DEBAT :
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PSYCHIATRIE ET PRISE EN CHARGE DES AUTISTES M. le président. La parole est à M. Jacques
Grosperrin, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire. M.
Jacques Grosperrin. Madame la ministre de la santé, de la jeunesse et
des sports, le film de Sandrine Bonnaire intitulé Elle s'appelle Sabine
expose enfin la situation douloureuse des personnes atteintes d'autisme et
de leurs familles, ainsi que la situation difficile de la psychiatrie publique
en France. Ce témoignage, qui montre le parcours de soins d'une jeune femme
qui a fait l'objet d'une erreur de diagnostic pendant des années, ne peut que
mettre en débat les modalités de prise en charge de l'autisme en France. Il
montre aussi l'inadaptation des structures de la psychiatrie publique à des
séjours hospitaliers souvent longs et les problèmes des échanges avec les
familles, souvent encore, il faut le reconnaître, trop sommaires. Les
services de psychiatrie apparaissent encombrés et l'organisation semble
difficile à comprendre pour les patients et, plus encore, pour leurs familles,
ce qui ajoute de la souffrance à la souffrance et crée une incompréhension
réciproque. J'ai eu récemment l'occasion de rencontrer des associations
d'alternative psychiatrique qui les accompagnent et font sans relâche un travail
remarquable sur le terrain, comme Les Invités au Festin, à
Besançon. Pouvez-vous préciser, madame la ministre, ce que compte faire le
Gouvernement pour mieux prendre en compte les autismes ? Pouvez-vous aussi, plus
largement, préciser quelle est la situation de la psychiatrie en France ?
(Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire et sur plusieurs bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et
divers gauche.) M. le président. La parole est à Mme
Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé, de la jeunesse et des
sports. Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la
santé, de la jeunesse et des sports. Monsieur le député Grosperrin, j'ai été
comme vous profondément émue par le témoignage de Mme Sandrine Bonnaire - avec
qui j'aurai d'ailleurs un entretien demain -, et cela d'autant plus que la prise
en charge de l'autisme est l'un des engagements associatifs continus de ma
vie. La politique du Gouvernement de prise en charge de l'autisme va se
déployer en trois directions. Pour ce qui est, tout d'abord, de la prise en
charge spécifique des malades autistes, Xavier Bertrand, ministre du travail,
des relations sociales et de la solidarité, et moi-même présenterons au début du
mois de mars un plan autisme qui se développera selon plusieurs axes : le
dépistage, les bonnes pratiques de soins, la scolarité et l'augmentation du
nombre de places en établissements médico-sociaux. En deuxième lieu, puisque
vous m'interrogez sur l'état de la psychiatrie dans notre pays. De fait, nombre
de malades autistes sont pris en charge dans des conditions inadaptées. C'est la
raison pour laquelle, dans ce secteur de la psychiatrie qui coagule 8 milliards
d'euros, le Gouvernement a décidé d'un effort très important avec le plan de
santé mentale, qui, évidemment, consacre des crédits élevés à la modernisation
des établissements et des équipes : 287,5 millions d'euros pour les équipes, 188
millions d'euros pour la formation et plus de 750 millions d'euros pour la
modernisation des structures. Le troisième volet, enfin, très important est
celui des droits des malades hospitalisés pour des raisons de santé mentale et
de leurs familles. Nous réexaminerons ainsi cette année, afin de mieux assurer
ces droits, la loi du 27 juin 1990 relative aux droits et à la protection des
personnes hospitalisées en raison de troubles mentaux et à leurs conditions
d'hospitalisation. Voilà, monsieur le député Grosperrin, la politique du
Gouvernement en faveur de l'autisme. (Applaudissements sur les bancs du
groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
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