald,
à proximité immédiate de Strasbourg. Mais les résultats sont très décevants :
les riverains de l'autoroute continuent à se plaindre d'un bruit
constant. Une autre solution, actuellement à l'étude, consisterait à limiter
la vitesse sur un tronçon de l'autoroute allant de Fegersheim à Vendenheim.
Cette proposition a été étudiée par plusieurs représentants successifs de l'État
en Alsace. Mais les modalités de son application suscitent un grand scepticisme.
Par ailleurs, elle provoquerait des ralentissements dangereux du fait de la
circulation de très nombreux poids lourds sur cette portion. Il y a, bien
sûr, le vaste projet de grand contournement ouest de Strasbourg ou GCO, validé
par les collectivités locales, et qui vient d'être déclaré d'utilité publique.
Mais différentes études montrent qu'il faut en attendre au mieux un délestage de
15 % du trafic quotidien sur l'A 35 - à mettre en regard avec l'augmentation
annuelle prévisible de 3 à 4 % de la circulation. Que l'on approuve ou non le
projet de GCO, une telle solution n'aurait donc, semble-t-il, que peu de
répercussions positives sur la circulation de l'A 35. M. le
président. Veuillez poser votre question. M. Armand
Jung. Une solution alternative, de plus en plus souvent évoquée et
réclamée par les riverains, consisterait à mettre en place un revêtement
phonique de nouvelle génération, à même de réduire considérablement la puissance
sonore du trafic autoroutier. Des expériences de ce type ont été menées dans
plusieurs villes, dont Lille, et leurs résultats sont très encourageants. Cette
technologie de pointe allie efficacité et développement durable. Par ailleurs,
les mesures effectuées sur les chantiers de Lille sont spectaculaires : elles
ont révélé une division par huit de la puissance sonore émise. Quel est votre
sentiment sur cette innovation ? Dans le cadre de la politique du Grenelle de
l'environnement, et que le GCO soit réalisé ou non, pensez-vous que cette
technologie de pointe pourrait être expérimentée à Strasbourg dans les années à
venir ? Seriez-vous prêt à consulter les collectivités territoriales concernées
et à mettre en place un programme pluriannuel de travaux ? Accepteriez-vous de
nommer un groupe de pilotage chargé d'approfondir ce dossier, voire de nommer
une personnalité compétente et reconnue, susceptible de faire des propositions
et de mener des consultations avec les riverains, les associations et les élus
? M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État
chargé des transports. M. Dominique Bussereau, secrétaire
d'État chargé des transports. J'espère que la réalisation du grand
contournement ouest, une fois réglé le problème du grand hamster, sera en mesure
d'apporter plus de fluidité à la circulation dans l'agglomération
strasbourgeoise et de réduire les problèmes de pollution et de bruit. Sur les
points, très techniques, que vous avez évoqués, je suis ouvert à toutes les
propositions. Les enrobés acoustiques constituent certes une solution innovante
pour réduire les nuisances sonores à la source en limitant le bruit de contact
entre pneu et chaussée. Toutefois, la pérennité des performances acoustiques de
ces enrobés et la préservation d'autres qualités essentielles comme l'adhérence
ou la durabilité posent problème. C'est pourquoi la réglementation technique
française - à tort, peut-être - considère que cette technologie ne représente
pas une amélioration décisive. Les solutions classiques - mur antibruit, merlon,
protections de façade - restent privilégiées. Les services de recherche du
ministère travaillent actuellement sur l'amélioration de ces enrobés pour
résoudre les problèmes que je viens de citer. C'est évidemment un objectif
majeur dans le cadre des orientations fixées à l'issue du Grenelle de
l'environnement. Dans le cas précis de l'A 35, les écrans antibruit, dont les
performances acoustiques s'étaient avérées peu efficaces, ont été
significativement améliorés - pour un coût élevé. Cette situation fera en 2008
l'objet d'un nouveau diagnostic, et de nouvelles actions seront proposées dans
le cadre d'une directive européenne actuellement mise en oeuvre, qui impose la
réalisation de cartes de bruit et de plans de prévention du bruit pour toutes
les grandes infrastructures de transport et pour toutes les grandes
agglomérations. Je suis prêt, monsieur Jung, à travailler avec vous ou à
désigner une personnalité pour prendre en charge ce dossier, dont m'ont déjà
saisi la municipalité strasbourgeoise et vos collègues du Bas-Rhin. Bien sûr, la
meilleure solution réside dans les transferts de trafic. Les projets de
transport collectifs, nombreux dans l'agglomération strasbourgeoise, sont
également à privilégier dans la mesure où ils permettent des alternatives à
l'usage de la voiture. Cependant, toutes les nouvelles technologies doivent être
mises en oeuvre. M. le président. La parole est à M. Armand
Jung. M. Armand Jung. Monsieur le secrétaire d'État, un peu
d'audace ! Le moment semble venu pour aller un peu plus loin dans l'exploration
de ces technologies innovantes. Je trouve donc votre réponse un peu timorée.
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