DEBAT :
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DÉGRADATION DE LA NOTE DE LA FRANCE PAR UNE AGENCE DE NOTATION
M. le président. La parole est à M.
Jean-François Copé, pour le groupe de l'Union pour un mouvement
populaire. M. Jean-François Copé. Monsieur le président, ma
question s'adresse à M. le Premier ministre. La crise économique que traverse
notre continent, l'Europe, et notre pays, la France, génère - et c'est naturel -
beaucoup de préoccupations chez un grand nombre de nos compatriotes. Mais les
crises sont aussi des révélateurs de tempéraments pour les dirigeants
politiques. (Exclamations et rires sur les bancs du groupe SRC.) Où en
serions-nous aujourd'hui si, à l'initiative du Président de la République, nous
n'avions pas mis en oeuvre la réforme des retraites, la règle de
non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux et la modernisation notre système
de santé ou de nos tribunaux ? (Protestations sur les bancs du groupe SRC.-
Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) M. Patrick
Lemasle. Et le bouclier fiscal ! M. Roland Muzeau.
Et la niche Copé ! M. Jean-François Copé. Au nom du groupe
de l'UMP, je tiens à saluer le sang-froid dont font preuve le Président de la
République et notre Gouvernement dans cette période. (Applaudissements sur
les bancs du groupe UMP.) Les Français ont une exigence de vérité. À
l'occasion de cette crise, nous changeons d'époque, des décisions devront être
prises concernant l'emploi, la compétitivité - c'est pourquoi il faut faire
baisser le coût du travail -, la justice - d'où la taxe sur les transactions
financières ou bien encore l'effort massif sur la formation et
l'apprentissage. La crise est aussi un révélateur de
tempéraments. M. Jean Glavany. Vous vous répétez
! M. Jean-François Copé. De ce point de vue, comme beaucoup,
j'ai été choqué par la délectation avec laquelle M. Hollande a accueilli
l'annonce de la dégradation de la France par l'agence Standard and Poor's. J'ai
été, comme beaucoup, indigné de voir M. Hollande, depuis les Antilles
(Protestations sur les bancs du groupe SRC), dans une salle, il est vrai,
à moitié vide... M. Bernard Roman. C'est la France
! M. Jean-François Copé. ...penser que ce qui est une
mauvaise nouvelle pour la France serait une bonne nouvelle pour lui ! (Vives
protestations sur les bancs du groupe SRC.) M. le
président. Je vous en prie, mes chers collègues, un peu de calme
! M. Jean-François Copé. Je m'inquiète de voir M. Hollande
s'étouffer dans ses contradictions. Et vos hurlements en sont une belle
illustration. Lorsque la France est dégradée par Standard and Poor's, ce
serait à cause de Nicolas Sarkozy ! (Applaudissements sur les bancs du groupe
UMP.- Huées sur les bancs du groupe SRC.) M. le
président. La parole est à M. François Fillon, Premier
ministre. M. François Fillon, Premier ministre.
Mesdames et messieurs les députés, monsieur Jean-François Copé, nous avons
assisté vendredi à une sorte de petit tsunami médiatique qui était parfois aussi
indécent que déplacé. M. Bernard Roman. De la part de
Longuet ? M. François Fillon, Premier ministre. En
effet, les agences de notation, sont des indicateurs utiles qui doivent être
écoutés. M. Claude Bartolone, M. Henri
Jibrayel et M. Bernard Roman. Longuet, Longuet,
Longuet ! M. le président. Monsieur Bartolone, monsieur
Jibrayel, je vous en prie ! M. François Fillon, Premier
ministre. Elles sont des indicateurs utiles, parce qu'elles influent sur les
marchés. En même temps, les agences de notation ne font pas la politique de la
France et elles ne la feront pas plus demain. (Applaudissements sur les bancs
du groupe UMP.) Ces agences sont utiles, à condition que l'on lise avec
attention leurs avis. Il existe trois agences. La première, Fitch, le 16
décembre a confirmé le triple A de notre pays avec une perspective négative, en
indiquant qu'elle agissait ainsi en raison de son inquiétude sur l'aggravation
de la crise en Europe. Vendredi, Standard and Poor's a dégradé seize pays de
la zone euro, allant jusqu'à placer sous perspective négative des pays qui n'ont
pas de dette ou quasiment pas de déficit, comme le Luxembourg ou les
Pays-Bas. M. Pierre Gosnat. De quel droit ? M.
François Fillon, Premier ministre. Enfin, lundi, Moody's a
confirmé le triple A stable de la France, tout en indiquant qu'elle poursuivait
le réexamen de la notation de l'ensemble des pays européens. Il est vrai que
nous aurions aimé entendre l'opposition faire preuve d'autant d'imagination dans
ses commentaires à l'occasion de l'annonce de lundi que de celle de vendredi.
(Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) Plusieurs
députés du groupe SRC. Longuet, Longuet ! M. le
président. S'il vous plaît ! M. François Fillon,
Premier ministre. En réalité, ces trois agences, à leur manière, disent
la même chose : une très grande incertitude pèse sur l'économie
européenne. M. Patrick Bloche. Française ! M.
François Fillon, Premier ministre. Il est donc parfaitement
inutile de se jeter avec gourmandise sur leurs jugements pour leur faire dire ce
qu'elles ne disent pas. M. Patrick Bloche. Ça rame
! M. François Fillon, Premier ministre. D'ailleurs,
pour une fois, les marchés ont été un peu moins erratiques que les responsables
politiques : les taux auxquels notre pays emprunte à dix ans sont descendus à
3,04 %, le spread entre la France et l'Allemagne s'est réduit aujourd'hui de 6,5
points et même la bourse a salué positivement l'évolution de la situation de ces
derniers jours. (Protestations sur les bancs des groupes SRC et
GDR.) M. Jean Glavany. Tout va très bien ! M.
François Fillon, Premier ministre. Ces jugements, auxquels nous
accordons de l'importance, ne nous feront pas dévier de la stratégie que nous
avons décidée et que nous nous sommes fixée ensemble. Cette stratégie
consiste à tenir strictement nos engagements en matière de réduction des
déficits et de réalisation des engagements budgétaires. M. Pierre
Gosnat. Quatre millions de chômeurs, quatre millions de pauvres
! M. François Fillon, Premier ministre. Nous nous
étions engagés à faire descendre le déficit de sept points, à 5,7 % en 2011 ;
nous le ferons et nous serons même en dessous de 5,7 %. De la même façon,
nous serons au rendez-vous de 2012 avec un engagement de déficit à 4,5 % pour
atteindre l'équilibre en 2016 et non en 2017 comme le prévoit le programme du
parti socialiste. Entre 2011 et 2012, nous avons fait 51 milliards d'euros
d'économies. Pour la première fois, nous avons diminué les dépenses et la masse
salariale de l'État. En 2011, nous avons réduit le déficit public de 30
milliards d'euros. Aucun gouvernement n'en a jamais fait autant sous la
Cinquième République ! (Applaudissements sur les bancs du groupe
UMP.) M. Arnaud Montebourg. Quel génie ! M.
François Fillon, Premier ministre. Désormais, mesdames et
messieurs les députés, la priorité doit être la recherche de la
croissance. M. Jean Mallot. La " recherche ", oui
! M. François Fillon, Premier ministre. Ce sera
d'abord le sommet européen du 30 janvier prochain qui devra notamment examiner
les propositions importantes que la France met sur la table pour une action
européenne au service de la croissance. M. Christian
Bataille. Tout va très bien ! M. François Fillon,
Premier ministre. Ce sera surtout le sommet qui aura lieu demain avec les
partenaires sociaux. Il s'agira d'étudier ensemble comment la France peut aller
chercher la croissance en améliorant la compétitivité de son économie. Nous
proposerons des mesures conjoncturelles mais nous ouvrirons aussi le débat sur
des propositions structurelles relatives à la question de la formation des
chômeurs, de la baisse du coût du travail... M. Pierre
Gosnat. Ça, ça vous connaît ! M. François Fillon,
Premier ministre....et du financement de la protection sociale, mais
aussi relatives aux accords de compétitivité dans les entreprises, qui ont été
l'une des raisons du succès allemand de ces dernières années, et enfin à la
question de la taxe sur les transactions financières. M. Roland
Muzeau. Et les paradis fiscaux, on verra après ! M. François
Fillon, Premier ministre. Mesdames et messieurs les députés,
notre pays a besoin d'efforts, d'unité et de rigueur, mais il a surtout besoin
d'unité nationale. Je le dis solennellement : nous ne demandons pas à
l'opposition d'approuver nos choix et notre bilan, nous lui demandons simplement
de ne pas aggraver les difficultés de notre pays et celles des dirigeants
européens. (Les députés du groupe UMP et certains députés du groupe NC se
lèvent et applaudissent longuement. -Exclamations sur les bancs des groupes SRC
et GDR.)
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