Texte de la QUESTION :
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M. Michel Françaix attire l'attention de M. le ministre auprès du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, chargé de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique, sur la situation de l'usine Still-Saxby de Montataire (Oise). Cette entreprise appartient au groupe allemand Kion, deuxième producteur mondial de chariots élévateurs. Le 5 juillet 2011, lors de la réunion du comité de groupe Kion, la direction a annoncé son intention de regrouper sa production européenne à Châtellerault et à Luzzara, en Italie, et de fermer l'usine de Montataire à l'été 2012. Cette décision entraînerait la suppression de 255 emplois, avec des conséquences sévères sur la sous-traitance (environ 200 emplois). Le groupe Kion affiche d'importants bénéfices et l'usine de Montataire est rentable : un bénéfice de 6 millions d'euros en 2010, un carnet de commandes exceptionnel en 2011, avec 40 % de production de plus qu'en 2010. En octobre 2010, les salariés ont accepté un accord sur la flexibilité du temps de travail pour s'adapter au carnet de commandes. Rien ne justifie cette fermeture. C'est pourquoi il lui demande de lui indiquer les mesures qu'il entend mettre en oeuvre pour lutter contre cette implacable logique des délocalisations pour le seul profit des fonds d'investissement américain KKR (Kohlberg-Kravis-Roberts) et de la banque d'affaires Goldman-Sachs.
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Texte de la REPONSE :
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ACTIVITÉ DE L'USINE STILL-SAXBY À MONTANAIRE M. le président. La parole est à M. Michel
Françaix, pour exposer sa question n° 1573 relative à l'activité de l'usine
Still-Saxby à Montanaire dans l'Oise. M. Michel Françaix. Le
groupe allemand KION, deuxième producteur mondial de chariots élévateurs,
envisage de regrouper sa production européenne à Châtellerault et à Luzzara, en
Italie. Dans l'Oise, à Montataire, il a pris la décision de fermer l'usine 2012,
ce qui entraînerait la suppression de 257 emplois, avec les conséquences sévères
qu'on imagine sur la sous-traitance. Paradoxalement, le groupe KION affiche
d'importants bénéfices. L'unité de production de Montataire est rentable. Le
carnet de commandes est plein avec notamment une augmentation de 40 % de la
production de chariots de magasinage par rapport à 2010. La qualité de cette
production, grâce aux qualifications élevées de ses salariés, est de grande
valeur. Ce choix s'inscrit dans un contexte de recul industriel et de pertes
d'emplois qui ont durement frappé le bassin creillois. En effet, depuis 2007, le
chômage s'est accru de 44 % sur la ville de Montataire à la suite des vagues de
suppression d'emplois chez ArcelorMittal, AKZO et bien d'autres. Rien ne
justifie ces suppressions d'emplois qui privilégient strictement les valeurs
boursières au détriment des valeurs humaines. C'est pourquoi je souhaite,
monsieur le ministre chargé de l'industrie, que vous indiquiez les mesures que
vous entendez mettre en oeuvre pour lutter contre cette implacable logique des
délocalisations pour le seul profit des fonds d'investissements américains et de
la banque d'affaires Goldman-Sachs. M. le président. La
parole est à M. Éric Besson, ministre chargé de l'industrie, de l'énergie et de
l'économie numérique. M. Éric Besson, ministre chargé de
l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique. Monsieur le député,
l'annonce par le groupe KION de la fermeture de son unité de fabrication de
chariots est un coup dur pour Montataire et le département de l'Oise. Ce sont
185 salariés qui vont être touchés par cette décision de regrouper les
productions de Montataire à Châtellerault et dans le site italien de Luzzara,
qui produisent déjà les mêmes types de chariots. Le groupe ferme par ailleurs
son usine de Bari, en Italie. Le groupe justifie cette fermeture par des
raisons structurelles, du fait de pertes de parts de marché liées à l'évolution
de la demande vers des produits à moindre valeur ajoutée, qui ne constituent pas
le coeur de sa gamme. Le marché des chariots de manutention stagne en effet en
Europe. En huit ans, il est passé de 42 à 28 % du marché mondial. Les coûts
de production du groupe sont obérés par un taux d'utilisation trop faible de ses
sites alors que les concurrents ont rationalisé et regroupé leurs sites.
Actuellement, l'usine de Montataire est active à seulement 60 %. Il s'agit
donc d'une réorganisation industrielle, et elle conforte un autre site en
France, celui de Châtellerault. Le groupe KION demeure très présent dans notre
pays puisqu'il y emploie 3 000 salariés, la plupart dans les réseaux de
distribution, sur tout le territoire. KION réalise en France son chiffre
d'affaires le plus important, après l'Allemagne, et a investi plus de 250
millions d'euros au cours des cinq dernières années. Mais je comprends
l'émotion et l'inquiétude suscitées par cette annonce de fermeture. C'est
pourquoi j'ai demandé au préfet de l'Oise de suivre de très près ce dossier et
de veiller à la qualité du dialogue social. Le préfet a réuni à plusieurs
reprises les acteurs concernés et a organisé une médiation pour favoriser la
reprise du dialogue. Mon cabinet suit également très attentivement ce dossier
et analyse actuellement les éléments qui lui ont été fournis. À l'issue de cette
étude, nous ne manquerons pas de recevoir les représentants du personnel,
conformément à un engagement relayé par le préfet. M. le
président. La parole est à M. Michel Françaix. M. Michel
Françaix. Je prends acte, monsieur le ministre, que le personnel pourra
être reçu, ce qui n'est pas toujours le cas à l'heure actuelle. Cela dit,
votre soutien me paraît quand même bien faible. Je n'irai pas jusqu'à dire que
cela frise la politique d'abandon, mais je pense que l'on peut attendre de ce
gouvernement qu'il intervienne pour optimiser les intérêts financiers à court
terme. Les entreprises doivent respecter le travail de leurs salariés en
cherchant d'autres variables _ et ce ne peut pas être le licenciement pour
s'assurer du soutien de leurs financeurs.
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