FICHE QUESTION
13ème législature
Question N° : 86900  de  M.   Morel-A-L'Huissier Pierre ( Union pour un Mouvement Populaire - Lozère ) QE
Ministère interrogé :  Espace rural et aménagement du territoire
Ministère attributaire :  Espace rural et aménagement du territoire
Question publiée au JO le :  31/08/2010  page :  9417
Réponse publiée au JO le :  23/11/2010  page :  12895
Rubrique :  aménagement du territoire
Tête d'analyse :  zones urbaines
Analyse :  exode. statistiques
Texte de la QUESTION : M. Pierre Morel-A-L'Huissier attire l'attention de M. le ministre de l'espace rural et de l'aménagement du territoire sur le phénomène d'exode urbain. Il souhaiterait en connaître l'ampleur ainsi que son avis sur ce sujet.
Texte de la REPONSE : Remarque préliminaire : mesurer l'exode urbain suppose de s'entendre sur la définition de l'urbain et du rural. Dans la mesure où l'influence des villes s'étend de plus en plus loin des centres urbains les résultats sont sensiblement différents suivant qu'on retient la définition de la commune rurale (une commune rurale est une commune n'appartenant pas à une unité urbaine. Est considérée comme unité urbaine un ensemble d'une ou plusieurs communes présentant une continuité du tissu bâti [pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions] et comptant au moins 2 000 habitants) plutôt d'ordre morphologique, ou celle que nous avons privilégiée, l'espace à dominante rurale (l'espace à dominante rurale, ou espace rural, regroupe l'ensemble des petites unités urbaines et communes rurales n'appartenant pas à l'espace à dominante urbaine [pôles urbains, couronnes périurbaines et communes multipolarisées]. Cet espace est très vaste, il représente 70 % de la superficie totale et les deux tiers des communes de la France métropolitaine) qui s'appuie sur les liens entre les deux types d'espace. De plus, les constats s'appuient sur des périmètres datant du recensement 1999, ils ne seront actualisés qu'en 2011. Le partage urbain-rural sera alors à réexaminer. Si l'on retient la notion de commune rurale, le rythme de croissance des communes rurales s'est fortement accéléré (de 0,5 % par an de 1990 à 1999 à 1 % par an entre 1999 et 2006). Il a atteint plus du double de celui des communes urbaines, au sens des unités urbaines ou agglomérations (de 0,3 % à 0,6 % par an). Le fort dynamisme constaté dans les espaces à dominante rurale, pris dans leur ensemble, est soutenu par l'apport des populations venant des espaces urbains. En effet, le solde naturel (excédent des naissances sur les décès) contribue toujours négativement à l'évolution démographique globale de l'espace rural. Selon l'INSEE, les taux annuels de migration nette (rapport entre le solde des arrivées et des départs de la population résidente) et les flux les plus importants concernent les mouvements des centres urbains vers les couronnes périurbaines. Cependant, l'accélération la plus marquée concerne les mouvements vers les espaces ruraux qu'ils proviennent des pôles urbains (+ 44 habitants pour 10 000 depuis 1999 au lieu de 21 pour 10 000 entre 1990 et 1999), ou des couronnes périurbaines (de 5 à 16 pour 10 000). Au final la contribution du solde des entrées-sorties à la croissance de la population rurale est pratiquement multipliée par trois par rapport à la décennie précédente (cf. tableau 1).

Tableau 1
Taux de croissance annuels de la population par type d'espace sur la période 1990-2007
(En %.)
1990-1999 1999-2007
Évolution
annuelle
Contribution
due au solde
naturel
Contribution
due au solde
migratoire
Évolution
annuelle
Contribution
due au solde
naturel
Contribution
due au solde
migratoire
Pôles urbains 0,3 0,6 - 0,3 0,5 0,5 - 0,1
Couronnes périurbaines 1,0 0,4 0,6 1,3 0,5 0,8
Communes multipolarisées 0,6 0,2 0,4 1,2 0,3 0,9
Espace à dominante urbaine 0,4 0,5 - 0,1 0,7 0,5 0,2
Pôles d'emploi 0,1 0,0 0,1 0,4 - 0,1 0,5
Couronnes des pôles d'emploi 0,2 0,0 0,2 0,8 0,1 0,7
Autres communes 0,2 - 0,3 0,4 0,8 - 0,2 0,9
Espace à dominante rurale 0,1 - 0,2 0,3 0,7 - 0,1 0,8
France métropolitaine 0,4 0,4 0,0 0,7 0,4 0,3
Source : INSEE, recensements de la population 1990, 1999 et 2007.
On peut estimer que près de 1 234 000 habitants de cinq ans et plus ont quitté cinq ans auparavant l'urbain au sens des aires urbaines, de 2001 à 2006 d'après les enquêtes de recensement (cf. tableau 2). Durant la même période, 925 000 habitants ont migré des espaces ruraux pour les aires urbaines dans les cinq années précédentes sur la même période. Les espaces ruraux accueillent des populations venant plutôt des grandes aires urbaines. À l'inverse, les départs, de moindre ampleur, des espaces ruraux vers les aires urbaines concernent des aires urbaines souvent plus petites. Il en résulte que ces échanges migratoires font apparaître un solde d'environ 308 000 personnes, provenant pour la moitié de l'aire urbaine de Paris.

Tableau 2
Mouvements migratoires 2001-2006 entre espace rural et les aires urbaines
(champ : population des cinq ans et plus)
AIRE URBAINE ARRIVÉES DANS LE RURAL DÉPARTS DU RURAL SOLDE
(en pourcentage) (en pourcentage) (en pourcentage)
De Paris 216 183 17,5 61 078 6,6 155 105 50,3
De 400 000 à 1 999 999 habitants 292 857 23,7 207 665 22,4 85 191 27,6
De 200 000 à 399 999 habitants 202 553 16,4 176 662 19,1 25 891 8,4
De 30 000 à 199 999 habitants 391 626 31,7 355 677 38,4 35 948 11,7
De moins de 30 000 habitants 130 425 10,6 124 123 13,4 6 302 2,0
Total 1 233 643 100,0 925 206 100,0 308 438 100,0
Source : INSEE, recensement de la population 1999 et 2006 (exploitations complémentaires).
Ces chiffres globaux masquent des mouvements d'ampleur variable sur le territoire. On retrouve souvent pour les espaces ruraux les grandes dynamiques constatées à l'échelle des régions : fortes évolutions au Sud et à l'Ouest, des zones de décroissance au nord et au centre de la France. Plus précisément, dans huit régions métropolitaines (Aquitaine, Bretagne, Corse, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Rhône-Alpes), la croissance, portée aussi bien par les espaces urbains que par les zones rurales.
UMP 13 REP_PUB Languedoc-Roussillon O