DEBAT :
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BILAN D'UN AN DE MANDAT PRÉSIDENTIEL M. le président. La parole est à M. François
Hollande, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche. M. François Hollande. Monsieur le Premier ministre,
les mauvais chiffres s'ajoutent aux mauvais chiffres. (" Oh ! " sur les bancs
du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) L'inflation vient de
dépasser les 3 %. (Exclamations sur les mêmes bancs.) M.
Christian Paul. C'est la vérité ! M. François
Hollande. La consommation des ménages a reculé au mois de mars. Les
mises en chantier de logements ont diminué de plus de 10 % au premier trimestre.
La croissance de notre pays sera au mieux, disent les autorités européennes, de
1,5 %. M. Jean-Michel Fourgous. Tout va mal, quoi
! M. François Hollande. Nous sommes sous le coup d'un
avertissement de Bruxelles pour déficit excessif. Le chômage vient de reprendre
sa progression. Voilà l'état de l'économie française. (Exclamations sur les
bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) M. Marc
Francina, M. Christian Vanneste et M. Lucien
Degauchy. Merci les 35 heures ! M. François
Hollande. L'indicateur du moral des Français vient d'atteindre son plus
bas niveau historique. Face à cette situation, votre ministre de l'économie
et des finances ne cesse de répéter que tout va bien et qu'il y a pas de quoi
nous inquiéter... C'est là plus qu'une erreur de communication : la révélation
d'un mauvais pilotage de l'économie. (Exclamations sur les bancs du groupe de
l'Union pour un mouvement populaire. - Applaudissements sur les bancs du groupe
socialiste, radical, citoyen et divers gauche.) C'est la question des
prix et du pouvoir d'achat qui empêche nos concitoyens de retrouver confiance.
Or votre décision d'augmenter, demain, le prix du gaz de 5,5 % - après les 4 %
du mois de janvier, portant l'augmentation à 10 % - est une mauvaise nouvelle de
plus pour les Français, en particulier pour les 8 millions qui se chauffent au
gaz, sachant que le tarif social, qui n'est d'ailleurs toujours pas mis en
oeuvre, ne concerne que 10 % d'entre eux. Face au retour de l'inflation,
monsieur le Premier ministre, je vous fais trois propositions à effet immédiat.
(Rires et exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.) Première proposition : la baisse du taux de TVA sur les
produits de première nécessité. (Applaudissements sur les bancs du groupe
socialiste, radical, citoyen et divers gauche. - Exclamations sur les bancs du
groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Deuxième proposition : la
mise en oeuvre - enfin - du chèque transport pour les salariés de notre pays,
pour compenser la hausse du prix des carburants. (Applaudissements sur les
bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. -Exclamations sur
les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Troisième
proposition : le gel du prix du gaz dès demain matin. M. Jacques
Masdeu-Arus. Démagogie ! M. Marc Francina. Et qui
paiera tout cela ? M. François Hollande. Et pour financer
ces trois mesures, je propose d'annuler partiellement le paquet fiscal. (" Ah
! " sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. -
Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche.) La meilleure façon d'effacer une erreur, c'est d'en supprimer la
cause ! Supprimez le paquet fiscal, monsieur le Premier ministre !
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et
divers gauche. - Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire.) M. Marc Francina. Supprimez les 35
heures ! M. le président. La parole est à M. le Premier
ministre. M. François Fillon, Premier ministre.
Monsieur Hollande, vous voulez supprimer la défiscalisation des heures
supplémentaires pour les ouvriers et les salariés (Huées sur les bancs du
groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) qui ont souffert des
trente-cinq heures et du blocage des salaires ! M. Jérôme
Lambert. Et le bouclier fiscal ? M. le Premier
ministre. Vous évoquez les chiffres du chômage, comme si vous vous
réjouissiez qu'il y ait une augmentation ce mois-ci (Protestations sur les
bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.- Applaudissements
sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.), alors que
nous l'avons ramené à un taux que vous n'avez jamais réussi à atteindre !
(Protestations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche.) Vous évoquez la consommation dans notre pays, qui se tient
aujourd'hui relativement bien malgré une crise économique internationale.
(Mêmes mouvements.) Vous évoquez la croissance dans notre pays, qui se
situe aujourd'hui dans la moyenne de celle des pays de la zone euro. (" Non !
" sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers
gauche.) M. Michel Sapin. Mensonge ! Mensonge
! M. le Premier ministre. Et vous proposez, pour faire face
aux difficultés que nous rencontrons, des solutions qui n'existent pas, des
solutions virtuelles ! Reprenons-les : vous nous proposez un taux de TVA
réduit sur les produits de première nécessité. Mais c'est déjà le cas, monsieur
Hollande ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire.) Les produits de première nécessité bénéficient déjà
d'un taux de TVA réduit ! (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste,
radical, citoyen et divers gauche.) Vous nous proposez de mettre en place
un chèque transport qui a été un échec total (Protestations sur les bancs du
groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche) et qui est contraire à
tout ce que nous essayons, avec Jean-Louis Borloo, de mettre en oeuvre pour
changer les comportements dans notre pays et faire face sérieusement au problème
du réchauffement climatique. C'est tout à fait typique du débat entre nous :
pendant des années, vous vous êtes parés des habits de la lutte pour
l'environnement, mais qu'avez-vous fait ? Peu de chose ! (Applaudissements
sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. - Protestations
sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)
Nous, avec le Grenelle de l'environnement, nous avons réussi à trouver avec
la société française un accord qui nous permettra de franchir des étapes
significatives dans la lutte contre le réchauffement climatique. (Mêmes
mouvements.) M. Julien Dray. Vous avez réussi à
généraliser les OGM ! Voilà ce que vous avez réussi ! M. le Premier
ministre. Quant au prix du gaz, voulez-vous vraiment que le
contribuable subventionne le gaz dans notre pays ? M. François
Hollande. Pas le contribuable, l'actionnaire ! M. le Premier
ministre. Vous refusez l'évidence : le prix du gaz, que nous achetons à
l'étranger, est lié à celui du pétrole. (Applaudissements sur plusieurs bancs
du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) M. Patrick
Bloche. C'est faux ! M. le Premier ministre. La
vérité, c'est que le parti socialiste n'a que deux discours : un discours
conservateur - il est contre toutes les réformes que nous proposons - et un
discours démagogique à l'égard des Français. (Applaudissements sur les bancs
du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et sur plusieurs bancs du
groupe Nouveau Centre.) M. Jérôme Lambert. Pas
démagogique, protecteur ! M. le Premier ministre. Le
Gouvernement et la majorité sont fiers des cinquante-cinq réformes d'ores et
déjà votées ou engagées dans notre pays. Vous, vous n'avez aucune raison d'être
fiers ni de votre conservatisme ni de votre démagogie ! (Applaudissements sur
les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Nouveau
Centre. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et
divers gauche.)
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