FICHE QUESTION
13ème législature
Question N° : 3251  de  M.   Moscovici Pierre ( Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Doubs ) QG
Ministère interrogé :  Budget, comptes publics, fonction publique et réforme de l'État
Ministère attributaire :  Budget, comptes publics, fonction publique et réforme de l'État
Question publiée au JO le :  18/05/2011  page : 
Réponse publiée au JO le :  18/05/2011  page :  3133
Rubrique :  impôts et taxes
Tête d'analyse :  politique fiscale
Analyse :  réforme. perpectives
DEBAT :

BILAN DU GOUVERNEMENT ET PROJET SOCIALISTE :
FISCALITÉ

M. le président. La parole est à M. Pierre Moscovici, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
M. Pierre Moscovici. Monsieur le Premier ministre, dans quelques jours nous serons amenés à discuter une nouvelle fois de votre politique fiscale.
Le quinquennat actuel a débuté par un cadeau aux plus fortunés, dont le symbole restera le bouclier fiscal. Ce que le Président de la République présentait comme l'un des marqueurs de votre politique est devenu un tel boulet fiscal que vous annoncez maintenant son abrogation.
Cette abrogation aurait pu être l'occasion de réparer au moins un peu votre erreur, d'envoyer un signal à la France qui travaille, celle-là même que le Président Sarkozy prétendait incarner. Hélas, votre politique se tourne une fois encore vers les plus riches.
Vous supprimez certes le bouclier fiscal, mais pour aussitôt alléger l'impôt de solidarité sur la fortune. Résultat : au terme de votre réforme, les foyers fiscaux ayant un patrimoine supérieur à 17 millions d'euros bénéficieront d'une baisse moyenne d'ISF de 370 000 euros. À l'évidence, c'est une nouvelle provocation, un nouveau cadeau qui apparaîtra comme inacceptable à tous les Français, qui subissent une crise sans précédent, quoi qu'en ait dit le Premier ministre.
Le parti socialiste s'oppose à cette réforme. Il en propose une autre qui sera une véritable révolution fiscale tournée vers la justice : non, nous ne toucherons pas à l'ISF ; oui, nous reviendrons sur les 70 milliards d'euros de niches fiscales que vous avez créées depuis 2002 ; oui, nous établirons une fiscalité juste et progressive prélevée à la source sur les revenus ; oui, nous privilégierons ceux qui travaillent face aux rentiers et nous mettrons fin aux aberrations et aux injustices que vous tolérez. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Comment justifier par exemple que l'entreprise Total soit totalement exonérée d'impôt sur les sociétés quand, dans le même temps, la charge de la dette pèse sur les classes populaires et moyennes.
M. Richard Mallié. C'est à l'étranger que le groupe fait ses bénéfices !
M. Pierre Moscovici. Monsieur le Premier ministre, accepterez-vous de vous engager dans la voie d'une fiscalité juste qui privilégie enfin l'effort plutôt que la rente ? Nous, nous le ferons ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à M. François Baroin, ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'État, porte-parole du Gouvernement.
M. François Baroin, ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'État, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le député, permettez-moi de vous dire que vous mélangez tout et n'importe quoi. (Protestations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
Je comprends que vous vous appuyiez sur cette question d'actualité pour faire la promotion d'un projet politique plus ou moins mort-né de la rue de Solférino.
M. Christian Paul. Quel mépris, c'est incroyable !
M. François Baroin, ministre. Vous critiquez la réforme fiscale et vous vous y opposerez, nous l'avons compris. Mais vous n'arriverez jamais à démontrer que cette réforme fait des cadeaux à qui que ce soit, car sa grande vertu est précisément d'atteindre le double objectif de justice et de compétitivité qui était poursuivi.
M. Jean Mallot. Carabistouilles !
M. François Baroin, ministre. La suppression du bouclier n'est un cadeau à personne et sûrement pas aux plus fortunés des Français. S'agissant des modalités de financement de cette réforme qui est neutre pour les finances publiques, je précise que pas une personne actuellement non assujettie à l'ISF ne sera appelée à contribuer à son financement.
M. Marcel Rogemont. Vos chiffres sont faux !
M. François Baroin, ministre. Effectivement, il y aura un allègement de la fiscalité sur le patrimoine - une mesure logique en termes de compétitivité, ce que vous refusez d'admettre - mais il y aura un renforcement de la fiscalité sur la transmission ou sur le flux du patrimoine.
Oui cette réforme est juste ; non elle ne fait aucun cadeau ; non les personnes qui franchiront un seuil ne seront pas perdantes.
M. Marcel Rogemont. Si !
M. François Baroin, ministre. Pour le reste, vous vous lancez dans une grande aventure, mais nous ne vous rejoindrons pas sur ce terrain. Non que l'idée de la retenue de l'impôt à la source ne soit pas populaire, mais votre grande idée est de fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG.
La CSG est un impôt vertueux avec une assiette large et un taux proportionnel. Quant à l'impôt sur le revenu, je rappelle qu'il est payé par 15 millions de foyers fiscaux sur les 36 millions de foyers fiscaux existants ; 500 000 personnes paient 43 % des 50 milliards d'euros - petite recette pour l'État - qu'il rapporte.
En cas d'application de votre idée, une règle naturelle de l'économie s'imposerait : la mauvaise monnaie chasserait la bonne ; la CSG " se mitera " et l'impôt sur le revenu ne s'améliorera pas.
Si nous avons des idées opposées, je crois en conscience et en responsabilité qu'au mois de juin, lors de l'examen de la réforme fiscale, vous pourrez, mesdames et messieurs les députés, voter la suppression du bouclier et la réforme dans sa globalité. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et quelques bancs du groupe NC.)

S.R.C. 13 REP_PUB Franche-Comté O