DEBAT :
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JOURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTE CONTRE LE SIDA M. le président. La parole est à M.
Jean-Christophe Lagarde, pour le groupe Nouveau Centre. M.
Jean-Christophe Lagarde. Monsieur le ministre du travail, de l'emploi
et de la santé, il y a quelques semaines, les représentants des pays les plus
riches se sont rassemblés à New York pour discuter du financement du Fonds
mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. En seulement
huit ans, le Fonds mondial a sauvé environ six millions de vies dans les pays
récipiendaires de fonds et il s'est affirmé comme l'exemple éminent du
partenariat au XXIe siècle dans la lutte contre ces trois maladies, que l'on
peut prévenir et traiter. Il faut rappeler qu'elles sont responsables à elles
seules de plus de 15 000 morts chaque jour, dont près de 6 000 victimes pour le
seul virus du sida. Malgré tout, cette réunion du Fonds mondial n'a même pas
été en mesure de mobiliser le minimum de fonds attendus. En effet, sur les 20
milliards de dollars nécessaires afin d'atteindre les objectifs qui devaient
notamment permettre un accès universel au traitement contre le VIH, seuls 12 à
13 milliards de dollars seraient rendus disponibles. Pourtant, le Fonds a
démontré son succès. Alors, que la crise planétaire menace la collecte des
fonds, il convient donc de rechercher de nouveaux moyens de financement et de
nouvelles ressources. Une bonne piste me semble être la création d'une taxe
sur les transactions de change en gros sur quatre devises majeures. Il faut
savoir que le monde des devises étrangères est le plus gros marché du monde - il
représente une valeur de 800 000 milliards de dollars par an - et que c'est le
seul des secteurs financiers qui n'est pas du tout taxé. Si une taxe minuscule,
au taux de 0,004 %, était appliquée, elle permettrait de lever environ 25
milliards de dollars tous les ans, soit plus que ce qui est espéré pour vaincre
le VIH. Alors que cette idée est évoquée depuis plusieurs années, le
Président de la République française a lancé un appel pour cette nouvelle
approche du financement lors du sommet de l'Objectif du millénaire pour le
développement. En mobilisant son puissant réseau diplomatique, la France a une
occasion historique d'offrir au monde une arme pour lutter contre le sida et le
vaincre. Monsieur le ministre, les vies de millions de malades, dépendent de
nos actions collectives pour lever les fonds nécessaires à la lutte contre la
maladie et à l'éradication de la pauvreté. C'est pourquoi je souhaite savoir si
le Gouvernement entend prendre des initiatives diplomatiques pour y parvenir.
(Applaudissements sur les bancs du groupe NC.) M. le
président. La parole est à M. Xavier Bertrand, ministre du travail, de
l'emploi et de la santé. M. Xavier Bertrand, ministre du
travail, de l'emploi et de la santé. Monsieur Jean-Christophe Lagarde, je
sais l'engagement qui est le vôtre en faveur de cette cause, notamment en ce qui
concerne ses développements internationaux - nous devons, en effet, nous
mobiliser sur ce plan. On compte un peu plus de 33 millions de malades dans
le monde et 10 millions d'entre eux sont en attente de traitement. La France a
toujours été aux avant-postes : il y a eu l'initiative d'Unitaid, portée par
Philippe Douste-Blazy,... M. Jean-Pierre Brard. Qui est
Philippe Douste-Blazy ? M. Xavier Bertrand, ministre.
...soutenue en permanence par le Président Jacques Chirac ; il y a également eu
le GIP Esther, qui permet de développer de multiples coopérations dans de
nombreux pays afin d'améliorer la prise en charge des malades. Vous le savez,
il faut aller encore plus loin. Le Président de la République l'a rappelé devant
l'ONU, à New York. Nous sommes favorables à une taxation des transactions
financières. Pourquoi la finance serait-elle exonérée de cette contribution
légitime qui permettrait de faire reculer l'épidémie ? M. Jean-Paul
Bacquet. C'est bien la question que nous nous posons ! M.
Xavier Bertrand, ministre. Dans le cadre du G 20 et du G 8, dont
la France assume cette année la présidence, nous voulons que Mme Christine
Lagarde et Mme Michèle Alliot-Marie puissent porter ce dossier et que cela nous
permette d'avancer. Lors de création d'Unitaid et de son financement par une
taxe de solidarité sur les billets d'avion, nous avons été pionniers ; nous
voulons l'être encore, pas pour le plaisir de jouer ce rôle, mais pour que notre
action ait un effet d'entraînement et pour que nous puissions ainsi trouver des
ressources supplémentaires pour satisfaire les besoins de financement. Nous
devons avancer dans cet esprit ; il est de notre responsabilité de susciter une
mobilisation sur le plan national mais aussi sur le plan international. Ce sera
aussi l'honneur de notre pays. (Applaudissements sur les bancs des groupes
UMP et NC.)
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