DEBAT :
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SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE M.
le président. La parole est à M. Jean-Marc Ayrault, pour le groupe
socialiste, radical, citoyen et divers gauche. M. Jean-Marc
Ayrault. Monsieur le Premier ministre, les Français sont
inquiets. M. Charles de La Verpillière. Ce n'est pas vous
qui allez les rassurer ! M. Jean-Marc Ayrault. Le sentiment
général est que les crises se succèdent sans que la politique ait prise sur les
événements. L'enjeu, pour nous tous, est de répondre à cette interrogation : qui
dirige la France, l'Europe, le monde ? Les agences de notation, les marchés
financiers, ou les gouvernements, par l'intermédiaire des peuples qui leur ont
fait confiance ? Voilà la question que se posent aujourd'hui les
Français. Mais nous connaissons votre réponse. Vous utilisez la crise pour
entraîner le pays vers encore plus de libéralisme, alors que ce sont précisément
ses excès qui nous ont conduit à cette situation. M. Dominique
Dord. Baratin ! M. Jean-Marc Roubaud. C'est faux
! M. Jean-Marc Ayrault. Vous utilisez la crise pour
affaiblir l'État, rétrécir ses domaines d'intervention, dans la solidarité, la
sécurité, l'éducation. Vous utilisez la crise pour taxer encore davantage les
Français, tout en épargnant les plus riches. Vous annoncez une modeste taxe
sur les grandes fortunes, qui ne durera que jusqu'en 2013, tandis que vous
doublez, à perpétuité, la taxe sur les mutuelles qui frappe tous les Français.
Votre politique est si injuste, si indécente, que même les grands patrons
français finissent par s'inquiéter de l'image qu'elle renvoie
d'eux-mêmes. M. Dominique Dord. Élevez-vous un peu
! M. Jean-Marc Ayrault. Il existe pourtant une autre voie,
celle que nous proposons (Rires et exclamations sur les bancs du groupe
UMP),... M. Franck Gilard. Vous nous faites rire
! M. Christian Vanneste. Ça va être beau ! M.
Jean-Marc Ayrault. ...qui allie initiative européenne de croissance,
investissement industriel, innovation dans les secteurs d'avenir, transition
énergétique, reconversion des filières, justice sociale et fiscale. Nous voulons
un État stratège, un État qui protège. La question aujourd'hui posée est
simple : on continue ou on change ? Je vous le dis, monsieur le Premier ministre
: une majorité de Français, nous allons choisir le changement.
(Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) M. le
président. La parole est à M. le Premier ministre. M.
François Fillon, Premier ministre. Monsieur le président
Ayrault, ce débat, les Français vont le trancher. Et ils le trancheront sur la
base des réalités. M. Jean Glavany. D'un bilan
! M. François Fillon, Premier ministre. Les réalités,
c'est que l'action du Gouvernement et de la majorité a bel et bien permis de
protéger notre pays des attaques qui sont en train de mettre en grande
difficulté une bonne part des pays européens. Je le disais à l'instant en
répondant à M. Lachaud, nous faisons partie des dix pays au monde dont les
finances publiques bénéficient de la meilleure confiance des opérateurs.
(Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) Si nous avons connu,
comme tous les pays développés, comme les États-Unis, comme les autres pays
européens, une forte augmentation de notre endettement depuis trente ans, c'est
parce que nous n'avons pas suffisamment réagi à la compétition que nous
imposaient inéluctablement les pays émergents. Nous n'avons pas suffisamment
réformé notre organisation économique comme notre organisation sociale. Et ce
manque de compétitivité, ce différentiel de compétitivité avec les pays
émergents, nous l'avons financé par l'endettement. C'est une responsabilité
collective : je n'ai pas besoin de rappeler ici le nombre des niches fiscales et
sociales dont vous êtes responsables, et celles dont nous sommes
responsables. M. Marcel Rogemont. Cela fait dix ans que vous
gouvernez ! M. François Fillon, Premier ministre.
Depuis trente ans, dans tous les pays européens, qu'ils soient gouvernés par
la gauche ou par la droite, l'endettement a crû. Aujourd'hui, la question qui
est posée, et particulièrement à l'opposition, ce n'est pas que vous renonciez à
vos convictions, ce n'est pas que vous renonciez à la bataille électorale que
vous avez engagée sur vos arguments ; c'est simplement que, dans une situation
aussi périlleuse pour l'ensemble de l'Union européenne, pour l'ensemble des
économies européennes, vous preniez quelques engagements qui montrent à
l'ensemble de nos concitoyens, à nos voisins européens, aux opérateurs
financiers qui nous prêtent aujourd'hui le moyen de financer notre dette, que la
confiance dans les finances publiques françaises est une confiance dans la
durée. Pour ma part, je vous demande simplement deux choses : premièrement,
renoncez, comme vous ne l'avez pas encore fait, à promettre que vous reviendrez
sur la retraite à 60 ans (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et
NC),... M. Jean Glavany. Occupez-vous de votre
politique, pas de notre programme ! M. François Fillon,
Premier ministre. ...parce c'est une promesse insensée et qui, dans le
contexte économique et financier actuel, enlève une grande partie de la
crédibilité dont vous pourriez vous prévaloir. Deuxièmement, engagez avec
nous le débat sur l'introduction dans la Constitution de règles qui
permettraient de protéger nos concitoyens. (Exclamations sur les bancs du
groupe SRC.) M. Jean Glavany. Commencez par rétablir les
règles que vous avez supprimées ! M. François Fillon,
Premier ministre. Personne ne vous demande de dire oui au Gouvernement,
sans discussion. Mais, au moins, montrez que vous êtes des hommes et des femmes
ouverts au dialogue,... M. Jean Glavany. La règle d'or sur
la CADES, rétablissez-la ! M. François Fillon, Premier
ministre. ...en engageant avec nous ce débat, parce que c'est un débat
fondamental pour assurer la crédibilité des finances publiques de notre pays
dans la durée. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et
NC.)
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