DEBAT :
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SITUATION DES ARTISANS ET COMMERÇANTS M. le président. La parole est à M. Michel
Vergnier, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche. M. Michel Vergnier. Ma question s'adresse à M. le
secrétaire d'État chargé du commerce, de l'artisanat, des petites et moyennes
entreprises, du tourisme, des services et de la consommation. Elle me permettra
d'évoquer très rapidement deux sujets qui reviennent régulièrement dans nos
rencontres avec les artisans et commerçants. Le statut de
l'auto-entrepreneur, qui a été inventé par le Gouvernement dans le but de
réduire le nombre de chômeurs, donne peut-être satisfaction sur certains
chiffres mais ses effets sont désastreux pour nos artisans. (Applaudissements
sur plusieurs bancs du groupe SRC.) M. Jean Roatta.
C'est faux ! M. Michel Vergnier. La concurrence déloyale
mise en place ne cesse de mettre ceux qui ont le savoir-faire et des contraintes
beaucoup plus fortes dans des situations inacceptables. Les cessations
d'activités augmentent tandis que le nombre des installations diminue
considérablement - moins 30 % dans mon département. Le Gouvernement dit
vouloir lutter contre le travail au noir mais, de fait, il l'a légalisé.
(Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Beaucoup de voix
s'élèvent, même dans le camp de la majorité, mais le Gouvernement refuse de les
entendre. Il faut pourtant réagir vite, contrôler, vérifier et interdire les
dérives inacceptables. (Applaudissements sur les bancs du groupe
SRC.) Réagir vite, il le faut aussi pour le RSI puisque le régime social
des indépendants risque à terme la faillite, et de se trouver dans
l'impossibilité de payer les retraites complémentaires vieillesse, l'invalidité
et les indemnités journalières, qui ne sont pas garanties par l'État. Là
aussi, l'objectif était de simplifier. En réalité, on a abouti à l'effet inverse
car, en créant l'interlocuteur unique, même si c'était louable, on n'a pas
vérifié que les systèmes informatiques du RSI et de l'URSSAF étaient
compatibles. Or ils ne le sont pas. (Applaudissements sur les bancs du groupe
SRC.) C'est une faute et on ne peut pas avoir raison contre tout le monde,
et surtout contre toutes ces professions qui nous disent que le Gouvernement
refuse de les entendre. Il faut réajuster les dispositifs mis en place. Sinon,
cela aura des conséquences graves sur notre économie. (Applaudissements sur
les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR.) M.
le président. La parole est à Mme Christine Lagarde, ministre de
l'économie, de l'industrie et de l'emploi. Mme Christine
Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi.
Monsieur le député, les artisans, les commerçants, les professions
indépendantes sont des acteurs extrêmement importants de notre économie, les
chiffres sont éloquents : ce secteur emploie 2,4 millions de personnes, dont 1,7
million de salariés, qui contribuent au développement d'activités sur le terrain
au quotidien. Pour eux, nous avons mis en place toute une série d'outils, la
médiation, la SIAGI, société de caution mutuelle. M. Albert
Facon et M. Christian Bataille. Répondez à la question
! Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie. Nous
avons mis en place le dispositif zéro charge pour leur permettre d'embaucher.
(Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) M. Maxime
Gremetz. Vous noyez le poisson ! M. le président.
Je vous en prie. Mme Christine Lagarde, ministre de
l'économie. Nous avons également mis en place une mesure qu'ils attendaient
depuis très longtemps, le patrimoine d'affectation, qui leur permet d'isoler
leurs biens propres et de ne pas prendre de risques. C'était important.
(Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.) Venons-en aux
auto-entrepreneurs, sujet sur lequel vous m'interrogez. (" Ah ! " sur les
bancs du groupe SRC.) M. Patrick Roy. Il reste une
minute pour répondre ! Mme Christine Lagarde, ministre de
l'économie. Je voudrais vous aider à combattre trois idées
reçues. Première idée reçue, il y aurait de la concurrence déloyale. ("
Oui ! " sur les bancs du groupe SRC.) Je voudrais vous rappeler que pour
toutes les activités qui sont soumises à une obligation de qualification
professionnelle, les auto-entrepreneurs doivent, depuis le 1er avril, attester
de leur qualification, comme les professionnels indépendants et les
artisans. M. Jérôme Lambert. Mais ils ne paient pas de
charges ! Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie.
Deuxième idée reçue, les charges sociales seraient inférieures pour les
auto-entrepreneurs, supérieures pour les artisans. L'ordre des experts
comptables a mené une étude pour vérifier, toutes choses égales par ailleurs,
quelles étaient les charges. Les conclusions sont très claires : les charges
sont de même niveau. M. Maxime Gremetz. Ce n'est pas vrai
! Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie.
Elles ont une assiette différente puisque les auto-entrepreneurs paient des
charges sur le chiffre d'affaires alors que les professionnels indépendants
paient des charges sur leurs bénéfices. M. Albert Facon.
Pourquoi avoir créé ce statut, alors ? Mme Christine
Lagarde, ministre de l'économie. Toutes choses égales par
ailleurs, le volume des charges est le même. Dernière idée reçue, les
inscriptions à la chambre des métiers. Dorénavant, lorsqu'ils exercent une
activité à titre principal, les auto-entrepreneurs sont, eux aussi, tenus de
s'inscrire. Nous voulons simplifier, pour eux pour comme les autres.
(Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
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