DEBAT :
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DÉLOCALISATIONS ET FERMETURES D'ENTREPRISES M. le président. La parole est à Mme Sylvia
Pinel, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche. Mme Sylvia Pinel. Monsieur le président, ma question
s'adresse à M. le Premier ministre. Notre pays connaît un marasme social, une
dette record de 150 milliards d'euros et un taux de chômage exceptionnellement
inquiétant. M. Patrick Roy. Hélas ! Mme Sylvia
Pinel. Les derniers chiffres s'accordent tous sur un point : c'est du
jamais vu ! Dans ce contexte, on ne compte plus les Français qui subissent la
précarité et l'injustice sociales. Nombreux sont, en effet, ceux qui, dans mon
département comme ailleurs, ont perdu leur emploi ou, à l'image des salariés de
l'entreprise montalbanaise Bouyer, se réveillent tous les jours en proie à
l'angoisse de le perdre. Voilà déjà plus d'un an que la crise financière nous
a rattrapés. Derrière les belles promesses présidentielles et les cadeaux aux
grands patrons, se cache, pour nos concitoyens, une cruelle réalité ! La
réalité, aujourd'hui, c'est un million de chômeurs abandonnés par l'État et des
sites de production qui ferment au profit d'entreprises toujours plus avides de
rentabilité. L'économie virtuelle a supplanté l'économie réelle en balayant d'un
revers toute considération sociale, familiale et humaine. La stratégie est
parfaitement rodée, et le mouvement malheureusement bien engagé, puisque tous
les prétextes sont invoqués pour délocaliser nos emplois. C'est la logique
poursuivie aujourd'hui par le plan " Ambition 2012 " du groupe AXA, qui révèle
une volonté de transférer 1 500 emplois au Maroc et organise, au passage, la
fermeture d'un certain nombre de sites dont celui de Tarn-et-Garonne. Le même
objectif conduit EADS à exercer une pression déloyale sur ses PME
sous-traitantes, jusqu'à les inviter à la délocalisation pour garantir le
maintien de leurs contrats. Alors, monsieur le Premier ministre, en matière
d'emploi, pourquoi ne pas affronter la réalité, pourquoi ne pas dire la vérité
et agir en sincérité face à la détresse de nos concitoyens victimes du pouvoir
de quelques initiés ? Quelles mesures concrètes comptez-vous prendre pour
réguler l'économie de marché et prendre les décisions dont la France et les
Français ont plus que jamais besoin ? (Applaudissements sur les bancs du
groupe SRC.) M. le président. La parole est à M.
Christian Estrosi, ministre chargé de l'industrie. M. Patrick
Roy. Et de l'emploi sacrifié ! M. Christian
Estrosi, ministre chargé de l'industrie. Madame la députée
Sylvia Pinel, la réalité, c'est tout d'abord que, partant de votre département
et de votre région, vous essayez de tout amalgamer. Vous parlez, en premier
lieu, de la compagnie d'assurance AXA, qui essaie, dans le dialogue avec ses
salariés, de recentrer ses activités sur deux territoires de votre région.
Lorsque l'on préside une région, lorsque l'on préside deux départements, il ne
faut pas se défausser de ses responsabilités locales sur l'État. La question est
de votre responsabilité, et non de celle de l'État. (" Très bien ! " sur les
bancs du groupe UMP.) Vous mélangez ce dossier avec celui de l'entreprise
industrielle Bouyer, spécialisée dans les composants électroniques, dont les
salariés nous ont clairement signalé qu'ils soupçonnaient des transferts
financiers peu clairs entre la société et ses actionnaires. Je le dis : si les
actionnaires n'ont pas agi de manière correcte, il faudra que la justice puisse
faire son travail. Nous y veillerons. Quant au groupe EADS, qu'il me soit
permis de vous rappeler que l'État n'a pas attendu la crise pour soutenir le
secteur aéronautique. Aerofund II a été créé il y a deux ans déjà pour soutenir
les sous-traitants aéronautiques en renforçant leurs fonds propres, et l'État
soutient activement les programmes de recherche et de développement, vecteurs
essentiels de l'activité électronique. Avec EADS, nous avons la chance d'avoir
un vrai champion en Europe. Permettez-moi donc simplement, madame la députée,
de vous dire que je ne vous comprends pas (Exclamations sur les bancs du
groupe SRC) car, entre 1997 et 2002, alors que vous gouverniez la France
avec M. Jospin et que nous étions en pleine croissance, vous n'avez pas saisi
cette opportunité pour apporter votre soutien aux entreprises et lutter contre
les délocalisations. (Protestations sur les bancs du groupe SRC.) En
revanche, vous avez voté contre la suppression de la taxe professionnelle et le
soutien à l'assouplissement des 35 heures, qui sont pourtant deux vraies mesures
en faveur des entreprises. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe
UMP.)
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