Texte de la QUESTION :
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M. Jérôme Bignon interroge Mme la ministre de la santé et des sports sur les récents cas de méningite dans la Somme. Après avoir sévi en Seine-Maritime, spécialement entre Dieppe et la vallée de la Bresle, la méningite - de souche B:14:P1.7,16 - continue de se propager. Trois cas sont survenus dans la Somme d'octobre à décembre 2008 : la campagne de vaccination a été en conséquence étendue sur les cantons de Friville-Escarbotin, Saint-Valéry-sur-Somme, Ault et Gamaches. Malheureusement, un jeune garçon de 22 ans est décédé d'une méningite à Gamaches le 12 avril dernier. Après la jeune fille décédée à Dargnies, c'est le deuxième cas mortel depuis le début de l'année dans le Vimeu. Compte tenu de ces deux drames récents et face à l'extension de la méningite, l'émotion et l'inquiétude ressenties par les habitants de la Somme augmentent dans la population. C'est pourquoi il lui demande l'état de la situation après la campagne de vaccination en cours. Il lui demande également où en est la production de vaccins et quelles sont les perspectives pour étendre la vaccination dans les cantons limitrophes, Oisemont, Moyenneville, Hallencourt.
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Texte de la REPONSE :
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PRÉVENTION DE LA MÉNINGITE DANS LA SOMME M. le président. La parole est à M. Jérôme
Bignon, pour exposer sa question, n° 725, relative à la prévention de la
méningite dans la Somme. M. Jérôme Bignon. Madame la
ministre de la santé, ma question porte sur un dossier que vous connaissez
parfaitement, puisque nous avons déjà eu l'occasion d'en parler. Je vous ai
écrit et nous nous sommes rencontrés à Dieppe à l'occasion du suivi du dossier
de la méningite. Une épidémie de méningite assez atypique frappe le bassin de
vie situé autour de Dieppe et s'étale progressivement dans la vallée de la
Bresle, aux confins de la Somme et de la Seine-Maritime. Cette épidémie, un peu
comme le nuage de Tchernobyl, ne s'embarrasse pas de frontières : elle ne
s'arrête pas aux limites de la Seine-Maritime et gagne la Somme. Nous avons eu à
déplorer deux décès de jeunes de vingt ou vingt et un ans depuis le début de
l'année. Vous imaginez certainement l'extrême émotion des familles concernées de
Gamaches et de Darnies. Plus récemment, un jeune étudiant à la faculté
d'Amiens, originaire de ma circonscription, a succombé à cette maladie qu'il
avait certainement contractée dans le cadre de la pratique d'un sport. Les
échanges scolaires, récréatifs, sportifs donnent lieu à des contacts entre
populations qui vivent de part et d'autre de la frontière administrative de la
Somme et de la Seine-Maritime. Progressivement la Somme a été
contaminée. Vous aviez décidé, madame la ministre, de faire en sorte que les
habitants des quatre cantons les plus concernés, compte tenu de leur proximité
avec la Seine-Maritime, bénéficient d'une vaccination. Le hasard a voulu que
les tribunes de cet hémicycle aient accueilli, il y a quelques instants, les
élèves d'une école de Mers-les-Bains venus assister à la séance. Ils ont pu voir
sur la page jaune que j'allais poser une question sur l'épidémie de méningite,
sujet qui les concerne très directement : ils ont déjà eu droit à une
vaccination. Les enseignants m'ont confié que cette opération avait permis de
rassurer les parents des cantons limitrophes. Les vaccinations ont été prises en
charge et effectuées avec beaucoup de soin par des professionnels de la DDASS de
Seine-Maritime ou de la DDASS de la Somme. M. le président.
Posez votre question, mon cher collègue. M. Jérôme Bignon.
Ma question porte sur la situation et son évolution : où en est la production de
vaccins et quelles sont les perspectives pour étendre la vaccination dans les
cantons limitrophes : Oisemont, Moyenneville, Hallencourt ? M. le
président. La parole est à Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de
la santé et des sports. Mme Roselyne Bachelot-Narquin,
ministre de la santé et des sports. Monsieur le député, l'épidémie de
méningite qui sévit dans la Somme est un sujet de santé publique qui me tient
particulièrement à coeur. Je me suis récemment rendue dans cette région et
j'oeuvre à la résolution de ce problème depuis mon arrivée à la tête du
ministère de la santé et des sports. On ne peut être que profondément
marqué.par la douleur de ces familles qui, dans la plupart des cas, ont perdu de
très jeunes enfants. Pour les avoir personnellement rencontrées lors de mes deux
déplacements à Dieppe, j'ai pris la mesure de leur malheur et de leur
souffrance. Je comprends donc parfaitement l'inquiétude que ces infections
peuvent susciter au sein de la population. Dans la suite du département de
Seine-Maritime qui présente depuis 2003 une situation d'hyper-endémie
d'infections invasives à méningocoques - nous ignorons pourquoi cette région est
particulièrement touchée -, et malgré les mesures mises en oeuvre dans ce
département, plusieurs cantons de la Somme sont désormais infectés. Depuis
l'automne 2008, l'augmentation du nombre de cas d'infections à méningocoques B
dues à la même souche dans quatre cantons du département de la Somme - Ault,
Friville-Escarbotin, Saint-Valéry-sur-Somme et Gamaches - témoigne de
l'émergence d'un nouveau foyer. En effet, six cas d'infections invasives à
méningocoques ont été signalés dans la Somme depuis le début de l'année 2009,
chez des enfants et des jeunes adultes âgés de quinze mois à vingt-deux ans,
dont quatre possiblement dus à la même souche, dont deux confirmés par le centre
national de référence. En conséquence, et sur la base de l'analyse
épidémiologique faite par l'institut de veille sanitaire, le haut-conseil de la
santé publique a recommandé la vaccination des enfants et adolescents de ces
quatre cantons de la Sommé avec le même vaccin que celui utilisé en
Seine-Maritime : le MenBvac. La nouvelle campagne de vaccination, menée
conjointement par les deux départements, a débuté le 16 mars 2009. Début mai,
dans la Somme, sur les 11 737 enfants éligibles, 8 633 ont été vaccinés. Il est
bien entendu trop tôt pour connaître l'impact de cette campagne de vaccination
qui s'accompagne, je le rappelle, de nombreuses autres mesures dont
l'information du grand public et des professionnels de santé pour contribuer à
un diagnostic plus précoce et ainsi, augmenter les chances de guérison. La
livraison mi-mai et début juin de 18 000 doses au centre hospitalier de Dieppe
pour les deux départements leur permettra de terminer la campagne en
cours. Concernant l'extension de la vaccination à d'autres cantons sur
laquelle vous m'avez interrogée, monsieur le député, je précise que la situation
que connaissent les deux départements de la Somme et de la Seine-Maritime fait
l'objet d'une surveillance extrêmement étroite par l'InVS qui procède à une
réévaluation systématique sitôt qu'un nouveau cas survient. L'émergence de
cas dans des nouveaux cantons pourrait ainsi conduire à étendre la campagne de
vaccination. Aussi la France continue-t-elle à s'appuyer sur le contrat passé
avec le Norwegian Institute of Public Health pour la livraison de 100 000
doses par an du vaccin MenBvac, ce qui représente la capacité maximale de
production de ce laboratoire. Croyez bien, monsieur le député, que j'achète tout
ce que je peux acheter pour les populations concernées. Il n'y a pas d'économies
dans ce domaine et je l'ai fait savoir lorsque je vous ai rencontré. La question
d'argent ne doit pas entrer en ligne de compte quand il s'agit de la protection
des populations. En outre, des contacts sont engagés avec les industriels
susceptibles de proposer, dans les années à venir, un vaccin disponible en
quantités plus importantes. Comme je vous l'ai indiqué lors de mon déplacement,
nous avons encore trop peu de visibilité pour que je puisse prendre des
engagements formels sur les quantités que nous pourrions acheter.
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