DEBAT :
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RÉFORME DU CRÉDIT À LA CONSOMMATION M. le président. La parole est à M. François
Loos, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire. M.
François Loos. Madame la ministre de l'économie, de l'emploi et de
l'industrie, nous entamons aujourd'hui la discussion du projet de loi sur le
crédit à la consommation. Vous avez longuement préparé ce texte, afin de
répondre à la détresse des personnes surendettées sans tarir par ailleurs
l'accès au crédit. M. Jean-Pierre Brard. Tout ça au bénéfice
des banques ! M. François Loos. En France, 14 millions de
ménages remboursent au moins un crédit, et l'encours du crédit à la consommation
représente 142 milliards d'euros. Dans le même temps, 800 000 ménages environ,
ce qui est considérable, sont en situation de surendettement. Ces chiffres
montrent les enjeux sociaux et économiques de cette situation. Le texte
prévoit de nombreuses mesures, qui devraient aboutir à des progrès à toutes les
étapes : une publicité mieux encadrée ; une réduction du taux de l'usure ;
l'obligation de proposer des crédits amortissables sur les lieux de vente ; la
mise en oeuvre en temps réel des fichiers des impayés ; une réduction de la
durée des plans de désendettement ; un amortissement obligatoire des crédits
renouvelables ; plus de microcrédit, etc. La donne doit vraiment changer : le
crédit doit devenir plus responsable, les publicités doivent informer mieux et
être moins invasives. M. Alain Néri. Cela fait des années
qu'on vous le dit ! M. François Loos. La loi fournira des
instruments. Il faudra que les pratiques, les pratiques concrètes, changent
rapidement. Il faut créer une nouvelle donne pour redonner confiance aux ménages
qui rencontrent des difficultés financières, et soutenir les réseaux
d'accompagnants qui font un travail indispensable sur le terrain. Madame la
ministre, comment pouvez-vous inciter les établissements financiers et les
banques à aller rapidement plus loin dans la prévention du risque de
surendettement et à mettre en place des dispositifs préventifs ? Comment
comptez-vous mobiliser les professionnels pour réaliser cet objectif ?
(Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) M. le
président. La parole est à Mme Christine Lagarde, ministre de
l'économie, de l'industrie et de l'emploi. Mme Christine
Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi.
Monsieur le député, vous êtes aussi passionné que moi par cette réforme, et
je vous remercie du travail que vous avez accompli en qualité de
rapporteur. Vous avez très précisément décrit les améliorations que nous
souhaitons apporter au crédit à la consommation. Nous voulons évidemment
encourager le crédit, qui a permis de soutenir la consommation en France, et qui
a toujours tenu, y compris pendant l'année 2009. Mais nous voulons aussi
protéger nos concitoyens contre un certain nombre de points noirs du crédit : la
publicité tapageuse, les cartes de fidélité qui vous entraînent inéluctablement
vers un crédit à la consommation, le crédit sans garde-fou ni
vérification... Pour toutes ces raisons, nous examinerons ensemble un projet
de loi cet après-midi. Mais j'ai souhaité aller plus loin. Les banques et les
établissements financiers doivent jouer un rôle : les amendements que nous
proposerons cet après-midi viseront en particulier à ce que les ménages en
surendettement ne risquent pas de voir leur compte fermé. De même j'ai souhaité
que le plan d'apurement du passif, c'est-à-dire le plan de redressement des
ménages surendettés, soit bien opposable à l'intégralité des créanciers, et que
les banques ne prélèvent rien à leur profit - par exemple lors du virement
systématique d'un salaire - sur des passifs qui auraient fait l'objet d'un plan
de redressement. De la même manière, aucun des créanciers, y compris les
pourvoyeurs de gaz, d'électricité et d'eau, ne pourra reprendre par le mécanisme
des factures successives des passifs qui font l'objet des plans de
redressement. Vous l'avez dit, monsieur Loos : nous devons aussi engager les
banques à soutenir le microcrédit. C'est bien pour cette raison que je souhaite
d'une part une définition précise du microcrédit, et d'autre part que les
banques fassent impérativement état dans leurs chiffres annuels du montant des
microcrédits accordés. M. le président.
Merci. Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, de
l'industrie et de l'emploi. Pour toutes ces raisons, je vous remercie de vos
travaux. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)
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