Texte de la QUESTION :
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Mme Odette Duriez attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la situation inquiétante de l'enseignement du polonais dans les lycées du Nord-Pas de Calais. En effet, depuis la rentrée scolaire 2007-2008, le polonais n'est plus enseigné que dans 4 lycées, à Lille, Lens, Béthune et Noeux-les-Mines ce qui laisse présager une disparition de l'enseignement de cette langue. Par ailleurs, les quatre professeures agrégées se sont vues réorganiser leur temps de travail. La première a été maintenue au lycée de Béthune sur un temps partiel ; la seconde doit uniquement dispenser six heures au lycée Montebello de Lille. Cette personne complète son temps de service en assurant un travail de documentaliste dans un autre lycée. La troisième n'assure plus de cours de polonais et occupe un poste à temps plein de documentaliste. La quatrième assure les cours dans les lycées de Noeux-les-Mines et Lens en devant réduire son temps d'intervention dans ce dernier établissement. Pourtant, de par son histoire, le Pas de Calais est une terre d'accueil des Polonais venus travailler dans les mines de la région après la première guerre mondiale. Les liens entre le département du Pas de Calais et la Pologne sont extrêmement développés. Il est regrettable de voir disparaître une partie de cette histoire. Les jeunes sont obligés d'abandonner l'apprentissage de la langue de leurs ancêtres, faute de cours. Aujourd'hui, en matière de culture, d'économie, de politique sociale, les relations avec ce pays désormais majeur de la communauté européenne sont prépondérantes. Enfin, l'année 2007 est celle de la Pologne dans le département. Les manifestations et les contacts se sont multipliés sur tout le territoire. Au cours de ces manifestations et de ces échanges, la question de l'apprentissage du polonais a été omniprésente. Le besoin est avéré. La demande, notamment de la part des entreprises, est elle aussi incontestable. Ces liens doivent perdurer et cela passe par l'enseignement du polonais. Aussi, elle lui demande ses intentions à ce sujet.
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Texte de la REPONSE :
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ENSEIGNEMENT DU POLONAIS DANS LES LYCÉES DU
NORD-PAS-DE-CALAIS M. le président. La
parole est à Mme Odette Duriez, pour exposer sa question, n° 184, relative à
l'enseignement du polonais dans les lycées du Nord-Pas-de-Calais. Mme
Odette Duriez. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, je tiens
à associer à ma question Mme Jacqueline Maquet, ici présente, et M. Serge
Janquin, députés du Pas-de-Calais. À l'heure où le film de Dany Boon,
Bienvenue chez les Ch'tis, bat des records d'entrées et met en exergue
l'humanité des gens du Nord, ainsi que l'hospitalité de cette terre d'accueil et
de travail, à l'heure où une banderole honteuse offense toute une région et
porte atteinte à ses valeurs de générosité et de chaleur humaine, il est
primordial de susciter l'apprentissage des langues et la découverte des cultures
qui font la richesse des régions et des pays qui nous entourent. À cet égard,
l'enseignement du polonais et la découverte de cette grande nation qu'est la
Pologne sont essentiels. Or la situation de cet enseignement dans les lycées de
la région est préoccupante. En effet, il n'est désormais assuré que dans quatre
établissements : le lycée Montebello de Lille, le lycée Condorcet de Lens, le
lycée d'Artois de Noeux-les-Mines et le lycée Blaringhem de Béthune. La
situation est aggravée par la décision de réorganiser le temps de travail des
professeures agrégées de polonais, qui se trouvent dans l'obligation de
travailler à temps partiel et, le plus souvent, de combler leur emploi du temps
avec des postes de documentalistes. Une des priorités de l'éducation
nationale est l'enseignement des langues, mais le polonais, langue européenne,
ne semble pas avoir été retenu parmi celles-ci. Ce constat est d'autant plus
regrettable que notre région, de par son histoire, est une terre d'accueil des
Polonais, venus travailler dans les mines après la Première guerre
mondiale. Dans l'Europe à 27, les relations avec la Pologne, en matière de
culture, d'économie, de politique sociale, sont devenues prépondérantes. En
2007, année de la Pologne dans le Pas-de-Calais, les manifestations et les
contacts se sont multipliés. Or la question de l'apprentissage du polonais n'a
cessé d'être évoquée lors de ces échanges et de ces événements culturels. Le
besoin existe donc bien, et la demande des entreprises est
incontestable. Cette situation fâcheuse risque de conduire à la disparition
de cette histoire commune. Nous refusons que les jeunes soient obligés
d'abandonner l'apprentissage du polonais, faute d'heures de cours suffisantes,
car ces liens privilégiés doivent perdurer. Monsieur le ministre, quelles
sont vos intentions concernant le développement nécessaire de l'apprentissage du
polonais dans la région Nord-Pas-de-Calais ? La prochaine rentrée scolaire
sera-t-elle marquée par une évolution positive ? M. Alain
Bocquet. Très bien ! M. le président. La parole est
à M. Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale. M. Xavier
Darcos, ministre de l'éducation nationale. Madame la députée
Duriez, j'aime beaucoup le polonais : ce sont les élèves qu'il faut persuader
d'apprendre cette langue. Depuis 1994, son enseignement est assuré dans
l'académie de Lille par quatre lycées : Condorcet à Lens, Blaringhem à Béthune,
Artois à Noeux-les-mines et Montebello à Lille - le polonais n'est d'ailleurs
guère enseigné dans d'autres académies. Il n'y a donc pas, contrairement à ce
que vous dites, une diminution du nombre d'établissements de l'académie de Lille
offrant un enseignement de polonais. En revanche, le nombre d'élèves suivant
ces enseignements demeure modeste : 113 à la rentrée scolaire 2000, ils sont
aujourd'hui une petite centaine, après que leur nombre a connu une légère
régression dans les années 2002 à 2004. Cette année, 99 élèves apprennent le
polonais, essentiellement en LV3, dont 36 en seconde, 34 en première, 27 en
terminale et 2 en BTS. Les besoins d'enseignement dans la discipline, qui
représentent au total 27 heures, sont largement couverts par trois enseignantes
agrégées, dont une complète en effet son service en documentation. Je tiens
donc à vous rassurer sur la stabilité de la demande, alors que la démographie
lycéenne baisse, et sur la capacité de l'académie de Lille à y répondre. Mais je
ne peux présager du nombre d'élèves qui souhaiteront apprendre le polonais dans
les années qui viennent. Néanmoins, tous ceux qui le souhaiteront recevront cet
enseignement. Il n'y a aucune volonté de notre part de contribuer au déclin,
voire à la disparition, de l'enseignement du polonais. M. le
président. La parole est à Mme Odette Duriez. Mme Odette
Duriez. Monsieur le ministre, j'ai écouté votre réponse avec attention.
L'enseignement du polonais n'est peut-être pas encore très répandu, mais il faut
travailler à son développement et augmenter le nombre des heures d'enseignement.
Car moins on en fera, plus vite l'enseignement du polonais disparaîtra dans le
Pas-de-Calais. Il faut donc sensibiliser l'académie de Lille, les enseignants et
les parents d'élèves, pour qu'ils encouragent l'apprentissage de cette
langue.
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