Texte de la REPONSE :
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CONSÉQUENCES DE LA POLITIQUE D'ASSOUPLISSEMENT DE LA CARTE
SCOLAIRE À PARIS M. le président. La
parole est à Mme Annick Lepetit, pour exposer sa question, n° 559, relative aux
conséquences de la politique d'assouplissement de la carte scolaire à
Paris. Mme Annick Lepetit. Ma question s'adresse à M. le
ministre de l'éducation nationale et a trait à la situation des collèges
parisiens. Certains établissements connaissent de fortes tensions, mais ne
disposent pas de moyens suffisants pour y faire face. S'ils ne sont pas inscrits
dans la carte d'éducation prioritaire, ils ne peuvent bénéficier de moyens
supplémentaires et adaptés pour l'accompagnement des élèves. Cette insuffisance
budgétaire en faveur des établissements publics en difficulté entraîne déjà une
fuite des élèves. Par ailleurs, certains établissements ont été
particulièrement touchés par la politique dite d'" assouplissement " de la carte
scolaire engagée par le Gouvernement. Celle-ci fragilise un peu plus les
collègues en difficulté en accentuant le mouvement de fuite. C'est toute la
mixité sociale au sein de ces collèges qui est mise à mal. Globalement, à Paris,
les dérogations ont augmenté de 20 % à la rentrée 2008 par rapport à celle de
2007. Cette politique de dérogations massives, combinée à une restriction des
moyens alloués aux établissements en difficulté, vide littéralement certains
établissements de leurs effectifs, effectifs qui conditionnent l'octroi des
aides spécifiques de l'État. C'est particulièrement le cas au collège
Boris-Vian, dans le 17e arrondissement. Loin de résoudre les inégalités
d'accès à l'éducation, ces politiques creusent les inégalités et provoquent de
graves déséquilibres entre les différents collèges. Après six mois de mise en
place, et au regard des premiers éléments de bilan qui remontent des
territoires, je demande à M. le ministre de l'éducation nationale si le
Gouvernement compte revenir sur sa politique d'" assouplissement " de la carte
scolaire. Je souhaite également connaître les mesures concrètes qu'il compte
prendre pour, en lien avec les départements et la communauté éducative,
rééquilibrer les moyens financiers et humains en faveur des collèges qui perdent
un grand nombre d'élèves. M. le président. La parole est à
M. Bernard Laporte, secrétaire d'État chargé des sports. M. Bernard
Laporte, secrétaire d'État chargé des sports. Madame la députée,
Xavier Darcos m'a demandé de vous faire la réponse suivante. Que vous
contestiez aux familles le droit de pouvoir choisir l'établissement scolaire de
leurs enfants, c'est une position que les Français ont déjà réprouvée par trois
fois. La première fois en élisant un Président de la République et une
majorité parlementaire dont le programme prévoyait très explicitement de leur
offrir cette nouvelle liberté. La deuxième fois en essayant par tous moyens,
et depuis des années, de contourner la carte scolaire que vous cherchez à leur
imposer coûte que coûte. Et c'est précisément parce que seuls les plus informés
et les plus fortunés pouvaient y parvenir que nous avons voulu instaurer des
règles claires et transparentes, valables pour tous. Et puis, vous l'indiquez
vous-même dans votre question, les Français vous ont démenti une troisième fois
en exerçant le droit qui leur est désormais reconnu, dans des conditions qui
sont à présent bien plus satisfaisantes à l'idéal républicain de justice et
d'équité puisque rappelle que les dérogations sont désormais accordées, d'une
part, en tenant compte de la place disponible dans les établissements scolaires,
d'autre part, quand la demande est supérieure à l'offre, en accordant la
priorité aux élèves relevant de critères sociaux - les élèves boursiers par
exemple - ou médicaux, notamment les élèves atteints d'un handicap, ou encore
aux élèves souhaitant s'inscrire dans une section n'existant pas
ailleurs. Aussi, madame la députée, le ministre ne peut-il que s'inscrire en
faux contre le constat que vous venez de tracer des effets de la suppression de
la carte scolaire. Je vous rappelle, notamment, que près de 75 % des demandes de
dérogation sont liées aux critères qui viennent d'être énumérés, ce qui montre
une fois de plus, si cela était nécessaire, que l'enjeu est avant tout un enjeu
de justice sociale. S'agissant du collège Boris-Vian, que vous prenez en
exemple à l'appui de votre démonstration, vous devez savoir que cet
établissement a connu au cours des dernières années une lente érosion de ses
effectifs, érosion liée davantage au contexte démographique du nord de Paris
qu'aux décisions relatives à la carte scolaire. À la rentrée dernière, nous
avons accordé trente-huit dérogations, dont vingt-neuf relèvent de critères
sociaux. Les conditions d'enseignement se sont-elles dégradées du fait de cette
trentaine de départ ? Certainement pas. Je vous rappelle que, dans ce collège,
on compte, pour 500 élèves, deux personnels de direction, deux conseillers
principaux d'éducation et sept assistants d'éducation. Une dotation
complémentaire de trois médiateurs de réussite scolaire est prévue au 1er mars
2009 pour cet établissement qui offrait, à la rentrée dernière, un plus grand
nombre d'heures par élève qu'à la rentrée précédente. Vous le voyez, madame
la députée, l'assouplissement de la carte scolaire est loin d'être la
libéralisation anarchique du marché scolaire que vous semblez redouter.
Lorsqu'un établissement perd des élèves du fait de l'assouplissement de la carte
scolaire, nous lui maintenons les moyens dont il disposait jusqu'alors. C'est
ainsi que nous rétablirons l'attractivité de ces collèges, et non pas en
obligeant les familles à y inscrire leurs enfants ! M. le
président. La parole est à Mme Annick Lepetit. Mme Annick
Lepetit. Vous ne serez pas étonné, monsieur le secrétaire d'État, si je
vous dis que je suis un peu déçue par cette réponse politicienne, mais je sais
bien que ce n'est pas vous qui l'avez rédigée. Je resterai très concrète afin
d'éviter toute polémique superficielle, car le sujet est extrêmement grave. Je
vais donc vous donner les chiffres concernant les motifs de dérogation en
sixième sur Paris. Les demandes de dérogation concernent 13 500 élèves en
sixième - 25 % des familles en demandent une. Quels sont les motifs ? Sur 3 503
demandes de dérogation, 232 sont faites pour des motifs boursiers, 306 pour des
problèmes de langue, 346 pour rejoindre une classe à projet, 400 pour des
rapprochements de fratries, 516 pour des proximités de domicile et 1 885 pour
d'autres raisons inexpliquées. Les motifs des demandes de dérogation ne sont
donc pas vraiment ceux que donne M. Darcos. Par ailleurs, j'appelle
l'attention du ministre sur le fait que la baisse des effectifs du collège
Boris-Vian, qui est effectivement situé dans le nord de Paris, n'est pas due à
une diminution du nombre d'habitants. D'ailleurs, les derniers recensements de
l'INSEE montrent qu'il y a davantage d'habitants à Paris qu'auparavant,
notamment dans ces quartiers. Puisqu'un CDEN doit se réunir jeudi prochain, il
faut connaître les chiffres. À Boris-Vian, sur 140 places en sixième, il y a eu
104 demandes de dérogation : 38 ont été acceptées, dont 9 sans aucun motif, ce
que le rectorat n'est pas loin de reconnaître. Je tenais à vous transmettre
ces éléments d'information, car je regrette que la réponse de M. Darcos se fonde
uniquement sur les résultats de la campagne électorale. Depuis lors, de l'eau a
coulé sous les ponts, et j'imagine que ceux qui ont fait confiance au Président
de la République, notamment en matière éducative, sont tombés de haut.
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