DEBAT :
|
REMPLACEMENT DU DIRECTEUR DU THÉÂTRE DE L'ODÉON M. le président. La parole est à M. Patrick
Bloche, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche. M. Patrick Bloche. Monsieur le ministre de la
culture et de la communication, vous avez annoncé brutalement, vendredi dernier,
votre décision de débarquer Olivier Py de la direction de l'Odéon-Théâtre de
l'Europe, au motif surprenant de faire taire les rumeurs. Il est vrai que, pour
les mêmes raisons, vous aviez créé un précédent en annonçant vous-même votre
entrée au Gouvernement. Olivier Py est un directeur de théâtre unanimement
apprécié par le public, par les artistes et par la critique. Sa non-reconduction
au terme de son premier mandat est si incompréhensible qu'elle a logiquement été
jugée arbitraire. Comment ne pas déplorer un exercice du pouvoir si " Ancien
Régime ", où l'on place ici et là favoris et courtisans, où l'on congédie par
caprice, sans aucune raison ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.
- Protestations sur les bancs du groupe UMP.) La République souffre tant de
ce fait du prince, qui a force de loi depuis que le chef de l'État s'est
lui-même arrogé un pouvoir de vie et de mort sur les trois présidents de
l'audiovisuel public ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) On
constate un peu plus chaque jour les conséquences de ces dérives, par exemple
quand le pouvoir exécutif, pour protéger ses amis et justifier ses choix, en
vient à laisser perdurer de manière scandaleuse la crise de gouvernance qui
frappe l'audiovisuel extérieur de la France depuis plus de dix mois. Monsieur
le ministre, pouvez-vous nous donner les raisons du départ d'Olivier Py,
auxquelles le principal intéressé n'a même pas eu droit ? Et comment
justifiez-vous la soudaine urgence d'une décision si arbitraire alors que tant
de dossiers culturels sont en souffrance ? (Vifs applaudissements sur les
bancs du groupe SRC.) M. le président. La parole est à
M. le ministre de la culture et de la communication. M. Frédéric
Mitterrand, ministre de la culture et de la communication.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, monsieur le
député,... (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) M. le
président. Monsieur Hutin ! M. Frédéric Mitterrand,
ministre. ...la question des nominations à la direction des théâtres
publics... M. Christian Bataille. Autocrate ! M.
Frédéric Mitterrand, ministre. ...fait très souvent l'objet de
controverses. M. Jean Glavany. La preuve ! M.
Frédéric Mitterrand, ministre. Celle de l'actuel directeur du
théâtre de l'Odéon, il y a quatre ans, n'a d'ailleurs pas fait
exception... M. Jean-Louis Bianco. C'est vrai
! M. Frédéric Mitterrand, ministre. ...et la liste
des cas similaires est longue. Le théâtre de l'Odéon, édifié sous Louis XVI
(Vives exclamations sur les bancs du groupe SRC), et où Beaumarchais
donna pour la première fois Le Mariage de Figaro,... (Même
mouvement.) M. le président. Je vous en prie
! M. Frédéric Mitterrand, ministre. ... est l'une des
plus belles salles de Paris. (Même mouvement.) M. le
président. Mes chers collègues ! M. Frédéric
Mitterrand, ministre. Elle compte huit cents places, auxquelles
s'ajoutent une petite salle attenante et un autre site aux Ateliers Berthier,
sur le boulevard du même nom. Mais ce théâtre situé à Paris n'est pas un
théâtre parisien : c'est le Théâtre de l'Europe, destiné à mettre en valeur le
répertoire, les troupes, les metteurs en scène d'Europe ! M. Jean
Glavany. Répondez à la question ! M. Frédéric
Mitterrand, ministre. Cette définition a été amplement légitimée
par Giorgio Strehler, Lluis Pasqual ou Georges Lavaudant. Dans le contexte de
difficultés en tous genres qui affectent les politiques culturelles en Europe,
il est essentiel que l'Odéon-Théâtre de l'Europe retrouve pleinement sa place
(Exclamations sur les bancs du groupe SRC), qui lui vaut une subvention
de 12 millions d'euros et un concours européen tout récent, que le Gouvernement
a contribué à lui obtenir. La nomination que je propose au Président de la
République,... (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) M.
Christian Bataille. Coupeur de têtes ! M. Frédéric
Mitterrand, ministre. ...celle d'une personnalité unanimement
respectée,... M. Christian Bataille. Jivaro ! M.
Frédéric Mitterrand, ministre. ...me semble plus conforme aux
attentes que suscite l'Odéon. J'ai longuement exposé mon point de vue à l'actuel
directeur, en lui confirmant que les engagements qu'il a pris envers les
artistes en résidence seront évidemment honorés... M. Christian
Bataille. Autocrate ! M. le président. Monsieur
Bataille ! M. Frédéric Mitterrand, ministre. ...et en
lui précisant que j'étais ouvert à toute réflexion concernant une autre
affectation d'importance plus adaptée à son talent. Il n'y a eu ni brutalité, ni
surprise,... M. Christian Bataille. Tartuffe ! M.
Frédéric Mitterrand, ministre. ...car cette rencontre n'était
évidemment pas la première, mes réticences grandissantes étant bien connues.
N'est abasourdi que celui qui ne veut pas entendre ! (Applaudissements sur
plusieurs bancs du groupe UMP.) La politique que je mène est
soigneusement mûrie (Exclamations sur les bancs du groupe SRC) et,
lorsqu'il s'agit de l'Odéon-Théâtre de l'Europe, le mieux n'est pas l'ennemi du
bien ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP. - Exclamations sur les
bancs du groupe SRC.)
|