DEBAT :
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DÉSAMIANTAGE DU CAMPUS DE JUSSIEU M.
le président. La parole est à M. Philippe Vitel, pour le groupe de
l'Union pour un mouvement populaire. M. Philippe Vitel.
Madame la ministre de l'enseignement supérieur et la recherche, l'Institut de
veille sanitaire vient de faire connaître le décès de cinq personnes, survenu en
2002 et 2003, des suites d'un cancer de la plèvre. Or ces cinq personnes avaient
fréquenté le campus de Jussieu pendant plusieurs dizaines d'années. Dès 1996,
des travaux lourds et coûteux de désamiantage du site ont été entrepris. Malgré
les nuisances, les personnels et enseignants des universités de Paris VI et
Paris VII continuent sans relâche à encadrer les étudiants et à assurer les
cours. L'annonce faite ce matin, liant les causes de ces décès à la
fréquentation du site, a provoqué un légitime sentiment d'inquiétude chez des
milliers d'étudiants, de chercheurs, d'enseignants et de personnels
administratifs et techniques qui travaillent chaque jour à l'université de
Jussieu. Madame la ministre, voilà maintenant très longtemps que l'on parle
du problème de l'amiante à Jussieu. Pouvez-vous informer la représentation
nationale de l'avancée et du calendrier des travaux ? Surtout, êtes-vous
aujourd'hui en mesure de rassurer les étudiants et les personnels sur les
conditions de leur sécurité sanitaire ? (Applaudissements sur les
bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) M. le
président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur
et de la recherche. Mme Valérie Pecresse, ministre de
l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le président, mesdames
et messieurs les députés, monsieur le député Vitel, l'Institut de veille
sanitaire vient d'établir que cinq chercheurs - quatre hommes et une femme -
sont décédés il y a quelques années d'un cancer de la plèvre à la suite d'une
exposition passive à l'amiante d'une durée de 10 à 35 ans sur le campus de
Jussieu. Tout d'abord, je tiens à témoigner à leurs familles toute ma
sympathie, toute mon émotion. Je veux aussi affirmer très clairement et
solennellement qu'aujourd'hui, aucune des personnes qui travaillent, qui
étudient, qui enseignent ou qui cherchent sur le campus de Jussieu n'est plus
exposée à l'amiante. Depuis 1996, des mesures de sécurité ont été prises, de
manière à protéger les personnes... M. Maxime Gremetz. Cela
n'existe pas ! Arrêtez ! (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union
pour un mouvement populaire.) M. le président. Je vous
en prie, c'est un sujet suffisamment grave pour que l'on écoute attentivement
Mme la ministre. Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la
recherche. Ces mesures de sécurité sont vérifiées et mises à jour
chaque année. Les deux tiers du campus sont d'ores et déjà
désamiantés. M. Maxime Gremetz. Vous mentez ! Mme
la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Pourquoi le
chantier dure-t-il depuis si longtemps ? À cause du choix initial qui a été fait
de désamianter en site occupé, c'est-à-dire avec 50 000 personnes continuant à y
travailler. Cela a été très difficile de déménager des laboratoires de
recherche... M. Maxime Gremetz. Commencez à l'Assemblée
nationale ! M. le président. Monsieur Gremetz, sur une
question aussi grave, je vous demande de bien vouloir écouter attentivement la
réponse ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire.) M. Maxime Gremetz. C'est grave, je
le sais. Moi même, je suis amianté ! Mme la ministre de
l'enseignement supérieur et de la recherche. Je crois que cela
intéresse tous les gens qui nous écoutent, monsieur Gremetz. Cela a été très
difficile de déménager des laboratoires de recherche dans 120 000 mètres carrés
de locaux provisoires, de créer un campus universitaire sur la ZAC de Tolbiac à
partir de rien. Cela a pris beaucoup de temps, mais je peux vous assurer que les
crédits nécessaires au chantier de Jussieu ont toujours été débloqués par
l'État, qui a payé rubis sur l'ongle. Quand j'ai pris mes fonctions, le
chantier était bloqué depuis quelques mois. Il y avait des dysfonctionnements
administratifs, des difficultés relationnelles. (Exclamations sur les bancs
du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la
Gauche démocrate et républicaine.) M. Michel Sapin. Qui
était ministre ? Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la
recherche. Cela m'a conduite à réorganiser l'établissement public en
charge du désamiantage. Depuis l'été, les travaux sont relancés, la
reconstruction de la tour ouest a commencé. Notre objectif est de finir les
travaux, de désamianter et de rénover intégralement le campus d'ici fin 2 011.
Nous allons dégager 216 millions d'euros et douze emplois supplémentaires pour
mener à bien ces travaux. Au-delà du campus de Jussieu, nous allons
poursuivre à marche forcée le désamiantage de tous les locaux universitaires et
de recherche qui le nécessitent. C'est notre responsabilité et nous l'assumons.
(Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.)
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