DEBAT :
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AVENIR DE L'ACIÉRIE DE GANDRANGE M.
le président. La parole est à M. Michel Liebgott, pour le groupe
socialiste, radical, citoyen et divers gauche. M. Michel
Liebgott. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question
s'adresse à M. le Premier ministre, et non pas à M. le ministre de l'éducation
nationale, car elle ne concerne pas les élections municipales.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et
divers gauche. - Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire.) L'industrie française va mal, très mal. Atteignant
près de 40 milliards d'euros en 2007, le déficit du commerce extérieur se creuse
de manière extrêmement dangereuse pour notre économie. Pourtant, durant la
campagne présidentielle, le candidat Sarkozy affirmait qu'une France sans
industrie, sans usines, est une France qui s'appauvrit. C'est dire si nous
sommes surpris de n'avoir entendu ni vous, monsieur le Premier ministre, ni
aucun membre du Gouvernement commenter la suppression de 600 emplois par le
leader mondial de l'acier, ArcelorMittal, à Gandrange, en Moselle. Il s'agit
pourtant d'un exemple emblématique du décalage permanent entre les discours et
les actes que le Président de la République pratique à merveille. Maintenant
élu, il ne peut plus rien, ni pour le pouvoir d'achat ni pour la politique
industrielle. Avec Aurélie Filipetti, députée de Moselle, nous avons demandé
aux pouvoirs publics et à ArcelorMittal le gel de cette décision, car nous
sommes convaincus que cette aciérie, dont les résultats étaient excédentaires en
2004-2005, est rentable. Du reste, son ancien directeur l'affirmait encore ce
matin, et les syndicats le disent depuis toujours. Des investissements nouveaux
peuvent consolider l'outil. Il faut aussi combler le déficit de formation
proposée aux salariés. Quel paradoxe, d'ailleurs, que cette fermeture ! Je
vous rappelle que 200 personnes ont été recrutées depuis 1999 dans cette unité
de production. Je vous rappelle aussi que les bénéfices du groupe ArcelorMittal
dépassent largement les 6 milliards d'euros, car le marché de l'acier n'a jamais
été aussi porteur. Vous nous parliez hier, monsieur le Premier ministre,
d'intéressement pour les salariés. Le constat est cruel. Le partage des fruits
de la croissance n'a jamais été aussi inégal dans ce pays : d'un côté, on
supprime 600 emplois ; de l'autre, les dividendes ont augmenté, l'année
dernière, de 73 %, ce qui est la meilleure performance du CAC 40. Monsieur le
Premier ministre, ma question est simple. Allez-vous vous intéresser à ce
dossier, réunir tous les partenaires afin d'entendre les arguments du
contre-projet économique et social que proposent les organisations syndicales et
que nous soutenons ? Il est urgent de le faire, car il est prévu de transférer
cette production en Allemagne, pays qui, contrairement à la France, dégage un
fort excédent commercial de 162 milliards d'euros, bien qu'il soit, lui aussi,
dans la zone euro. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste,
radical, citoyen et divers gauche.) M. le président. La
parole est à M. le secrétaire d'État chargé des entreprises et du commerce
extérieur. M. Hervé Novelli, secrétaire d'État chargé des
entreprises et du commerce extérieur. Monsieur le président, mesdames et
messieurs les députés, c'est aujourd'hui, en effet, que la direction de
l'entreprise ArcelorMittal a présenté aux organismes représentatifs du personnel
un projet de réorganisation du site de Gandrange. Si ce plan devait être
appliqué, il entraînerait la fermeture du train à billettes et de l'aciérie
électrique, ce qui concerne 560 des 900 salariés du site de Gandrange. Comme
tout le Gouvernement, je comprends l'inquiétude qu'a suscitée cette annonce. Si
elle se confirmait, elle ne trouverait pas le Gouvernement inactif,
contrairement à ce que vous avez dit, monsieur le député. Si aucun membre du
Gouvernement ne s'est exprimé avant l'annonce, c'est, vous le savez bien, pour
des questions de délit éventuel d'entrave, mais nous étions parfaitement
informés de la situation que nous suivons quotidiennement. La direction
d'ArcelorMittal m'a confirmé que, si cette décision était effectivement prise,
elle s'engagerait à ce qu'une solution soit trouvée à l'intérieur du groupe pour
chacun des salariés concernés. (Exclamations sur les bancs du groupe
socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche
démocrate et républicaine.) M. Maxime Gremetz. Et vous y
croyez ? M. Jérôme Lambert. Ils seront envoyés en Inde
! M. le secrétaire d'État chargé des entreprises et du commerce
extérieur. Cela veut dire que chaque salarié concerné se verrait offrir
un emploi à Florange, à 17 kilomètres du site de Gandrange, ou, à 40 kilomètres,
dans les sites luxembourgeois du groupe ArcelorMittal. Au-delà, nous
attendons du groupe qu'un plan de revitalisation locale soit mis en place à la
hauteur des enjeux. Vous avez considéré que nous restions inertes, mais je peux
vous affirmer que, au nom du Gouvernement, je suivrai personnellement ce plan...
(Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.) M.
François Rochebloine. Très bien ! M. le secrétaire d'État
chargé des entreprises et du commerce extérieur. ...et qu'aucun des
salariés concernés ne restera sur le carreau. (Applaudissements sur plusieurs
bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Nouveau
Centre. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et
divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)
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