Texte de la REPONSE :
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LUTTE CONTRE LA PROLIFÉRATION DU "MOUSTIQUE TIGRE" Mme la présidente. La parole est à M. Lionnel
Luca, pour exposer sa question, n° 1464, relative à la lutte contre la
prolifération du "moustique tigre". M. Lionnel Luca. J'ai
l'honneur d'appeler votre attention sur la situation préoccupante du département
des Alpes-Maritimes confronté à la prolifération de l'aedes albopictus,
plus communément appelé " moustique tigre ". Cette petite bête très active
est à la fois diurne et nocturne. Elle commence ainsi son activité dès sept ou
huit heures du matin pour la terminer vers vingt-deux ou vingt-trois heures.
Entre temps, elle ne s'interrompt pas ; elle ne connaît manifestement pas les
trente-cinq heures. Dans un département plutôt favorisé sur le plan
climatique, ce moustique provoque une gêne non négligeable, tant pour les
habitants que pour les touristes. Les personnes âgées et les enfants en bas âge
sont ainsi victimes d'agressions permanentes et systématiques. Ce moustique
peut aussi être porteur de virus particulièrement dangereux pour la santé
publique. L'année dernière, à la fin de l'été, il a fait une victime à Nice -
c'était à la une du quotidien local - et deux ou trois autres cas ont été
déclarés. Le conseil général consacre d'importants moyens à la prévention
afin de mobiliser l'opinion. J'associe d'ailleurs tout naturellement à ma
question son président, Éric Ciotti, notre collègue député. Les habitants sont
ainsi invités à éviter de disposer des coupelles d'eau et à surveiller les
points d'eau, mais il est impossible d'interdire ces derniers qui existent de
façon naturelle. Les " moustiques tigres " sont donc bien là. Madame la
secrétaire d'État, ma question s'adresse aussi à Xavier Bertrand, le ministre de
la santé que je remercie car il a permis que se tienne, la semaine dernière, une
table ronde sur ce sujet. L'État peut-il encourager le conseil général afin
qu'il mène des opérations de démoustication globale, au-delà de celles qui sont
ciblées par habitation ? Cela permettrait de mettre fin à une situation
sanitaire risquée et à la gêne causée aux personnes. Mme la
présidente. La parole est à Mme Nora Berra, secrétaire d'État chargée
de la santé. Mme Nora Berra, secrétaire d'État chargée de
la santé. Monsieur Luca, les moustiques du genre tigre sont implantés dans
le sud de la France depuis 2005. Ils colonisent aujourd'hui les départements des
Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône, du Var, de Corse-du-Sud, de Haute-Corse
et, depuis l'année dernière, des Alpes-de-Haute-Provence. Le ministère de la
santé, en lien avec les collectivités territoriales, a mis en place, dès 2006,
un plan actualisé chaque année qui a pour objectif de mettre en oeuvre
rapidement et de manière coordonnée des actions relatives au contrôle du
vecteur, à la surveillance de la circulation de ces virus, à la protection des
personnes ainsi qu'à la prise en charge médicale des patients éventuels, de
façon graduelle et proportionnée au risque. Ce plan repose sur quatre axes :
la surveillance épidémiologique et entomologique pour prévenir et évaluer les
risques de dissémination ; la lutte contre les moustiques, vecteurs potentiels
de maladies ; l'information et la mobilisation de la population et les
professionnels de santé et, enfin, le développement de la recherche. Il a permis
de repérer et de limiter les premiers cas de dengue et de chikungunya contractés
en métropole l'an dernier. Durant la saison d'activité des moustiques, entre
mai et octobre, le ministère de la santé finance également un réseau de pièges
assurant une surveillance entomologique sur le territoire métropolitain. Il se
charge de la lutte antivectorielle ciblée contre les tentatives d'implantation
du moustique dans de nouvelles zones. Dans les zones ou ces moustiques sont
implantés, les actions massives de démoustication, à l'instar de celles
pratiquées dans les années soixante à l'aide de biocides chimiques rémanents, ne
sont plus envisageables. Seul le contrôle des vecteurs, c'est-à-dire le maintien
d'une densité des populations de moustique à un niveau acceptable, constitue un
objectif accessible. Il repose notamment sur l'utilisation de produits non
toxiques actifs contre les larves. Cette espèce est bien adaptée à l'homme,
en particulier aux zones urbaines. La grande majorité des lieux où le moustique
se reproduit, sont des gîtes banals - soucoupes de pots de fleurs, petits
déchets, récipients divers - qui se retrouvent par conséquent dans
l'environnement domiciliaire ou péri-domiciliaire. Le rôle de la population est
prépondérant dans la lutte contre l'implantation de cette espèce de moustique et
seule une mobilisation de tous est de nature à en réduire la densité de manière
significative. La création récente, avec le ministère chargé de
l'agriculture, d'un centre d'expertise en entomologie, permet de disposer d'un
outil scientifique de haut niveau d'aide à la décision dans ce
domaine. Mme la présidente. La parole est à M. Lionnel
Luca. M. Lionnel Luca. Madame la secrétaire d'État, j'ai
bien entendu votre réponse ; il reste que la prévention a relativement échoué et
que le moustique prolifère et constitue une source de nuisance. Tôt ou tard,
dans notre région très touristique, nous connaîtrons des cas graves de
transmission à l'homme. Même si nous savons réagir en termes de soins,
devons-nous nous interdire de pratiquer des opérations de démoustication massive
alors que nous pourrions utiliser des produits biologiques ? Il est possible
d'agir et, tôt ou tard, nous serons contraints de le faire. Je voulais
simplement que M. le ministre en soit prévenu, en espérant que, finalement, la
raison l'emportera.
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