DEBAT :
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RESPECT DE L'INTERDICTION DU VOILE INTÉGRAL M. le président. La parole est à Mme Geneviève
Levy, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire. Mme
Geneviève Levy. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question
s'adresse à M. François Baroin, porte-parole du Gouvernement. " Liberté,
égalité, fraternité " : nous sommes tous attachés à la devise républicaine et,
au-delà, aux valeurs communes qui fondent le " vivre ensemble " dans notre pays.
Je pense en particulier à la laïcité, à la dignité de la femme et au respect de
l'ordre public. Ces valeurs sont remises en cause par des pratiques
radicales, dont les femmes sont les premières victimes. Nous dénonçons sans
faillir ces pratiques, à commencer par celle du port du voile intégral. En
effet, il n'y a plus de pacte républicain possible dans une société où les
visages sont masqués en permanence. Cette pratique est la négation même de
l'identité, de la dignité et de la liberté des femmes. Hier est entrée en
vigueur la loi interdisant le port du voile intégral, votée à l'initiative de
notre majorité. Malgré la polémique, c'est désormais une loi de la République,
qui doit être respectée. Il s'agit en effet d'un message adressé à celles et à
ceux qui, en France et dans le monde, se battent inlassablement pour défendre la
dignité et le respect des femmes. En 2004 déjà, la loi sur le voile islamique
avait provoqué, je le rappelle, nombre de réactions. Et pourtant, aujourd'hui,
tout le monde se félicite de son application ! Monsieur le ministre, pouvez-vous
nous dire de quelle façon la nouvelle loi sera appliquée ? (Applaudissements
sur plusieurs bancs du groupe UMP.) M. le président. La
parole est à M. le ministre chargé des collectivités
territoriales. M. Philippe Richert, ministre chargé des
collectivités territoriales. Madame la députée, le Gouvernement agit en
appliquant un principe simple : la dignité de la femme doit être respectée sur
l'ensemble du territoire de la République. M. François
Goulard. Très bien ! M. Philippe Richert,
ministre. La représentation nationale peut s'honorer d'avoir adopté à la
quasi-unanimité cette loi interdisant la dissimulation du visage dans un espace
public. Cette loi est, vous l'avez rappelé, un enjeu de cohésion sociale,
condition du " vivre ensemble ". Depuis le 11 avril, toutes les dispositions
de la loi s'appliquent, y compris son volet pénal. L'interdiction de dissimuler
intégralement son visage est désormais assortie d'une contravention de 150
euros, ou d'un stage de citoyenneté, ou des deux. Par ailleurs, toute personne
obligeant une femme à porter un voile intégral peut être condamnée à un an
d'emprisonnement et à 30 000 euros d'amende - cette peine étant doublée lorsque
la personne contrainte est mineure. Le ministre de l'intérieur, Claude
Guéant, a adressé une circulaire aux préfets le 31 mars dernier, afin d'encadrer
les conditions dans lesquelles la loi s'applique sur le terrain. En cas de
difficulté de contrôle et de refus persistant d'une personne de se dévoiler afin
de permettre la vérification de son identité, la personne concernée sera invitée
à rejoindre les locaux de police ou de gendarmerie. Il n'y aura aucun placement
en garde à vue pour cette infraction, et les forces de sécurité n'ont d'ailleurs
pas le pouvoir d'ôter eux-mêmes le vêtement qui dissimule le visage. En cas de
refus réitéré, le procureur de la République est donc systématiquement
saisi. Depuis lundi, quatre personnes ont été verbalisées par les services de
police en raison du port d'un voile intégral : deux à Paris, une dans les
Yvelines et une en Seine-Saint-Denis. La vérité est que, sauf quelques
manifestations émanant d'individus très isolés, il n'y a pas de véritables
critiques du bien-fondé de cette loi. Soyez assurée, madame la députée, que la
loi, rien que la loi, mais toute la loi, sera appliquée. (Applaudissements
sur quelques bancs du groupe UMP.)
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