DEBAT :
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DÉPLACEMENT DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE À GANDRANGE M. le président. La parole est à M. Jean-Paul
Anciaux, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire. M.
Jean-Paul Anciaux. Ma question s'adresse à Mme la ministre de
l'économie, des finances et de l'emploi. Hier, le Président de la République
a fait un déplacement à l'usine ArcelorMittal de Gandrange, en Moselle. Je suis
très attentif à cette actualité puisque, implantée sur ma circonscription
d'Autun-Le-Creusot, Industeel, filiale d'ArcelorMittal, est une entreprise de
près de 1 000 salariés, composée d'une aciérie, d'un laminoir et d'une fonderie,
une entreprise dynamique largement tournée vers l'exportation. Or j'observe
aujourd'hui que 600 emplois sur 1 100 sont menacés en Moselle par un projet de
fermeture de l'aciérie. La direction du premier producteur mondial d'acier juge
semble-t-il ces installations non rentables. Les syndicats dénoncent de leur
côté le manque d'investissements, et l'absence d'anticipation concernant le
remplacement des départs en retraite qui serait la cause, selon eux, d'une
importante perte de savoir-faire. Le PDG d'ArcelorMittal, Lakshmi Mittal, a
accepté le 28 janvier, au sortir d'un entretien avec le Président Sarkozy à
l'Élysée, le plan de fermeture partielle de Gandrange jusqu'à la présentation,
début avril, d'un contre-projet élaboré en partenariat avec
l'intersyndicale. Madame la ministre, il ne serait pas acceptable qu'une
décision puisse être anticipée ou que ne soient pas suffisamment prises en
compte dès maintenant les contre-propositions des partenaires sociaux. Le
Président de la République s'est rendu hier à Gandrange. Il a indiqué clairement
que l'État préfère investir dans la modernisation de l'outil industriel plutôt
que de financer des préretraites et d'accompagner socialement des salariés
privés d'emploi. C'est une décision que j'approuve sans réserve. Vous
connaissez, madame la ministre, mon attachement au dialogue social. Vous vous
êtes entretenue avec le Premier ministre et le Président de la République. Quel
regard portez-vous sur l'annonce de cette fermeture, et quelles mesures
immédiates vont être prises pour sauver ces emplois ? (Applaudissements sur
les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) M.
le président. La parole est à Mme Christine Lagarde, ministre de
l'économie, des finances et de l'emploi. Mme Christine
Lagarde, ministre de l'économie, des finances et de l'emploi.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les députés, monsieur le député
Anciaux, je vous livrerai une analyse, deux scénarios et deux leçons à tirer de
cette affaire Gandrange. Première analyse : la France, contrairement à un
certain nombre de ses voisins comme la Grande-Bretagne, est un grand pays
industriel. Pour conserver une industrie sidérurgique, il est évident qu'elle
doit maintenir son infrastructure. Deux scénarios sont en présence, monsieur le
député Anciaux. Celui établi par le groupe ArcelorMittal qui a acheté le site de
Gandrange pour un euro symbolique en 1999... M. Julien Dray.
Un euro ! M. Jean Glavany. Et des milliards d'euros de
bénéfices ! Mme la ministre de l'économie, des finances et de
l'emploi. ....et qui considère qu'il n'est pas en mesure d'effectuer
des investissements pour maintenir l'intégralité du site. Le deuxième scénario
est celui des organisations syndicales qui considèrent que d'autres solutions
sont possibles. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, radical,
citoyen et divers gauche.) Comme moi, vous aurez noté que grâce à une
intervention au plus haut niveau de l'État - celle du Président de la République
-, un délai supplémentaire de deux mois a été consenti par le groupe Mittal pour
explorer les autres scénarios. Une chose est certaine, et elle a été rappelée
avec force par le Président de la République lorsqu'il s'est rendu, avec Xavier
Bertrand, sur le site de Gandrange : l'État mettra tous les moyens disponibles
pour assurer la pérennité d'un site industriel nécessaire au maintien de
l'activité sidérurgique, dès lors qu'elle est stratégique. Nous pouvons en
tirer deux enseignements, dont un auquel je sais que vous serez sensible.
Premièrement, il convient toujours d'anticiper, dans le cadre du dialogue
social. Les maisons de l'emploi auxquelles vous êtes très attachés constituent
l'un des lieux - de même que la gestion prévisionnelle de l'emploi -, où le
dialogue doit se tenir (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste,
radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et
républicaine)... M. Jacques Desallangre. Arrêtez
! Mme la ministre de l'économie, des finances et de l'emploi.
...tout simplement pour anticiper les mutations
sociales... M. Frédéric Cuvillier. Ce n'est pas vous qui
irez pointer ! Mme la ministre de l'économie, des finances et de
l'emploi. ...et prendre les mesures nécessaires pour en prévenir les
effets quand ils sont négatifs. Deuxièmement : en matière de formation
professionnelle, que nous allons réformer en profondeur en 2008, des efforts
considérables doivent être consentis pour amener l'ensemble des salariés à
s'adapter aux mutations professionnelles. Dernier point : le groupe
ArcelorMittal s'est engagé à créer 800 emplois, dont 400 dans le bassin lorrain.
C'est cela aussi la réalité d'une entreprise. Les autorités de l'État au plus
haut niveau et le Gouvernement tout entier sous la direction du Premier ministre
seront particulièrement attentifs à la manière dont, jour après jour, les deux
mois qui viennent seront consacrés à examiner les scénarios.
(Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.) M. Bruno Le Roux. Dix minutes pour dire que
le Président de la République a raconté n'importe quoi !
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