DEBAT :
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ASSAUT ISRAÉLIEN AU LARGE DE GAZA M.
le président. La parole est à M. Jean-Paul Lecoq, pour le groupe de la
Gauche démocrate et républicaine. M. Jean-Paul Lecoq.
Monsieur le Premier ministre, le massacre perpétré, dans les eaux
internationales, par Israël contre les navires affrétant du matériel humanitaire
destiné à Gaza est inqualifiable. C'est une action terroriste supplémentaire de
la part d'un pays qui bafoue depuis des décennies le droit international. Alors
que, dans le même temps, la communauté internationale, dont la France, multiplie
les soutiens à cet État, le dernier en date étant son entrée dans
l'OCDE,... M. Jacques Myard. Ça n'a rien à voir
! M. Jean-Paul Lecoq. ...Nicolas Sarkozy s'est contenté,
hier, de condamner " l'usage disproportionné de la force ", en exigeant " toute
la lumière sur cette tragédie ". Nous prenons acte et nous apprécions
qu'aujourd'hui, la France condamne sans équivoque cet acte de piraterie maritime
criminel, ainsi que la séquestration des ressortissants français et exige leur
libération immédiate. L'heure n'est plus à la complaisance, à la
permissivité, à l'impunité envers Israël, qui viole les droits internationaux
les plus élémentaires et multiplie les actions militaires dont l'ampleur n'a
qu'un but : semer la terreur. Ainsi que vient de le rappeler M. le secrétaire
d'État chargé des affaires européennes, l'humiliation des peuples, où que ce
soit dans le monde, ne peut qu'aboutir à des situations de guerre. Le moment
est grave, car la paix du monde est en danger. C'est pourquoi notre groupe, par
la voix de Jean-Claude Sandrier, a demandé, ce matin, lors de la Conférence des
présidents, qu'un débat ait lieu à l'Assemblée nationale. Nous regrettons que
seul Pierre Méhaignerie ait soutenu cette proposition. Un député du
groupe de l'Union pour un mouvement populaire. C'est faux
! M. Jean-Paul Lecoq. Monsieur le Premier ministre,
allez-vous prendre d'urgence l'initiative d'un tel débat dans l'hémicycle ?
Allez-vous agir auprès de la communauté européenne pour obliger Israël à
respecter les résolutions des Nations unies ? Allez-vous agir immédiatement pour
la levée du blocus de Gaza ? (Applaudissements sur les bancs du groupe
GDR.) M. le président. La parole est à M. Pierre
Lellouche, secrétaire d'État chargé des affaires européennes. M.
Pierre Lellouche, secrétaire d'État chargé des affaires européennes.
Monsieur Lecoq, ainsi que vous l'avez vous-même rappelé, le Président de la
République a, dès hier matin, exprimé la condamnation de la France et demandé
que la lumière soit faite sur les circonstances dans lesquelles neuf personnes
ont trouvé la mort et de très nombreuses autres personnes ont été
blessées. Hier après-midi, le comité politique de l'Union européenne a relayé
la condamnation et la demande de la France et, hier soir, dans la nuit, le
Conseil de sécurité de l'ONU a fait de même. À présent, la condamnation est
unanime. Cet acte grave n'a fait qu'accentuer l'isolement d'Israël et renforcer
les courants les plus extrémistes, ainsi que le sentiment d'injustice et
d'humiliation dont ceux-ci se nourrissent dans l'ensemble du monde
arabo-musulman. A ce stade, il importe de tout faire pour que la lumière soit
faite, que s'installe au plus vite la désescalade entre la Turquie et Israël et
que soient relâchés les navires et les civils aujourd'hui détenus en
Israël. Au-delà, l'Union européenne ne manque pas de moyens pour peser sur le
règlement de cette situation. À elle seule, l'Union représente la moitié du
total de l'aide internationale au peuple palestinien. M. Maxime
Gremetz. Le débat ! M. Pierre Lellouche,
secrétaire d'État. L'Union européenne est également liée par un accord
d'association avec Israël, dont l'approfondissement, nous l'avons dit depuis
plusieurs semaines, dépend, pour la France, de l'acceptation par Israël de la
reprise du processus de négociation. M. Maxime Gremetz. Et
le débat au Parlement ? M. Pierre Lellouche, secrétaire
d'État. Monsieur le député, la meilleure façon de soutenir le peuple
palestinien dans la situation grave que nous connaissons, c'est, non pas
d'entretenir l'escalade, mais d'agir pour aboutir le plus rapidement possible à
la reprise du dialogue. M. Maxime Gremetz. Et le débat au
Parlement ? Répondez ! M. Pierre Lellouche, secrétaire
d'État. C'est dans cette direction que la France et l'Europe travaillent
ensemble. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
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